Kanaky

Un appel à l’ouverture d’un véritable dialogue

Une tribune a été rendue publique pour demander la libération des militants kanak emprisonné∙es en Nouvelle Calédonie et pour certains incarcérés en France, à 17.000 km de chez eux, de leurs familles et de leurs avocats. Elle est signée par de nombreux syndicats, associations, et par plus de 140 personnalités dont José Bové et François Alfonsi, ex-parlementaires européens, et aussi des écrivains (Patrick Chamoiseau, Annie Erneaux, Etienne Balibar…) et de nombreux universitaires.
En voici les principaux extraits.

 

 

La Kanaky/Nouvelle Calédonie n’est pas un territoire français

Colonisé en 1853 par la France, l’archipel de Kanaky / Nouvelle-Calédonie est, depuis fin 1986, réinscrit sur la liste des territoires à décoloniser établie par l’ONU. C’est un « territoire non-autonome », selon l’article 73 de la Charte des Nations unies. L’ONU reconnaît le droit à l’autodétermination « interne » au peuple Kanak de Nouvelle-Calédonie, en tant que population autochtone bénéficiant d’une protection juridique particulière. Le territoire relève du droit international et est « sous responsabilité française ». La France n’est que puissance administrante et doit rendre des comptes à l’ONU jusqu’à l’aboutissement du processus de décolonisation.

Le processus de décolonisation s’est traduit par différents accords suite à la période sanglante des années 80, dont le dernier, l’accord de Nouméa, dans lequel le FLNKS (Front de Libération National Kanak et Socialiste) est une des parties, devait mener au bout de trois référendums à l’autodétermination et à l’indépendance.

 

Un référendum volé

De fait, contre les attentes du gouvernement et des anti-indépendantistes, lors du deuxième référendum en 2020, l’indépendance ne s’est jouée qu’à 9.000 voix. L’État français a pris peur et a imposé le troisième référendum du 12 décembre 2021 en pleine pandémie de Covid, et cela malgré la demande unanime de report de l’ensemble des courants indépendantistes. Ils ont donc appelé à la non-participation, très largement suivie. Le peuple Kanak ne s’est donc pas exprimé « dans le respect de sa volonté libre et authentique ».

 

Loi sur le dégel du corps électoral : la goutte d’eau de trop

L’État français, a fait reporter les élections provinciales avec une première loi organique, pour pouvoir imposer le dégel du corps électoral et faire entrer près de 25.000 nouveaux électeurs, principalement métropolitains.

Le passage en force de cette loi a fait monter les tensions dans le pays.

 

Répression coloniale et milices racistes

L’archipel a été militarisé avec l’arrivée de milliers de gendarmes, dont le GIGN, en plus des 4.000 militaires déjà présents. Des milices racistes et armées agissent en toute impunité en tirant sur des manifestants indépendantistes, assassinant des jeunes Kanaks et occasionnant de nombreux blessés.

Ces morts s’apparentent à des exécutions extrajudiciaires. La fin des milices, leur désarmement et une enquête de l’ONU sont une nécessité.

La suspension de la loi sur le dégel du corps électoral, imposée par le soulèvement de la jeunesse Kanak et la dissolution de l’Assemblée nationale n’est qu’une étape : il faut l’abroger.

Les 11 dirigeant∙es de la CCAT ont été mis en examen (…). Cinq d’entre eux sont déportés en France et placés à l’isolement. Deux militantes après avoir été emprisonnées sont aujourd’hui assignées à résidence en France loin de leurs familles et enfants.

Nous demandons de prendre position pour la libération immédiate des militants arrêtés, et de s’engager à soutenir l’ouverture d’un véritable dialogue pour un accès garanti à l’indépendance qui seul peut faire revenir la paix. •