2023, u Presidente di l’Esecutivu à i Corsi

L’auguri di Gilles Simeoni

” Madame, Monsieur, Cari cumpatriotti,

En cette soirée du Nouvel An, je suis heureux de m’adresser à vous, que vous soyez en Corse, ou à l’extérieur de l’île. Je pense d’abord, bien sûr, à celles et ceux qui font face à la maladie, à la solitude, ou à la privation de liberté. Je sais aussi que, dès que sera refermée la parenthèse heureuse des fêtes de Noël, réapparaîtront, pour la plupart d’entre nous, les difficultés du quotidien.

 

L’année 2022 a été une année hors norme, à l’échelle de la planète, comme à celle de la Corse. Ce qui se passe dans le monde ou en Europe impacte directement notre île. L’accélération du réchauffement climatique impose une mobilisation générale, valable chez nous aussi : la tempête sans précédent du 18 août dernier, la sécheresse qui va en s’aggravant, les incendies qui menacent notre terre sont les symptômes d’une crise structurelle, qui nous impose de repenser totalement toutes nos politiques publiques. 2022 a aussi sonné le retour de la guerre au cœur de l’Europe, avec l’agression russe contre l’Ukraine, à laquelle le peuple corse a apporté sa solidarité active.

Cette guerre a un coût humain et matériel terrible. Elle a aussi des effets en cascade, partout en Europe, et donc en Corse : l’inflation flambe, le prix des produits et services de première nécessité explose. Les ménages, les entreprises, les salariés, les collectivités publiques sont touchés.

Dans ce contexte de crise, des rendez-vous importants attendent la France à compter du mois de janvier. Par exemple la réforme des retraites, ou encore la nécessité de reconstruire le système de santé.

Ces urgences du quotidien sont celles de tous les Corses. Leur apporter des réponses efficaces est bien sûr une des priorités majeures du Conseil exécutif.

 

Transports – Santé – Énergie

Je voudrais évoquer brièvement trois exemples : les transports, la santé, l’énergie.

D’abord, les transports, vitaux pour un territoire insulaire. Le service public maritime était menacé de disparition, et les emplois qu’il génère avec. Il est désormais garanti pour sept ans. C’est une victoire majeure pour la Corse et pour les Corses. Ce temps sera mis à profit pour travailler à une compagnie maritime territoriale, diversifier nos circuits d’approvisionnement, diminuer notre dépendance aux importations, notamment en renforçant notre autonomie alimentaire.
Le même combat nous attend, dès 2023, pour le service public aérien.
Enfin nous poursuivrons, au plan des transports intérieurs, notre effort en faveur du Chemin de fer de la Corse, et de la modernisation des infrastructures routières.

Dans le domaine de la santé, la Collectivité de Corse appuie une stratégie ambitieuse : travail avec l’ensemble des acteurs de santé en faveur d’un Centre Hospitalier Universitaire régional, et des structures hospitalières existantes ; plan exceptionnel de 15 M€ pour la rénovation des EHPAD, implantation de maisons de santé sur tout le territoire.

Enfin l’énergie : dès janvier, nous proposerons à l’État de finaliser l’accord garantissant l’autonomie énergétique de la Corse à l’horizon 2050. Un accord qui inclut la fermeture de la centrale du Vaziu et l’ouverture de celle du Ricantu ; le soutien accru aux énergies renouvelables ; un grand plan de rénovation de 8.500 logements sociaux et des collèges et lycées de Corse.

 

Vous le voyez : nous relevons les défis découlant de l’agenda politique de la scène internationale, européenne et française. Mais nous aurons aussi, dans les semaines à venir, des échéances importantes qui concernent au premier chef la Corse. Le combat pour la langue corse, la lutte contre la spéculation et l’engagement contre les dérives mafieuses sont essentiels, car il n’y a pas d’autre choix que de réussir à enrayer les mécanismes funestes qui menacent directement des éléments constitutifs de notre identité collective ou de la vie démocratique.

Pour atteindre ces grands objectifs, je sais que la Collectivité de Corse peut compter sur l’engagement sans faille de ses agents, comme de ceux de ses Offices et Agences.

De façon plus générale, le début de l’année 2023 sera un moment clé, qui vient clore un cycle de sept ans. Les nationalistes ont été élus à la tête de l’île en décembre 2015. Pendant sept ans, nous avons démontré de façon constante notre volonté, commune à tous les nationalistes, de construire une solution politique globale, associant l’ensemble des forces vives de l’île. Pendant sept ans, l’État et les Gouvernements successifs ont traité le suffrage universel et les aspirations majoritaires des Corses par le mépris. Cette attitude a inéluctablement nourri un sentiment grandissant d’injustice et de colère.

Elle a aussi affaibli le fait démocratique. Les mécanismes d’un retour à une situation de crise profonde se sont ainsi inexorablement mis en place. L’assassinat d’Yvan Colonna, en mars dernier, dans des conditions à propos desquelles nous exigeons justice et vérité, a été le facteur déclenchant d’une immense mobilisation populaire, dans laquelle la jeunesse a tenu une place importante. Face à une situation qui menaçait à chaque instant de tourner au drame, nous avons évité le pire, tout en réaffirmant que la seule réponse de nature à amener durablement l’apaisement est celle d’une solution politique globale.

L’État, par la voix du ministre Gérald Darmanin, mandaté par le Président de la République, a acté en réponse l’ouverture d’un processus dont il a affirmé qu’il avait « une vocation historique » et devait permettre de déboucher sur un statut d’autonomie. Neuf mois après, cet engagement peine à se concrétiser et la Corse peut soit s’engager sur le chemin de l’espoir, soit basculer à nouveau dans la logique de conflit. Les semaines à venir seront décisives et chacun, en Corse et à Paris, aura à éclairer ses choix.

 

Je suis, en ce qui me concerne, malgré les difficultés, les obstacles, quelquefois les menaces, confiant, serein, et déterminé. Il n’est, en démocratie, aucune légitimité plus forte que celle que confère le peuple, à travers le suffrage universel.

Vous m’avez confié un mandat : défendre la Corse, son peuple, et l’intérêt général. J’ai prêté serment de le faire. Je l’ai fait, le fais, et le ferai, dans le fil historique du combat mené depuis des décennies, et en cohérence avec ma conviction profonde : la Corse est forte lorsqu’elle est unie, et notre devoir est de rechercher les convergences chaque fois qu’elles sont possibles. J’ai interrogé publiquement l’ensemble des sensibilités politiques représentées au sein de l’Assemblée de Corse lors de la session des 20 et 21 décembre derniers. Toutes ont dit vouloir la réussite du processus engagé avec l’État. Toutes ont admis qu’il n’y avait pas d’alternative à cette réussite.

À cet égard, la mobilisation massive des parlementaires, maires et présidents d’intercommunalité, qui se sont prononcés à la quasi-unanimité en faveur d’une mesure de semi-liberté pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, montre combien la Corse aspire à ouvrir et écrire une nouvelle page de son histoire collective.

 

Ch’ella sia scritta, sta pàgina, à l’inchjostru vivu di e nostre speranze, di a nostra fede in l’avvene di u nostru paese. Ch’elli sparìscinu per u sempre i tempi scuri di e viulenze, di i strapazzi, è di e priggiò. Ch’elli s’avviinu in modu serenu a nostra ghjuventù è u nostru populu nant’à a strada di a pace è di a libertà. Allora, è per compie, cum’ogni annu, di core è di stintu, incù fervore, rispettu, è fratellanza : Pace è salute, per voi è tutti i vostri ! ” •

Gilles Simeoni, Presidente di u Cunsigliu esecutivu di Corsica