Éric Dupond Moretti, avocat de nombreux prisonniers politiques corses, dont Yvan Colonna, est le nouveau Garde des Sceaux. D’aucuns y ont vu là un signe de tiédissement, à défaut de réchauffement de la part de Paris. En tous les cas, le Collectif Patriotti a immédiatement tenu une conférence de presse à Bastia pour interpeller le nouveau ministre sur la répression qui continue de peser contre les détenus corses. Patriotti demande à être reçu par Maître Dupond Moretti.
13.500 détenus dans les prisons françaises ont bénéficié de mises en liberté pour réduire les risques de contamination au Covid19 en prison, et alléger la surpopulation carcérale. Parmi eux, des détenus dits « radicalisés » ou « djihadistes ». Les nationalistes corses en ont été exclus. S’il manquait encore une preuve de la discrimination permanente dont ils sont victimes, elle est apportée dans ce traitement scandaleux. « La répression – quelle que soit son intensité – reste la marque persistante du gouvernement français qui décidément se refuse de considérer la Corse sous l’angle d’une Solution Politique. Malgré la légitimité historique des revendications exprimées par le Mouvement National, cette insistance dans le mépris rappelle qu’en dehors de la mise en place de véritables négociations, l’impasse prévaut comme schéma d’avenir. » C’est le constat amer du Collectif Patriotti contre la répression, qui dénonce le maintien « d’une pression ciblée – policière, judiciaire et administrative – sur les militants et sympathisants ».
À cela s’ajoute la suppression par le ministère de la justice « des droits de la défense, du droit à un avocat… le maintien en détention de plusieurs milliers de personne sur décision administrative », la privation d’un certain nombre de mesures comme les visites familiales, les activités internes nécessaires, la faiblesse voire l’absence d’accès à des moyens de précaution et de soins adéquats en cas de contamination…
Dans ce contexte, « le sort des prisonniers politiques corses a bien sur totalement été écarté de toute prise en considération » se désole Patriotti. Rien n’y a fait, ni l’arrêt de la lutte armée, ni les victoires électorales successives, ni le fait que le Mouvement National soit depuis 5 ans première force politique de l’île, ni les appels incessants à l’apaisement.
« Le rôle – accru – du système préfectoral et administratif s’opposant quotidiennement aux aspirations et initiatives d’auto-responsabilisation conformes aux intérêts collectifs corses le démontre. Cette opposition systématique ayant aussi comme corollaire le renforcement de la dépossession foncière et de la spéculation immobilière, le durcissement de la colonisation de peuplement, la continuité d’une répression multi-formes et sélective. » Patriotti dénonce les prélèvements financiers, les amendes, les inscriptions aux différents fichiers nationaux pour réduire les libertés des anciens détenus (Fijet, Finiada, Fnaeg…), les pressions sur leurs entreprises…
« C’est dans ce climat qu’est survenu – de nouveau – l’assassinat d’un jeune patriote à Carghjesi », n’oublie pas Patriotti qui appelle tout le nationalisme à « un repositionnement stratégique » avec « une redéfinition présentielle offensive, complémentaire et liée, dans le respect politique et philosophique de chaque organisation, des espaces institutionnels et de masse. »
Pour Patriotti, « la lutte anti répressive ne pourra obtenir des avancées significatives que si elle s’inscrit dans une dynamique réfléchie et organisée » et participe « aux conditions d’une véritable Solution Politique dont l’axe majeur repose sur la reconnaissance des droits de notre peuple parmi lesquels celui de choisir librement son destin. »