Pulìtica

Nuit bleue FLNC

Le « dépôt des armes » de 2014 par le FLNC avait été plusieurs fois ébréché, surtout indirectement par des organisations récentes comme GCC (Ghjuventù Clandestina Corsa). Il a été ostensiblement rompu par la « nuit bleue » commise dans la nuit du 8 au 9 octobre, une petite trentaine d’attentats dans différentes régions, revendiqués par le FLNC « Union des combattants et du 22 octobre ».

 

 

Cette action a été accompagnée par une communication lapidaire de deux lignes : « A Francia Fora. Nous n’avons pas de destin commun avec la France ».

La cible choisie de résidences secondaires inoccupées, à une exception près sans doute involontaire, montre deux intentions : ne pas faire de victimes en en restant à des conséquences matérielles, et faire la preuve d’un regain opérationnel en se déployant sur l’ensemble du territoire.

Corsica Lìbera a de tous temps affiché son soutien à la clandestinité du FLNC. Alors que ses dirigeants étaient à la pointe des discussions avec l’État il y a une vingtaine d’années, quand Lionel Jospin était premier ministre, ils sont aujourd’hui ramenés à une seule élue sur les quarante-six élus nationalistes siégeant dans l’Assemblée de Corse.

Ce recul de la force politique directement associée à la clandestinité qui se manifeste à nouveau aujourd’hui a été progressif et ininterrompu depuis 2010, année électorale qui a vu l’installation de Femu a Corsica, dont la tête de liste était Gilles Simeoni, en première position parmi les groupes nationalistes alors encore d’opposition.

Ce renversement de leadership a créé une situation politique nouvelle dont la famille nationaliste a bénéficié : victoire à la mairie de Bastia en mars 2014 ; puis, suite au « dépôt des armes » du FLNC en juin 2014, union au second tour lors des territoriales de décembre 2015 et victoire sous l’étiquette Pè a Corsica, qui portera Gilles Simeoni à la tête de l’Exécutif et Jean Guy Talamoni à la Présidence de l’Assemblée de Corse.

Ce succès redouble en décembre 2017, le score passant de 35,3 % au second tour à 56,5 %.

Pè a Corsica a ainsi gouverné les institutions de la Corse six années, jusqu’à juin 2021. Quatre listes ont alors concouru au premier tour, puis trois au second tour, Corsica Lìbera ayant dû faire fusion avec la liste du PNC entre les deux tours. Au total 68 % des voix, 41 % Femu a Corsica (32 élus grâce à la prime majoritaire), PNC-CL 15 % (7 élus PNC et une élue CL), Core In Fronte 13 % et 6 élus.

En très fort recul sur la scène électorale, le mouvement de libération nationale fondé sur un soutien au FLNC n’est désormais plus en mesure de peser sur la négociation avec l’État comme il l’avait fait en 2000 avec Lionel Jospin.

Cependant la structure clandestine a perduré, y compris depuis 2014, et elle se montre en capacité de regrouper assez de militants pour mener une opération groupée et coordonnée à l’échelle de la Corse. Pour retrouver son influence électorale en large recul depuis deux décennies, elle a décidé de parier sur l’échec du processus de dialogue auquel le Président de la République a donné un second souffle par son discours du 28 septembre dernier.

Pourtant, ce processus a pour cadre un projet d’autonomie tel qu’il avait été inscrit dans le programme de Pè a Corsica en 2015, Corsica Lìbera se ralliant alors à cette revendication ancienne du mouvement national.

Coup de semonce afin d’essayer de reprendre pied dans la vie politique ? Restructuration appuyée sur une nouvelle génération militante ? Le paradoxe qui ne peut que nous interroger n’est pas mince : après huit années de sommeil alors que le blocage de l’État était dénoncé par tous, le FLNC relance son action au moment-même où commence enfin un dialogue salué par l’ensemble de la classe politique insulaire, particulièrement parmi les élus nationalistes.

En fait cette nuit bleue nous renvoie à une priorité : faire en sorte que le processus de Beauvau ait une issue favorable pour l’avenir du peuple corse. •

François Alfonsi.

 


 

Rinatu Coti

« Mi sò falati i sensi »

Frà e numarose reazzioni à l’attentati di a notte di l’8 d’ottobre… questa quì nant’à i retali. Ùn ci hè bisognu d’altri cumenti.

 

« Impargu avà chì a casa di Migheli Raffaelli (Scaglioli – Villanova) hè stata svrimbata da un attentatu !

Hè un attu sporcu, indegnu, assassinu, chì tomba a cultura corsa è univirsali.

Comu pò ripusà in paci l’omu chì ci hà fattu riacquistà a tradizioni di a cètara ?

U scineghjatori di prima valuta, musicanti, pueta, cumpusitori, impastatu di cultura corsa vera.

Sarà chì dopu à tanti vai subiti da u pòpulu corsu certi parsoni ùn sani più asciuvarà u bonu da u malu ?

In u solcu dundi l’omu faci corra u sangui di i valori di l’essa ùn ci hè spiranza alcuna di un avvena umanu filici.

O Mighè, frateddu, amicu, eri vardincu di u nosciu suviddatu. Or ùn t’avemu saputu vardà !

Sarà ch’edda hè l’ora di l’iniquità ? Di l’orrenda iniquità ?

Mi sò falati i sensi… » •

Rinatu Coti.