A nostra lingua more

Ma ùn pienghjemu micca

«Sè u tìtulu di issu libracciolu hè stampatu à l’arritrosa, ùn vi scunfinite micca à circà u sbagliu. U sbagliu hè in lu cutidianu. U sbagliu hè in lu mondu chì ghjè u nostru. U sbagliu hè quellu di u nostru mondu à l’arritrosa. U sbagliu è u disòrdine sò quelli di a nostra sucetà à l’arritrosa » … cusì dice Ghjuvan’Francescu Bernardini chì manda una chjama à e nostre cuscenze, da pruvà à sviglià rivolta.. « U moi dulore u più grande hè chè lu mi ci vole à publicà ssu libru prima è solu in francese, per avà, da esse lettu è spartutu » dice torna u pueta canterinu, militente di a nostra lingua è di a nostra cultura. « Hè dinù u sìmbulu di a tragedia culturale chè no campemu. In lu chjerchju di e lingue vive, femu inseme ch’ella trovi a so piazza a nostra lingua ferita. » È dopu, l’autore ci parla in francese, ripigliendu un scrittu ch’ellu hà lettu à i zitelli di u liceu di u Fangu in Bastia, à l’invitu di u Rettore di Corsica.

 

Un livret témoignage devant notre jeunesse :

dernier recours ou presque pour toucher, sensibiliser à la situation de danger de notre langue. « Je ne suis ni chercheur, ni socio-linguiste, ni censeur, ni donneur de leçons. Ni même en charge officielle de la langue corse. Je constate, j’écoute, j’observe tous les jours les réalités de la langue corse ». Et ce constat, tout le monde peut le faire. Tout le monde d’ailleurs le fait. Mais que faisons-nous ensuite pour changer les choses ? « Le propre des langues qui souffrent ou disparaissent c’est qu’elles le font en silence, et sans véritable symptôme apparent.

Nous avions un fleure et de multiples ruisseaux, et aujourd’hui nous nous retrouvons avec seulement une pompe à eau » se désole encore le chanteur qui alerte :

« En perdant la chance d’un bilinguisme précoce, nous sommes menacés de nous perdre ».

Et de raconter cette anecdote d’une fillette de 11 ans qui lui répond, lorsque le chanteur incitait son grand-père à lui parler corse : « Ah non, pas en corse ! »

Quelle défaite, quel « coup de poignard » pour Jean François Bernardini qui s’interroge « D’où vient cette souffrance-là ? »…

« Que nous apprennent ceux qui ne parlent pas ? » Cette introspection s’adresse à toute notre société de manière collective, mais aussi et peut-être surtout à chacun d’entre nous de manière individuelle.

Qu’a-t-il donc bien pu se passer, ou plutôt ne pas se passer, pour que l’on en vienne à vivre notre langue comme une « langue étrangère » ? Jean François Bernardini se penche sur le constat, et cherche à en décortiquer les méandres. « Le cadeau de la langue n’est plus sur la table, offert à tous » dit-il. « On se coupe les mains au sein d’une communauté. On ne se donne plus la main culturellement, linguistiquement, la langue disparaît à l’intérieur de nous, de soi ». Il analyse ce qui nous manque selon lui, ce « code relationnel » et l’on retrouve là l’intimité du lien entre langue et peuple, entre langue et rapports humains.

Le « cadeau » de la transmission nous est enlevé, le cordon ombilical de l’apprentissage. Et avec cette perte, toutes les dérives qui vont avec, la remise en cause du droit à la langue, la délégation à l’école pour la maintenir en vie, comme si elle pouvait porter toute la charge de ce que nous sommes ! Alors qu’il suffit seulement de transmettre « le cadeau », de la parler ensemble et surtout aux jeunes. Et le chanteur de s’interroger sur notre volonté collective, sur le vivre ensemble la langue, sur les liens qu’elle tisse, ou les liens à tisser pour elle.

« Comment déclencher des tempêtes d’enthousiasme pour la langue corse ? Comment activer les centres émotionnels des apprenants, des apprenantes ? », « Comment réenchanter aujourd’hui la transmission du corse ? » Nourrir, structurer, dit encore le militant de la cause d’un peuple en lutte pour sa survie.

 

Redécouvrir la lecture, épouser aussi les moyens modernes, les outils pédagogiques, le numérique. Au passage il salue les « faiseurs de miracle », associations, forces vives, « passeurs d’enthousiasme et de compétences » … Sortir du symbolisme aussi du « sò quì », «On est où ici ? Induve simu quì ? » … « Ensemble sur une terre capable de construire son avenir culturel et citoyen. Inseme, nantu à una terra capace di custruì u so avvene culturale è umanu ».

 

À lire et à méditer.

Fabiana Giovannini.

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