I messaghji d'Edmond Simeoni

Autunumìa ! (II)

Poursuite des extraits du discours de Cateraghju VII, congrès de l’ARC du 19 août 1973. Après avoir rappelé les fondamentaux et annoncé la transformation du parti en « Azzione pè a Rinascita di a Corsica », Edimondu Simeoni détaillait la revendication de l’ARC pour l’autonomie de la Corse. « L’autonomie ne sera pas octroyée : elle sera arrachée » disait-il conscient du difficile combat, et prônant une organisation structurée…

 

« Nous serions prêts, à la limite, à renoncer à la revendication d’autonomie si l’État français acceptait demain :

a) le droit à la vie du Peuple Corse

b) la renonciation immédiate du Plan d’Aménagement de la Corse et le remplacement de celui-ci par une « Charte de Développement », conçue par tous les Corses élus, Partis politiques, forces syndicales, forces socio-professionnelles, forces culturelles, mouvements autonomistes, exécutée par les Corses et au bénéfice prioritaire des Corses.

c) l’implantation immédiate de l’Université de Corse après une large concertation de tous les intéressés,

d) la reconnaissance officielle (avec les moyens qui y affèrent) de la langue corse devenue enfin majeure,

e) une « Loi de Retour » (avec les mesures administratives et financières) pour les Corses exilés qui voudraient rentrer chez eux,

f) l’assainissement de la vie publique, en particulier, par la mise en place concomitante d’une Réforme administrative interne à la Corse et de la disparition de la fraude électorale.

Par contre, si l’État français poursuit sa politique néfaste, rien ne prouve que demain, au terme d’une lutte plus ou moins violente, notre revendication n’aille bien au-delà de nos propositions actuelles.

(…) L’autonomie politique n’est rien sans un programme mais il ne m’appartient pas aujourd’hui de le développer. Nos économistes font ce travail.

En matière de planification, il faut démystifier deux erreurs volontairement colportées :

– la Corse est pauvre, c’est absolument faux, la Corse est riche, et surtout riche de potentialités.
– le deuxième mensonge : la Corse est assistée, c’était fort commode. C’est la raison pour laquelle nous comprenons mieux désormais pourquoi il n’y a pas de comptabilité économique régionale ; en effet, pour la Corse, l’État français encaisse par an 6 milliards d’anciens francs, sans parler de la TVA, des droits indirects, de toutes les régies, les forêts domaniales, et j’en passe.

(…) L’autonomie comment l’obtenir ? Et comment l’obtenir vite ? Car il y a extrême urgence : le délai qui nous est imparti pour la mobilisation civique est très court, car l’aliénation totale et la décorsisation avancent à pas de géant et nous aurons, sous peu, atteint un seuil sans retour. Il nous faut être sans illusion car, si le chemin parcouru est important comme en atteste la prise de conscience du peuple corse et l’intérêt de la grande presse pour nos problèmes, le chemin à parcourir est encore très ardu et semé d’embûches.

L’autonomie ne sera pas octroyée : elle sera arrachée, eu égard à l’incompatibilité des intérêts en présence et à l’importance de l’enjeu :

  1. D’un côté l’État français sourd, aveugle et ses complices locaux ; il a des intérêts stratégiques et économiques importants ; il a des moyens (presse, banques, moyens de pression de toutes sortes). L’État français est condamné à réprimer.
  1. De l’autre côté le peuple corse décillé, attentif et qui veut à tout prix assurer sa survie menacée. Le peuple corse est condamné à s’insurger.

L’État d’esprit du combat doit s’inspirer de trois notions :

– l’action doit être réfléchie, dépouillée, tranchante, déterminée.
– l’aventurisme doit être proscrit : au niveau des propos, des attitudes, des exigences politiques.
– le racisme doit être formellement condamné : il faut affirmer, avec vigueur, l’identité corse mais aussi respecter le drapeau des autres peuples et exclure les graffitis injurieux ou xénophobes.

L’action reposant sur ces postulats doit augmenter notre crédibilité et nous rendre plus efficace.

Les moyens du combat doivent s’intégrer dans deux axes prioritaires :

– au niveau de l’information, car il est désormais prouvé que les Corses informés nous rejoignent et qu’il faut lutter avec vigueur contre les manipulations d’une information orientée.
– au niveau de l’organisation, car celle-ci conditionne la mise en place des structures de pression. La victoire ne peut sourire qu’aux gens parfaitement organisés. » •