Calacuccia

A bella vittoria di a lista di Matteu Acquaviva

300 habitants, 579 inscrits, 549 votants, une abstention, et, au bout du suspense de toute une nuit, 10 voix d’avance pour la liste emmenée par Matteu Acquaviva qui a élu dix conseillers sur les onze qui formeront le prochain conseil municipal de la commune. Le second tour à venir ne sera plus qu’une formalité pour le compléter.

 

La veille du scrutin, les recours avaient conduit à la radiation de 18 personnes non valablement inscrites sur la liste électorale de la commune. Le tribunal a ainsi examiné 75 recours, portant sur 15 % des inscrits. Cette dernière joute judiciaire témoigne de l’âpreté du combat politique qui a opposé les tenants du maire sortant, pilier de la droite municipale claniste de Haute-Corse, et l’équipe formée contre lui par Mathieu et ses colistiers, qui représentent les forces vives du village.

Cette opposition politique vient de loin, et Matteu, depuis son commerce qui est le véritable lieu de vie du village et de toute la pieve di u Niolu, l’a menée avec ardeur et détermination, sans jamais se départir du respect dû à tous. Mais le constat était évident dans ce village clef de l’intérieur, de l’immobilisme de la classe politique traditionnelle et de sa capacité mortifère à entraver toute volonté de développement.

À Calacuccia, est intervenue la sanction rendue enfin possible grâce à une opposition combative, de tout un système : listes électorales gonflées, infrastructures défaillantes, forces vives mises à l’écart, et déclin inexorable d’un bourg-centre qui a pourtant un potentiel économique et humain évident.

 

Il y a un an, le sortant Jeanjean Castellani avait gagné l’élection de six voix à peine en moyenne, avec tout le savoir-faire d’un clanisme qui remontait à plusieurs générations avant lui. Sa réélection a été cassée devant les juridictions, amenant la mise en place d’une délégation spéciale nommée par le préfet, qui a expédié les affaires courantes une fois qu’a été prise la décision finale d’annulation par le Conseil d’État. C’est sous l’égide de ces fonctionnaires que les élections ont été organisées, si bien que nul ne peut en contester désormais la validité.

Pour l’ancien canton du Niolu, lieu emblématique de l’intérieur au pied du Monte Cintu et de Paglia Orba, terre de résistance tout au long de l’Histoire de la Corse, cette élection est un tournant politique majeur. Mathieu, qui sait ce que le dynamisme veut dire, lui qui a porté à force de travail nombre d’activités dans le village, et tous ses compagnons dont l’unité a résisté à toutes les difficultés, ont passé l’épreuve de l’affrontement électoral sans se décourager, ni céder à la tentation toujours possible de répondre aux provocations des abus de pouvoir qui sont le logiciel même du clanisme. Aussi on peut compter sur eux pour instaurer une vie démocratique réelle qui aura vite fait de convaincre tutti i Calacucciesi que leur village est désormais passé à une autre époque, et qu’il lui faut s’unir pour construire son avenir et sortir de son engourdissement séculaire.

Le Niolu et la Corse n’en seront que mieux armés pour relancer leur projet de développement. À Calacuccia, ce n’est pas simplement une victoire d’une opposition progressiste sur des sortants réactionnaires. C’est une victoire sur nous-mêmes, sur le clanisme, et sur l’acceptation résignée du déclin de l’intérieur.

À ringraziatti o Mattè, à ringraziavvi tutti, per sta vittoria.

Evviva u Niolu ! Evviva a Corsica ! •

F.A