Lingua

« La langue fait partie localement du patrimoine identitaire ; sur un plan mondial elle est – à travers sa diversité, riche et féconde – le témoignage de la vitalité et aussi du droit des peuples à vivre leur culture. Peut-on concevoir un monde avec quelques langues seulement ? Et deux ou trois économies dominantes ? Invivable… » (Interview à Alternatives Non Violences en 2014). Edmond Simeoni était un fervent défenseur de la langue corse. Durant son parcours militant, il a souvent animé des actions, parfois même des collectifs, en faveur de la défense de la langue corse. Jusqu’au terme de sa vie, il est resté attentif et solidaire avec tous les combats associatifs et militants pour la sauvegarde de notre langue. Le 7 octobre 2018, il s’exprimait à nouveau sur le sujet en tant que président de Corsica Diaspora cette fois. Extraits.

 

«Depuis la défaite de Ponte Novu, en 1769, la tutelle française a déraciné systématiquement, la langue et la culture corses et a imposé à l’île une francisation forcenée.

Elle sait que la langue est un élément structurant majeur du peuple corse et de la « nation corse » ; par sa politique, tantôt conjoncturelle (la guerre de 14/18 qui a saigné notre jeunesse et vidé nos campagnes), mais aussi le plus souvent réfléchie et organisée. Cette politique a laissé l’île très appauvrie sur ce plan en 1950, comme sur le plan économique d’ailleurs, avec une ruralité en voie de désertification.

La loi Deixonne de 1951 a selon Wikipédia : « Initiée par Maurice Deixonne, la loi autorisa l’enseignement facultatif de certaines langues régionales : le basque, le breton, le catalan et l’occitan. Le corse fut écarté car il était soutenu que c’était un dialecte italien. L’alsacien fut de même non prévu dans ce régime d’autorisation. »

Le prétexte est fumeux et il a fallu des décennies de lutte pour arracher un statut mineur de la langue corse dont chacun sait qu’il est insuffisant.

Cette discrimination n’a pas suffi à l’État ; il a par la suite mené une guerre des tranchée pour gagner du temps et faire semblant de progresser ; mais les masques tombent : la discontinuité dans les différents enseignements, l’insuffisance numérique des maîtres, les programmes volontairement mal organisés ont été complétés récemment par la carence concernant l’agrégation de la langue corse.

À telle enseigne qu’on se demande, après 250 ans de colonisation, comment notre peuple a conservé suffisamment de ressources, pour sauver le peuple et la langue corses ? Macron, avec une régularité de métronome refuse toute avancée politique significative sur le dossier insulaire :

Inscription retardée dans la Constitution
Refus de la coofficialité et du statut de résident
Refus totale de la moindre parcelle d’autonomie réelle.
Mais le dossier de la langue corse, nous fournit une illustration parfaite de l’État de nous dépouiller de cette composante majeure de notre personnalité. »