I messaghji d'Edmond Simeoni

Cunfidenze

Di dicembre 2016, Edimondu Simeoni fecìa cunfidenze à u nostru settimanale chì festighjava i so 50 anni. Ci cuntava in un intervista ssi 50 anni di vita di u pòpulu corsu, intantu chè testimoniu di tutte st’annate di lotta. Eccu un sprichju di ss’intervista.

 

« Quand en 1963, je revenais en vacances à Bastia car je préparais à Marseille des études de spécialisation médicale, j’assistais à des réunions au domicile de ma mère où j’ai rencontré, à l’initiative de Max, mon frère aîné, quelques personnes dont Jean Mannarini, son ami d’enfance, Paul Beretti, Franck Giuliani, et, épisodiquement, Paul Marc Seta. Il n’était question que de la Corse, du procès du centralisme français et de ses méfaits, de régionalisme, d’autonomie de gestion, de la Sardaigne… Alors sont nés le CEDIC, Comité d’Etudes et de Défense des Intérêts de la Corse, qui a participé à des luttes pour la défense du Chemin de fer notamment, puis, en décembre 1966, Arritti qui était porte drapeau du régionalisme insulaire et se nourrissait aussi de revendications économiques et fiscales. J’étais intéressé et de d’autant plus que j’avais impulsé à Marseille, comme étudiant, la lutte contre le projet de l’Argentella en 1960. Je me suis réellement complètement engagé – mes études terminées – que, dès mon retour définitif en Corse, en 1965, puis, en 1967, dès la création de l’ARC à Vizzavona.

Profondément rurale, totalement corse, l’île était exclusivement claniste, a-démocratique, archaïque, en retard de développement et subissait une mise en valeur conséquente, trop tardive et contestée du fait de la création de la SOMIVAC et de la SETCO en 1957 (PAR) et surtout de leurs errements par la suite. La contestation était économique, culturelle (discrimination de la Loi Deixonne) ; l’intérieur se vidait et la population émigrait en métropole, le gisement colonial étant heureusement épuisé, les infrastructures avaient un retard considérable.

(…) La période de 1967 à 1980 nous voit très actifs sur tous les terrains et en tous lieux : manifestations, États généraux de la Corse, publication du rapport de l’Hudson Institute, lutte contre le Schéma d’Aménagement, contre les Boues Rouges en 1973, contre la colonisation agricole (Aleria 1975 où Arritti a tiré à 20.000 exemplaires !) ; nous avons multiplié des réunions en métropole, chez les Amicales corses, chez les étudiants corses – à Paris, Lyon, Marseille, Aix –, nous avons fait face à la répression, sensibilisé, mobilisé, résisté.

(…) Je pense que le chemin de l’émancipation, que nous avons initié en 1960 à l’Argentella, près de Calvi, contre une implantation nucléaire a été long, tourmenté, dangereux, semé de drames et de destructions inutiles, alors qu’une solution transactionnelle respectueuse des intérêts légitimes des parties – le peuple corse et la France – aurait évité, et peut éviter encore aujourd’hui, la poursuite d’un gâchis dommageable pour tous.

L’accession aux responsabilités est une étape normale de toutes les luttes d’émancipation ; ce qui est important surtout, c’est que le peuple corse, de l’île et de la diaspora, motivé, ayant retrouvé la confiance, s’engage chaque jour davantage dans le processus de novation.

Le bilan d’étape est très intéressant puisque nous avons trouvé, sans surprise, une société en retard de développement, effondrée, désespérée, sans boussole, a-démocratique, en quasi faillite financière ; le challenge qui nous attend est immense : remettre cette société au travail et construire un Pays moderne.

Il n’existe pas de challenge plus exaltant, pour la jeune génération, que d’accéder à la paix, et à la liberté collective qui doit être réalisée exclusivement par les moyens démocratiques, non violents.

Aujourd’hui, il est évident que la Corse, qui dispose de tant d’atouts, a emprunté ce chemin ; il faut le conforter, le fiabiliser. La moisson sera belle.

Le message est constant, il appartient à tous les démocrates de créer les conditions et les moyens de créer par le biais de convergences, des recherches de synergies et des plateformes d’action, les chemins du progrès et de l’espérance. Il est illusoire de croire qu’une seule force militante, ou des responsables charismatiques, puisse changer la société en profondeur. Le succès ne pourra être que collectif.

Je suis persuadé que le Statut d’Autonomie interne, au sein de la République française, négocié avec l’État, inséré dans la Méditerranée, son berceau naturel, et dans l’Union européenne, son avenir, est adapté à la solution de nos problèmes. » •