Le communiqué publié par le FLNC, alors qu’un nouveau processus de négociation s’engage avec l’État, ne déroge pas à la règle. L’organisation clandestine a toujours ponctué les négociations successives sur le statut de la Corse de ses interventions sur fond de revendication d’attentats et de messages directs aux négociateurs des deux parties, Corse et gouvernement français.
La « démilitarisation progressive de l’espace militaire », rendue publique en 2014, connaît à travers ce communiqué un net retour en arrière, puisque la communication du FLNC revendique 16 attentats, et renoue avec la tradition des codes destinés à authentifier de messages adressés précédemment.
Le contenu du texte exprime un profond scepticisme – « l’horizon s’assombrit ; nous sommes extrêmement pessimistes » –, et une réelle amertume à l’issue de l’élection législative en raison du « choix de centraliser la stratégie autour du Président de l’Exécutif ».
Les attaques sont nombreuses contre Gilles Simeoni, même si le communiqué acte qu’il « reste pour l’instant le chef désigné du rapport avec la France », et qu’il lui demande d’être « en capacité de fédérer pour construire la route vers l’autodétermination en recherchant des synergies en Corse et en Europe plutôt qu’en France ».
Ce retour en scène du FLNC se superpose avec deux tendances lourdes : la radicalisation de nombreux militants côté corse, après cinq années d’un débat constamment refusé entre l’État et les représentants élus de l’île, et le recul des forces politiques traditionnellement solidaires de la clandestinité, Corsica Lìbera n’ayant qu’une seule élue à l’Assemblée de Corse.
L’organisation clandestine est-elle encore en mesure de fédérer la partie la plus radicale du mouvement national jusqu’à relancer une clandestinité d’envergure, après huit années d’absence ? En fait cela dépendra essentiellement du dynamisme et de la crédibilité du processus qui s’engage, et il est probable que les conditions de 2022, très différentes de celles de 1976, ne seront pas aussi favorables. •