Arrestation de Josu Ternera par la France

Ubuesque, mesquin et inacceptable

Josu Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, dit Ternera, est un militant indépendantiste arrêté le 16 mai dernier, après plus de 16 ans de cavale. Cavale qu’il avait cessé de fait, en s’impliquant dans le processus de paix en Pays Basque depuis 1989, jusqu’à la dissolution d’ETA qu’il annonçait le 3 mai 2018 sur l’antenne de la BBC. La Cour d’Appel de Paris a décidé le 19 juin dernier sa remise en liberté, jugeant sa détention incompatible avec son état de santé (atteint d’un cancer, il doit subir une intervention chirurgicale). Mais, avant même qu’il ne puisse sortir de la prison, il a été de nouveau placé en « rétention judiciaire » sur instruction du Parquet Général de Paris, à la demande de Madrid. La Fédération Région & Peuples Solidaires dénonce cette nouvelle arrestation et les entraves mis à la paix par les États français et espagnol.

 

« Josu Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, dit Ternera, quelques heures seulement après sa remise en liberté, a de nouveau été arrêté par les autorités françaises, en vue de son extradition en Espagne. Pour ses agissements au sein de l’organisation séparatiste, l’ancien leader d’Euskadi Ta Askatasuna (ETA) a déjà purgé plusieurs années de prison.

Au même titre que Gerry Adams dans le conflit nord irlandais et Nelson Mandela en Afrique du Sud qui s’étaient d’abord illustrés par l’action violente avant d’être honorés du prix Nobel de la paix, Josu Ternera doit être considéré comme un homme de dialogue et un artisan de la paix au pays basque. Après une première tentative échouée dans les années 90 de pourparlers avec l’Espagne où il représentait ETA, Josu Ternera a surtout été la voix de l’annonce de la dissolution définitive d’ETA, en 2018.

La conférence internationale de paix d’Aiete de 2011 encourageait, en cas d’arrêt définitif de toute action armée par ETA, « l’Espagne et la France à consentir à l’ouverture d’un dialogue » et conseillait « que des mesures conséquentes soient prises pour promouvoir la réconciliation, […] et tenter de soigner les plaies, au niveau des individus comme de la société. »

ETA est dissout et les armes ont été rendues.

La France et l’Espagne qui doivent faire le pas suivant ne respectent les étapes du processus de paix. L’arrestation de Josu Ternera en est un exemple.

Les plaies du conflit sont encore ouvertes et aucune solution politique pour le pays basque n’a encore été trouvée malgré la victoire démocratique des indépendantistes aux élections successives.

La stratégie de la tension empruntée de concert par l’Espagne et la France est une impasse. Seuls les chemins menant au dialogue et à la réconciliation doivent être suivis. La résolution du problème des prisonniers politiques est un élément crucial du processus de paix. Aujourd’hui âgé de 68 ans et atteint d’un cancer, Josu Ternera doit être libéré. »

 

Gustave Alirol,

Président de la Fédération R&PS

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