I messaghji d'Edmond Simeoni

Fundimenti

Edmond Simeoni, militant de la démocratie
Edmond Simeoni, militant de la démocratie
« Nous voulons continuer à être les extrémistes de la démocratisation. Il nous faut pour cela l’aide du nouveau pouvoir afin d’abattre politiquement le clan. À la limite, nous préférerions une démocratisation extrême sans le statut particulier à un statut particulier sans démocratie, parce qu’il serait vide de toute signification, parce qu’il nous entraînerait dans les turpitudes du passé, parce qu’il condamnerait le peuple corse à la soumission ou à la révolte », ainsi s’exprimait en 1980 Edmond Simeoni à propos du Statut particulier de la Corse. C’est dire si toute sa vie, il était convaincu que le vrai et unique combat qui vaille en Corse, face à l’Etat, mais aussi peut-être sur les Corses, était la démocratie. En cette période électorale, il est utile de le rappeler à tous les candidats, et plus encore aux nationalistes qui s’en sont toujours portés garants, car c’est bien là l’aspiration essentielle à avoir, quelle que soit les avancées, économiques, sociales, environnementales, sociétales, que l’on souhaite arracher.
20 ans plus tard, en 2001, au moment du processus Matignon, Edmond Simeoni répondait à une interview sur le site Cairn Infos et abordait d’ailleurs sous ce même impératif démocratique la question d’un nouveau statut. Extraits.

 

« La question corse ne se réglera pas seulement à travers une évolution institutionnelle. Il s’agit aussi et surtout d’une question fondamentalement politique qui pourrait se résumer ainsi : le peuple corse est une évidence historique et culturelle.

Y a-t-il place pour cette évidence et pour son admission au sein de l’édifice politique et constitutionnel français ?

(…) Notre conception du peuple corse repose sur le volontarisme et le droit du sol, et non sur le droit du sang. C’est une dimension essentielle, qui reflète à la fois une volonté de prendre en compte l’histoire (la Corse est et demeurera terre de brassage et d’accueil) et le choix déterminé d’enraciner notre revendication dans le progressisme et l’ouverture, en rejetant totalement toute conception fermée ou sectaire de l’identité. Il reste que la notion de « Peuple corse » a une forte valeur symbolique pour les deux parties : la France parce qu’historiquement le peuple, la nation et l’État sont indissociablement liés, et de façon quasi-mystique, les nationalistes corses parce que leur action se situe dans le fil historique, millénaire, de la lutte de ce petit peuple pour son droit à l’existence et à la dignité. Il faut, pour résoudre le problème, le dédramatiser et être pragmatique : l’avenir de l’île pas plus que celui de la France n’est suspendu à cette reconnaissance ou à son refus. Par contre, les deux partenaires sont concernés par la définition et l’application d’une politique qui instaure la paix et reconnaisse l’identité spécifique de l’île. Le processus de Matignon y prépare et c’est l’essentiel.

(…) Nos carences actuelles sont connues : des institutions pléthoriques, un corps social trop souvent déresponsabilisé, des dérives en matière d’argent public, un déficit en matière de culture d’entreprise et de dialogue social, une formation largement inadaptée, des déséquilibres macro-économiques importants, et pendant trop longtemps une dispersion des efforts et des crédits sans stratégie d’ensemble.

En sens inverse, les atouts ne manquent pas : 22 milliards de francs d’épargne locale, des richesses naturelles exceptionnelles, l’appartenance à l’Europe et l’ancrage méditerranéen, une importante diaspora, l’Université de Corse, une forte création de très petites PME, la mise en place d’outils financiers et technologiques performants. Il s’agit de mobiliser ces ressources, de les mettre en synergie et de réussir le pari du développement. À cet égard, la principale vertu du statut d’autonomie est d’abord l’instauration d’une véritable démocratie, avec des règles de fonctionnement et de gestion transparentes, et la responsabilisation des élus et des forces vives. C’est également une rationalisation de l’action publique, à travers une simplification administrative, permettant à l’administration locale de devenir plus opérationnelle et à l’État de se recentrer sur ses missions régaliennes. L’émergence d’une réelle culture démocratique, le développement économique partagé, la citoyenneté réelle et vécue sont les plus sûrs remparts aux dérives de tous ordres, et notamment mafieuses. » •