Samedi 30 novembre à Paris

Mobilisation générale pour que vivent nos langues

À l’initiative de François Alfonsi, député européen, auteur d’un rapport sur les langues menacées de disparition, adopté à une large majorité par le Parlement européen, et de Paul Molac, député du Morbihan, Président du groupe d’études Langues et cultures régionales à l’Assemblée nationale, les associations de défense des langues régionales, et notamment de l’enseignement immersif, lancent un appel à la mobilisation générale « pour que vivent nos langues ». Tous se retrouveront à Paris, le 30 novembre prochain, devant le ministère de l’Éducation nationale, pour protester contre la « politique linguicide » du gouvernement et de son ministre Jean Michel Blanquer. Eccu ssa chjama. Sparghjìtela. Tutti in Parigi, da ch’elle càmpinu e nostre lingue !

 

« Nos langues, ce sont l’occitanlangue d’oc, le basque, le breton, le catalan, le corse, le flamand occidental, l’allemand standard et dialectal alsacien et mosellan, le savoyard (arpitan-francoprovençal), les langues d’Oïl, les créoles et les langues autochtones des territoires des Outre-Mer. Toutes résistent en France pour ne pas disparaître car elles figurent toutes à l’inventaire des « langues menacées de disparition » établi par l’Unesco. Malgré l’élan mondial pour que biodiversité naturelle et biodiversité culturelle soient enfin considérées et préservées, malgré les textes internationaux qui régissent les droits de l’Homme et les droits des peuples, l’État français, en dépit de multiples condamnations par l’ONU, continue son oeuvre de destruction du patrimoine immatériel millénaire que sont nos langues et nos cultures.

 

Au point de faiblesse qu’elles ont atteint, c’est leur survie dont il est question. Les populations concernées sont attachées à la sauvegarde du patrimoine linguistique et culturel de leurs territoires. Cependant les efforts de nombreux militants, parents d’élèves et enseignants de l’enseignement public, de l’enseignement associatif et de l’enseignement catholique ainsi que des élus et bénévoles qui forment un réseau dense et actif, ne peuvent suffire face à la mauvaise volonté de l’État. Il n’existe en France aucune volonté réelle, derrière des apparences et des discours convenus, de la part des pouvoirs politiques qui se succèdent à la tête de l’État, de mettre en place de véritables politiques linguistiques efficaces.

La situation de l’enseignement, vecteur essentiel de la transmission et de la vitalité de nos langues est emblématique de cette mauvaise volonté. La loi dispose que « les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé… ». Nous constatons que non seulement cette loi et les conventions signées par l’État ne sont pas espectées, mais que les différentes formes d’enseignement (optionnelle, bilingue et immersive) sont mises à mal par la politique de l’actuel ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.

Encore plus que celle de ses prédécesseurs, sa politique conduit à accélérer le déclin de nos langues comme le montrent sa récente réforme du baccalauréat, et ses déclarations au Sénat le 21 mai dernier contre l’enseignement par immersion. Les attaques contre l’enseignement de nos langues sont nombreuses.

 

La réforme des enseignements en lycée et de l’organisation du baccalauréat a des conséquences terribles pour toutes les filières de langues régionales, comme le prouvent les remontées de terrain montrant une chute dramatique des effectifs d’élèves inscrits en langues régionales.

Le discours officiel, ministre et recteurs en tête, présente cette réforme comme une « avancée » qui « conforte » et « valorise » ces langues et leur enseignement. En réalité, elle les fragilise et les dévalorise, elle les prive de toute attractivité par la suppression de possibilités, par la mise en concurrence et par le jeu de coefficients ridicules pour la forme d’enseignement la plus répandue. Les chutes d’effectifs atteignent jusque 70% dans certaines classes de lycée! C’est le règne du double langage qui continue au sein du ministère de l’Éducation nationale, d’autant plus que les moyens financiers et humains     sont toujours aussi insuffisants pour répondre aux besoins, particulièrement sur certains territoires.

Nous déplorons le refus de toute nouvelle mesure significative en faveur de nos langues dans la loi « Pour une école de la confiance » malgré la nécessité d’élargir l’offre d’enseignement de nos langues et les propositions pertinentes de députés et sénateurs.

 

L’enseignement immersif est d’usage courant en Europe et dans le Monde pour la sauvegarde de langues menacées par une langue dominante: pour le français au Québec (vis-à-vis de l’anglais), pour le basque ou le catalan en Espagne (vis-àvis du castillan), pour le gallois en Grande Bretagne (vis-à-vis de l’anglais), pour l’allemand en Belgique germanophone, etc.

Il s’agit d’une pratique reconnue pour l’enseignement de nos langues en France, depuis de nombreuses années dans le secteur de l’enseignement associatif, avec des expérimentations prometteuses dans l’enseignement public, pour le catalan, en Corse et au Pays basque. Alors que l’urgence devrait être de permettre d’étendre ces méthodes immersives efficaces pour M. Jean-Michel Blanquer devant le Sénat, tout cela doit disparaître!

Or, ce qui est en jeu, c’est l’existence même du patrimoine culturel que nous portons, en Corse, en Bretagne, en Alsace et Moselle, en Catalogne, en Flandre, en Savoie, au Pays basque, dans l’ensemble occitan et dans bien d’autres régions françaises attachées à leurs particularités culturelles et linguistiques.

 

Nous nous sommes rassemblés pour que, au Parlement Européen, à l’Assemblée nationale et au Sénat, dans les Collectivités, villes et villages de nos territoires qui portent la diversité culturelle de la France et de l’Europe, un large mouvement de protestation indignée et combative se lève pour arrêter ces politiques linguicides et pour que soient enfin décidées des politiques linguistiques porteuses d’espoir pour l’avenir à l’image de ce qui se fait au Québec, au Pays de Galles ou encore dans la communauté autonome du Pays basque.

Zifrate a petizione https://bit.ly/2ouLt5S

 

Inscrivez-vous auprès des organisations signataires ou à l’adresse :

pour.que.vivent.nos.langues@gmail.com

POUR QUE VIVENT NOS LANGUES avec le collectif Pour que vivent nos langues

RASSEMBLEMENT SAMEDI 30 NOVEMBRE À 11 H

DEVANT LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE

Premiers Signataires : Aliance Culturèla Arpitana. Association des Enseignants de Savoyard / Francoprovençal. Association des Parents d’élèves de l’Enseignement Public en Alsace (APEPA). Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc Provence-Alpes-Côte d’Azur (AELOC). Association pour le bilinguisme français-occitan dans l’enseignement public (ÒC-BI). Association des Professeurs de Langue Bretonne dans l’enseignement public en Île de France (APLB KBDP). Associu di l’Insignanti di/in Lingua è Cultura Corsa. Bressola. Centre Régional des Enseignants d’Occitan (CREO/FELCO) de l’académie de Toulouse. Centre Régional des Enseignants d’Occitan (CREO/FELCO) Lengadòc. Confederacion Calandreta. Congrès permanent de la langue occitane. Conseil International du Francoprovençal; Div yezh Breizh. Diwan. European language Equality Network (ELEN) – Réseau Européen pour l’Égalité des Langues. Eltern Alsace, Association des parents d’élèves de l’enseignement bilingue. Eskolim, Fédération des réseaux d’écoles associatives laïques immersives Esquiròt. Euskal Konfederazioa. Fédération Alsace bilingue – Verband zweisprachiges Elsass; Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (FELCO). Fédération pour les langues régionales dans l’enseignement public (FLAREP). Felibrige. Fonds International pour la Langue Alsacienne. Forum d’Oc. K.L.T. (Kerne – Leon – Treger), fédération des associations bretonnes du Pays de Morlaix. Institut d’Estudis Occitans. Kelennomp. Kevre Breizh, Coordination des associations culturelles de Bretagne. Mission Bretonne d’Île de France – Ti Ar Vretoned. Parlemu Corsu. Praticalingua.Seaska. Parlementaires : François Alfonsi, député européen, auteur du Rapport sur les langues menacées de disparition et la diversité linguistique au sein de l’Union Européenne. Paul Molac, député du Morbihan, Président du groupe d’études Langues et Cultures Régionales à l’Assemblée Nationale.