Le décès du Père Jean Pierre Bonnafoux à l’âge de 84 ans est une bien triste nouvelle.
Très connu en Corse pour les missions qu’il a accomplies comme supérieur du couvent de Vicu, dans les années 80, au sein de la congrégation des Oblats de Marie Immaculée, puis comme aumônier de la communauté universitaire de Corti dans les années 90, ce natif de Sari d’Orcinu, issu d’une famille ajaccienne renommée, avait connu la guerre d’Algérie.
À son retour, il a fait le choix de devenir un « prêtre ouvrier » en travaillant sur les chantiers du bâtiment à Marseille au sein des entreprises les plus importantes, à Fos sur Mer et pour la construction du métro. Syndiqué à la CFDT, il y a joué un rôle important en menant de multiples combats pour endiguer le fléau des accidents du travail qui étaient à l’époque très nombreux dans cette profession.
Sa volonté de venir en Corse s’est concrétisée au couvent de Vicu à la fin des années 70 quand il a pris la charge de supérieur de la congrégation des Oblats de Marie qui l’occupe. Ce monument magnifique est un emblème pour toute la région des Dui Sorru, et, depuis ce lieu symbolique, Jean Pierre a proposé un message de fraternité, de partage et d’ouverture à tous. Il a reçu en retour la participation bénévole de très nombreuses personnes issues des différents villages. Ainsi fut construite, dans une « operata » mémorable, la salle du père Albinu qui accueille depuis de nombreuses manifestations culturelles. La confrérie a pu renaître, les Restos du Cœur et une importante activité caritative s’y sont regroupés, le festival de musique classique Sorru in Mùsica, y a pris ses quartiers durant plus de deux décennies : personne dans le Vicolais n’a oublié tout ce que sa clairvoyance et son engagement ont permis de réaliser.
Son rayonnement sur la société corse fait qu’il avait été proposé par le Pape Jean Paul II pour devenir évêque de Corse. Il en a été empêché par Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur et des Cultes.
Avec Gaston Pietri et François Pernin, Jean Pierre Bonnafoux a eu à cœur de mobiliser la force de réflexion et de paix de l’Église en Corse en animant un groupe de travail assidu. Et comme aumônier de l’Université de Corse, dans les moments très durs des affrontements entre nationalistes, il a écouté et conseillé bien des militants qui recherchaient alors le sens des valeurs.
L’émotion de sa disparition, après plusieurs années durant lesquelles la maladie l’a beaucoup éprouvé, est très grande. C’est une grande âme qui nous a quitté.
Ch’ellu riposi in Pace in ssu campu santu di u cunventu di Vicu, à fianc’à l’altri Frati. In a Pace di u Signore. •