Par François Joseph Negroni
Dans la rue ? À la maison ? Jusqu’où l’État ira-t-il pour interdire de parler Corse ? La cour administrative d’appel vient d’interdire l’usage de la langue Corse lors des débats de l’Assemblée de Corse. En d’autres termes, l’antre de la démocratie Corse, garante des intérêts de son peuple, se voit privée de sa langue maternelle. Au nom de quoi ?
Depuis 60 ans, la France mène une politique acharnée qui entraîne inéluctablement l’effacement progressif de l’assimilation des Corses à leurs racines : leur langue, leur histoire, leur culture disparaissent lentement.
Nous le savons, la société actuelle est dépourvue d’un socle solide permettant aux enfants de devenir bilingues dès le foyer familial. Le nombre de locuteurs chute vertigineusement. Il devient rare d’entendre une conversation en Corse entre des jeunes attablés au café du coin. Ce phénomène est le résultat d’une politique d’asservissement du peuple Corse, combinée à une répression constante de la question Corse.
À cela s’ajoute une politique de remplacement démographique : chaque année, plus de cinq mille personnes s’installent en Corse, soit cent mille personnes extérieures à l’île en une génération de vingt ans. Le coup de grâce est porté. Et comme si cela ne suffisait pas, l’État persiste, censurant même le règlement intérieur de l’Assemblée de Corse pour interdire l’usage du Corse durant ses sessions.
Ce qu’il faut expliquer, sereinement et pacifiquement, à cet État qui ferait mieux de réfléchir à l’autonomie de la Corse et à la décentralisation de ses pouvoirs au vu de sa gestion, c’est que nous ne mourrons pas. Nous ne lâcherons pas. Nous ne partirons pas.
Dans cet esprit, il est urgent de trouver une solution apaisée : promouvoir l’enseignement du corse, soutenir le déploiement des écoles immersives et, surtout, reconnaître la coofficialité de la langue. Rinascerà, a lingua materna.
È cusì sia. •