« Un momento di grande importanza per la vita e la storia della Corsica » hà dettu Leoluca Orlando, ch’hè statu merre di Palerma durante 30 anni. Attualmente aurodeputatu, difensore di u Mediterràniu, era l’invitatu di a Cullettività di Corsica per testimugnà di pettu à l’eletti di a sperienza cundutta in Sicilia per luttà contr’à a màffia. « È un giorno storico per la vostra lotta » hà dettu torna à i cullettivi antimaffia corsi ss’omu curagiosu chì s’hè uppostu à i maffiosi, malgratu minaccie è pressioni per ellu è a so famiglia. Ciò ch’hè statu chjamatu dopu « la primavera di Palermo » hà scambiatu a vita di i Siciliani, ancu sè a lotta ùn hè compia. Hè un esempiu per l’Auropa sana, ch’ellu prova à sparghje oghje à u livellu di u parlamentu aurupeu.
Eccu qualchi sprichju di u so messagiu à i Corsi.
Faire un pacte de langage
« Si nous sommes ici c’est parce que nous sommes convaincus que nous devons établir des relations entre nous et les citoyens. Il n’y a qu’une seule façon de construire la confiance, c’est de partager un langage. J’ai beaucoup plus de confiance en celui qui parle mon langage même d’autre parti politique, plutôt que de celui qui est dans mon camp politique mais qui ne partage pas mon langage… Il faut réunir toutes les conditions pour faire un pacte de langage de telle sorte que nous ayons des références communes face à la mafia… »
La mafia pervertit le droit à la sécurité
« La mafia pervertit le droit à la sécurité. La mafia donne une forme criminelle de sécurité… Il faut tenir compte de cette utilisation perverse qui est une fausse sécurité fondée sur la peur, les activités subalternes, sur la complicité, la négation de droits, le fatalisme, le résignation… c’est une fausse sécurité. »
Un système criminel de pouvoir
« La mafia n’est pas seulement une liste de crimes. C’est plus que ça, c’est un système criminel de pouvoir… La mafia n’est pas un plus un plus un plus un assassinat. La mafia est un système criminel qui organise les homicides. C’est bien différent… il faut se mettre d’accord sur l’utilisation du mot mafia. Je fais la différence de manière nette et claire sur la criminalité organisée et pour l’utilisation de l’objectif du mal. La criminalité normale suit les intérêts et l’impunité. La mafia ne s’en contente pas. Elle a comme logique la recherche du pouvoir. Souvent elle renonce aux intérêts économiques, elle renonce même à l’impunité, pour pouvoir prendre le pouvoir. Parce que c’est un système de pouvoir… Donc l’objectif n’est pas de supprimer le mal en soi. L’objectif est de transformer les mafias en criminalité normale et éviter qu’il n’y ait un attentat à la démocratie et au peuple. »
Adapter les règles
« La mafia est une atteinte aux droits du peuple…. Elle utilise pour s’affirmer le terrorisme et les moyens courants. Donc parfois la terreur, parfois la corruption, les échanges électoraux, la spéculation financière et immobilière. Face à la mafia, il faut mettre à niveau des changements administratifs. Dans notre législation italienne… toutes les règles pour affronter la mafia ont un bis, un ter, etc., parce que l’article originel n’est plus adapté. Ce qui est adéquat pour les bandes organisées, n’est plus adaptés pour affronter la mafia. L’article 41 qui établit des peines fermes n’est plus suffisant, et donc il va y avoir le 41 bis et on met en place des super-prisons pour la mafia… On a compris que la mafia change et donc nous devons nous adapter. On ne peut pas continuer à combattre un système de pouvoir criminel avec les règles d’un vol de poules. Les règles sont différentes parce que la criminalité est différente. »
Une perversion identitaire
« L’affrontement contre la mafia implique l’affrontement d’une perversion identitaire… sans cette perversion identitaire il n’y a pas de mafia parce que la mafia est un système culturel. C’est un peu comme la logique du nazisme allemand. Ce sont des perversions identitaires… et chaque identité est exposée au risque de la perversion. Les guerres saintes et les croisades sont une perversion de la religion. »
Une perversion des valeurs positives
« La mafia a besoin de démocratie. En dictature il n’y a pas de mafia. Parce que le chef des chefs est le dictateur… Si la démocratie s’effondre la dictature l’emporte… La mafia a besoin de pervertir la démocratie. C’est une perversion des valeurs positives. Honneur, famille, amitié, foi, ce sont des valeurs positives en soi. Que fait la mafia sur cela en Sicile ?… Elle pervertit l’honneur qui devient honte. Elle pervertit l’amitié qui devient complicité de l’homicide. Elle pervertit la famille qui devient allégeance criminelle. Elle pervertit la foi. Tous les chefs mafieux sont arrêtés avec dans les poches une image de la Madonna. Vous comprenez qu’en tant que catholique je m’en indigne !… La mafia s’alimente en pervertissant les valeurs positives. Je veux le dire ici dans une terre où est important l’indépendantisme. Prenez garde à ce qu’elle ne pervertisse l’indépendantisme parce que c’est une valeur positive. C’est la même raison pour laquelle elle pervertit la démocratie, la foi, parce qu’elles sont des valeurs positives. La mafia a besoin de pervertir les valeurs positives. »
La mafia a peur des politiques honnêtes
« Le mafieux n’est pas un serial killer. Le rêve d’un mafieux est de ne jamais être obligé de tuer… Si un mafieux ne tue pas, cela veut dire qu’il contrôle tout. Un homicide est un signe de faiblesse. Un signe qu’il y a quelque chose qui s’affronte à la mafia, de la part des institutions ou de la part bien évidemment d’autres organisations mafieuses… La mafia est une structure qui a des acolytes, des règles, une gouvernance, et un territoire. Le territoire n’est pas seulement géographique, il peut être également un intérêt… des espaces d’intérêts comme la prostitution, le trafic d’armes, le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains. Souvent ils ont les deux, le territoire géographique et un espace d’activités… ils se sont partagés les marchés mondiaux… la mafia peut avoir des intérêts économiques, des organisations de guerres, des espaces spéculatifs, elle favorise toujours des logiques non transparentes des organes financiers, administratifs, religieux… La mafia n’a pas peur des logiques politiques, elle a peur des politiques honnêtes, ceux qui suivent les règles, font la réforme des budgets et coupent les privilèges. »
La culture de vivre alternative
« Nous ne gagnons pas parce que nous avons la force du droit, nous gagnons parce que nous avons la culture de vivre alternative… Ça veut dire que même les criminels ne peuvent être condamnés à mort. Nous avons développé un mouvement contre la peine de mort… Nous organisons chaque année la gay pride d’Europe du Sud pour affirmer notre diversité… De même la charte de Palerme dit qu’il n’y a pas de migrant… parce que celui qui vit à Palerme est Parlermitano… quand vous rentrez à Palerme vous êtes condamnés à être Parlermitano. Vous comprenez comment cela donne une certaine sécurité ? Pourquoi est-ce que nous n’avons jamais eu de phénomènes de fondamentalisme et de terrorisme islamique ? Les musulmans dénoncent les islamistes parce qu’ils défendent ce qu’ils considèrent comme leur île… c’est donc important de donner un message d’ouverture parce que les gens se sentent chez eux. Moi je participe à toutes les fêtes religieuses musulmanes, indous, ébraïques, chrétiennes. Quel est le sens ? Le sens de se sentir une communauté. »
S’il vous plait, ne dites pas qu’en Corse il n’y a pas la mafia
« En Corse, il y a la mafia parce qu’elle apparaît comme un système de pouvoir. Elle pervertit la liberté, l’égalité, elle pervertit l’indépendantisme. Jusqu’à quel point ? La mafia est reliée à Marseille, à d’autres villes et d’autres mafias, jusqu’à quel point ? Elle est présente dans des structures économiques, juridiques, des structures d’église, des structures culturelles, mais jusqu’à quel point ? Est-ce qu’elle reste organisée verticalement ou bien diffusée, atomisée de manière structurelle ? Est-ce qu’elle tend à être organisée comme une structure pyramidale ou est-ce qu’elle est comme la camorra, une structure horizontale ?… Ce sont des réponses qui doivent venir de vous, mais s’il vous plait, ne dites pas qu’en Corse il n’y a pas la mafia, parce que c’est une invitation pour la mafia… La mafia va où on dit qu’elle n’est pas…. Parce qu’elle a besoin de silence et d’obscurité…. La mafia nie sa propre existence. »
Les guerres de défense sont justifiées
« Il faut introduire la confiscation des patrimoines mafieux, il faut intégrer l’utilisation sociale des biens mafieux, la protection des repentis et la prison ferme pour les mafieux. On est aux limites de l’état de droit, mais aux limites de la dictature risque de se trouver la mafia dans votre pays. Pour vous libérer de ce pouvoir, il n’y a qu’un seul instrument, se défendre. Je suis absolument contre toute guerre, mais je crois que les guerres de défense sont justifiées… une guerre dure doit donc être menée… et je pense que dévoiler la mystification des mots de la mafia est un premier pas pour la combattre. » •
