Apprendre le corse

Corsu lingua viva : Une pédagogie du plaisir, ça marche

Dans le civil, Ghjiseppu Ersa est conseiller pédagogique en langue corse. Cela pourrait lui suffire, d’autant qu’il est engagé – aussi – dans l’aventure du groupe Diana di l’Alba. Musicien et guitariste, il chante. Mais l’homme aime les challenges. Parler corse est une conviction, qu’il entend partager. Aussi, depuis cette année, il anime des cours de corse pour adultes au sein de l’association Scola corsa à Bastia. Sa pédagogie, maîtrisée, le conduit à connaître un flux grandissant d’élèves. Ils sont plus de trente en ce milieu d’année à se serrer (ce n’est pas un euphémisme) dans une salle des locaux de la CAF à Paese Novu. Les exercices de prise de parole, grammaire, dictée, quizz, chansons… (oui, on chante aussi) se succèdent pendant deux heures. Le groupe est tantôt studieux, tantôt potache, les questions fusent : ça bosse. Ce lundi, scène improbable, la “flopée” d’adultes répète à l’unisson les phrases inscrites au tableau. Le prof sonde l’harmonie des vibrations et décrypte les fausses notes. Il fait reprendre. En choeur, tout le monde s’exécute. Et, le cours devient jeu. Personne n’oserait se prendre au sérieux. Le prof a réussi à souder ses élèves qui viennent travailler y compris pendant les vacances. Nous avons cherché à en savoir plus sur cette pédagogie motivante…

 

Es-tu étonne par le succès de tes cours ?

Oui, un peu quand même…C’est la première fois que je me confronte à un grand public d’adultes débutants. Les gens auraient pu se lasser, s’en aller…

Non. C’est le contraire. Je suis étonné par la régularité, l’assiduité et la motivation qui règne au sein du groupe. C’est un gros investissement quand même : il faut venir le soir, après le boulot…

 

Pendant tes cours, il règne une certaine ferveur, ta pédagogie en est-elle l’origine ?

C’est vrai, il y a un certain enthousiasme, palpable. Je crois qu’il y a une grande part de motivation personnelle. On ne peut pas apprendre à des gens qui n’ont pas envie d’apprendre. Mais, la pédagogie tient aussi un rôle important.

 

Comment fais-tu pour séduire cet auditoire?

Je cherche à rendre mes cours le plus dynamique possible. Je rythme la séance par de multiples sous séances. Toutes les 20, 30 minutes je change de thème, d’activité, de support pédagogique. Je varie, le plus possible, les situations d’apprentissage.

Il faut faire un va-et-vient entre l’écoute, la répétition, la production en essayant d’avoir un but communicatif.

À chaque fois que c’est possible j’essaie de relier la langue à une situation de la vie quotidienne.

Je ne peux pas imaginer rester deux heures sur le même texte, en espérant que les personnes restent attentives.

 

Tu finis ton cours en chantant. Est-ce autre chose qu’un moment de plaisir ?

Ce moment de plaisir présente un intérêt pédagogique. Il permet d’aborder la phonologie de la langue, sa musicalité… d’apprendre du vocabulaire. Et puis le groupe, cela donne confiance. On ose !

 

Comment fais-tu pour que personne ne décroche?

J’essaie de mettre tout le monde dans une situation de réussite. Il faut que personne ne soit laissé de côté. Des liens se créent entre participants, qui permettent de garder cet intérêt, cet enthousiasme, pour la langue. J’espère bientôt organiser une sortie nature.

 

Pendant tes cours, les participants répètent ensemble à voix haute. Cela peut sembler infantilisant cette manière de seriner…

J’ai hésité à employer cette méthode qui, finalement, permet d’asseoir une participation active. Il n’est pas évident de faire parler tout le monde quand nous sommes trente. Le pari était de savoir si les gens allaient répéter. Et bien oui, tout le monde répète. C’est presque un jeu. Et puis cela peut permettre aux gens de prendre confiance, de parler devant les autres. Cela n’occulte pas le besoin d’une répétition individuelle.

 

Pendant ton cours, on se lève pour chanter…

Le fait de se lever… permet d’avoir d’autres postures. Il faudrait d’ailleurs, si la salle le permettait, se mettre en situation physique de communication et ne pas passer deux heures assis derrière sa table.

 

Tu donnes une grande place au jeu…

Le jeu, même pour des adultes, peut contribuer à la motivation. Je varie les outils : quizz, affichettes, on peut jouer avec ou sans smartphone. Je me sers souvent du jeu pour réinvestir ce qu’on a fait dans la séance précédente.

 

Tu donnes priorité à l’oral ?

Oui, mais je n’oublie pas l’écrit qui a un rôle de réactivation particulièrement important chez les adultes. Nous faisons des dictées par exemple.

 

Cela demande beaucoup de préparation…

Il s’agit surtout d’une réflexion préalable pour construire une progression cohérente pour l’année entière.

 

Chaque semaine, après le cours, tu envoies tous les supports à tes élèves.

Cela fait partie de ma stratégie. Car, il faut un investissement personnel de chacun pendant la semaine. C’est pourquoi j’envoie aussi des supports sonores, que j’enregistre. Et puis, c’est aussi une manière de respecter les absents.

 

Quels sont tes objectifs de fin d’année ?

Après 70 heures de cours -un an- un débutant découvre la langue, ses sonorités, ses aspects culturels. Il doit pouvoir produire des phrases sur des thèmes de la vie quotidienne ; et comprendre les échanges de la vie courante. C’est déjà beaucoup. Pensez : une formation linguistique du niveau terminal demande 900 heures.

 

Comment vois-tu la deuxième année ?

Un niveau intermédiaire devra donner priorité à l’échange : proposer des situations de théâtralisation, de prises de parole, destinées à débloquer les acquis.

Pour cette seconde étape, un labo de langue serait important afin d’entrer dans l’interaction réelle. Sans cet environnement, la langue peut rester une suite de mots. Nous travaillons à ce qu’il n’en soit pas ainsi.

 

Recueilli par Moune Poli

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