Ukraine

Milice Wagner : le nouveau visage du fascisme

Les récits des « exploits » de la milice Wagner n’en finissent pas d’alimenter la chronique. Comment ne pas voir à travers cette nouvelle hydre de la violence, qui prospère comme jamais à l’ombre de la guerre en Ukraine, le risque d’une « mafiosisation » des relations internationales ? Corruption, violence, tout en étant couverte par un Etat doté de l’arme nucléaire, et aux services secrets dénués de tout scrupule, les dérives de ce paramilitarisme fascisant ne font probablement que commencer.

 

 

En apportant à la propagande du Kremlin une toute première victoire sur le front du Donbass, à Soledar, après les revers enregistrés par l’armée régulière à Kiyv, Kharkiv et Kherson, la milice Wagner s’est hissée au sommet de la popularité au sein de l’armée russe. Les moyens déployés pour arriver à ce succès local en disent long de la nature profondément fasciste de ce groupement paramilitaire qui fait monter au front des recrues criminelles, sorties de prison où elles purgeaient de longues peines, et graciées par Poutine à condition d’aller passer six mois sur les pires fronts de la guerre en Ukraine.

Au bout de ces six mois, si elles survivent, ces recrues sont rendues à la vie civile amnistiées de toute peine, quels qu’aient été les meurtres commis.

Le Monde du 28 janvier en donne quelques exemples : Alexandre Tioutine, condamné en 2021 pour plusieurs meurtres dont sa femme et ses deux enfants, libéré en 2022 pour aller rejoindre la milice Wagner, désormais gracié et libre après six mois passés au front ; Stanislas Bogdanov, assassin d’un juge tué à coups de poings et d’haltères ; Kirill Nigril condamné pour trafic de drogue et passage à tabac de sa femme ; et des centaines d’autres du même acabit suivent le même chemin.

Leurs profils éloquents laissent imaginer la nature du groupe auquel ils participent, en Ukraine, mais aussi en Syrie, en République Centrafricaine, au Mali, au Burkina Faso, en Libye, etc.

Car leur chef, Evgeni Prigojine, monnaie ses services guerriers aux quatre coins du monde, particulièrement en Afrique et au Moyen Orient. Il négocie en contrepartie de plantureuses concessions minières en matières premières dont les revenus alimentent une logistique complète, mine d’or au Mali, puits de pétrole en Libye ou Syrie, etc. Il a inauguré en grandes pompes un siège flambant neuf à Saint Petersbourg, digne d’une multinationale, et ses apparitions médiatiques en font désormais un des personnages les plus en vue du pouvoir moscovite.

À côté de la milice Wagner, l’armée russe fait figure de pâle armée régulière. Les informations qui filtrent sur internet (exécutions sommaires de déserteurs, comportements et crimes de guerre répétés sur tous les théâtres d’opérations, avec massacres de civils documentés aussi bien en Syrie qu’au Mali ou en République centrafricaine), le palmarès de cette milice fasciste renvoie déjà aux pires souvenirs de la deuxième guerre mondiale. Une défaite de l’Ukraine en ferait une menace renforcée pour toutes les démocraties dans le monde. •

F.A.