Voilà 40 ans qu’il nous a quitté… pour toute la Corse, il est à jamais le plus grand joueur insulaire de tous les temps, entré dans la légende avec l’épopée européenne de 1978. Désormais, il rejoint le cercle des rares footballeurs à avoir une statue qui lui est dédiée dans son antre, le stade Armand Cesari qui a connu les plus grandes prouesses du seul club où il aura évolué durant toute sa carrière de professionnel. Claude Papi, dans son attitude de meneur de jeu, concentré sur le ballon, passant à l’attaque, vêtu de son maillot bleu à a testa mora, figure à jamais devant l’entrée officielle du Sporting Club de Bastia. Une initiative de l’associu Corsica Turchina et de Jo Bonavita permet de lui rendre cet hommage tant mérité, merci à eux ! Ce samedi 29 avril, était inaugurée la statue, création du sculpteur Stéphane Deguilhem, installé à Livìa, en présence de sa famille, l’un de ses frères, Joseph, son épouse Mady, ses filles Stéphanie et Marie Jeanne, bien sûr aussi les élus*, les instances du club et tous les représentants du peuple bleu. Hommage éternel. Per sempre ind’i nostri cori.
Né le 16 avril 1949 à Portivechju, Claude Papi fait ses premiers jongles avec une pièce de monnaie trouée dans les ruelles de sa ville natale, et ses premières passes d’enfant avec l’Association sportive de Porto Vecchio dans le stade qui porte son nom depuis. Mais c’est au Sporting Club de Bastia qu’il se révèle et débute sa carrière de professionnel durant la saison 1966/67. Il est alors, à 18 ans, une véritable révélation. Au total, dans sa trop courte vie, il jouera 480 matchs en compétition, marquera 134 buts en pro, sera le seul insulaire encore aujourd’hui à être sélectionné en équipe de France, à trois reprises et à participer à une phase finale de la Coupe du Monde en Argentine, où il sera titulaire lors du dernier match pour l’honneur contre la Hongrie, remporté 3-1. Mais surtout, il est celui qui incarne le plus la fantastique épopée européenne du Sporting en 1978. Il est sacré meilleur buteur de cette compétition avec 7 buts (+7 autres à l’origine de l’action) dont l’inoubliable reprise de volée contre le Grasshoper de Zurich qui qualifie les bleus en finale ! Meneur de jeu, stratège, grand technicien, chef d’orchestre, le prince, le virtuose, le « divin chauve » se faufile dans toutes les défenses. Qualifié de « faux lent » il emballe en réalité les actions de jeu et surprend l’adversaire, avec sa vista et sa technique pour percer les défenses, le ballon collé au pied. Avec lui, le SECB écrit ses plus belles heures de gloire. Remontée en division 1 en 1968 et sacré champion de France de division 2, finaliste de la coupe de France contre l’OM en 1972, époustouflant 3e du championnat 1976-77 où le club inscrit pas moins de 82 buts (14 pour Papi), avec notamment l’un des meilleurs attaquants européens Dragan Dzajic (21 buts), Fanfan Félix (21 buts aussi) et Zimako (15), et se qualifie à une place européenne pour la saison 1977-78 ! Le club se renforce avec des stars comme Johnny Rep, Félix Lacuesta, Merry Krimau… et enchaîne les victoires sur tous les terrains d’Europe, terrassant au match aller comme au match retour les plus grands clubs de l’époque : Sporting de Lisbonne, FC New Castle United (jamais une équipe française n’avait battu un club anglais chez lui !), FC Torino surtout, battu y compris à Torino devant une marée de supporters bleus ayant fait le déplacement en Italie. Malgré toutes ces prouesses, on ne donne pas cher de sa peau pour les quarts de finale contre le prestigieux Karl Zeiss Iena. Et pourtant, devant un Furiani en folie, le Bastia de Claude Papi inflige une correction au club allemand 7 buts à 2 ! Au retour, première défaite, mais 2 buts marqués en Allemagne et surtout le match aller qualifie le Sporting pour les demies-finale ! Zurich ne résiste pas non plus à l’antre de Furiani avec la légendaire reprise de volée de son meneur de jeu ! On se souvient tous alors de la finale contre le grand PSV Eindhoven dans un terrain de boue où il était impossible de faire rouler le ballon. Hélas, le business commande… l’arbitre suit les consignes des instances du football… On connait la suite. C’est à Furiani que le Sporting inquiétait et d’ailleurs on assiste encore à un grand Bastia ce soir-là malgré le déluge, mais avec un score qui reste nul et vierge 0 à 0. Tout allait se jouer loin de la terre corse pour les bleus de Claude Papi. Fatigués par une longue campagne européenne mais aussi un championnat éreintant ou il ne fut pas aidé par les instances du foot français l’obligeant à jouer la même semaine, le SECB s’incline au match retour. Mais l’essentiel était fait, gagnant à jamais dans le cœur des Corses, et marquant de son empreinte l’histoire du football européen avec sa superbe épopée !
Claude Papi, lui, est sacré « meilleur footballeur corse du siècle » puis « meilleur footballeur corse de tous les temps ». Jamais détrôné à ce jour. Son plus grand regret, ne pas avoir pu jouer, pour cause de blessure, la finale de la coupe de France remportée par le Sporting en 1981 contre les Verts de Saint-Etienne.
Seuls 19 stades au monde possèdent une statue de leur joueur emblématique. Claude Papi rejoint les Georges Best, Raymond Kopa, Diego Maradona, Pelé, Zico au Panthéon de leurs publics ! Mais l’un de ses plus beaux titres peut-être, est qu’il n’a jamais voulu quitter sa terre de Corse malgré des propositions alléchantes. Claude Papi jouait pour son île et pour son amour du ballon uniquement. Un symbole de fidélité et d’humilité ! C’était un humaniste, doux, simple, avec la passion de son île chevillée au corps. Turchinu eternamente !
Il meurt brusquement le 28 janvier 1983 à l’âge de 33 ans. Un deuil dont le peuple corse ne s’est jamais vraiment remis. •
Fabiana Giovannini.
* Ont participé à l’élaboration de la statue : Collectivité de Corse, Communauté d’agglomération de Bastia, les villes de Bastia, Furiani, Biguglia, Borgu, Portivechju, Bonifaziu, Isula Rossa, SC Bastia, Socios Étoile Club Bastia, marbrerie René Vigna Bastia, Impirmerie Caractère Biguglia, Super U Ponte Leccia, Garage Monti Autos Furiani, Garage Nissan Furiani, Europcar Locations Poretta, Association Corsica Turchina, TEC Graziani Biguglia.
U messagiu di Corsica Turchina extraits
« Sa statue trône à jamais dans l’enceinte de son stade, de sa tribune, sous le blason de son club, représentant pour nous supporters une marque de reconnaissance éternelle pour le footballeur, pour l’homme qu’il était. Cette statue présente également pour nous un double message. Un message de fierté pour les actuels et les futurs joueurs qui portent et porteront le maillot bleu, pour toute une nouvelle génération turchina, une passation de l’histoire, bâtie sur les valeurs du club et l’impérieuse obligation de les respecter. Claude, u pòpulu turchinu, u pòpulu corsu, ùn si scurderà mai di tè. Ti ringraziemu d’avecci tantu fattu sunnià, d’avè purtatu i nostri culori incù tant’onore è passione à traversu u mondu sanu. Staghjone dopu à staghjone, per l’eternu, sarai sempre à fianc’à noi, à fiancu à a to squadra, à fiancu à tutti i turchini. Claude, per tè, pè a to òpera, u pòpulu corsu, ricunniscente, ti offra l’immurtalità. » •
O fratè !
« O fratè, ti n’inveni quandu à u soldu tafunatu, ghjucavi ancu in casa, di manera arrabiata, senza tene contu di i lucatarii di suttu chì pichjàvani, par fati piantà calchi minuti.
Ti n’inveni di quiddi beddi zinati, l’inguernu, quandu tu vinii à duminicata, incù amichi, famidda è parenti. Truvavi ricunfortu è ripartii cuntentu.
Ti n’inveni quantu ti piaccìa à caccighjà. Mai ùn avarii mancatu di participà. Ti sintii bè, in cuminioni incù a natura. Par tè, era viramenti un mumentu di cura.
Ti n’inveni u supracena incù a famiddona, à manghjà, cuntà storii è tanti risatoni. Tù sopratuttu, incù u to eternu surrisu chì mi ferma in pressu quandu vigu u to visu.
Ti n’inveni di a to casa guasgi finita, chì tu t’appruntai à goda u restu di a to vita. Vita chì hà duratu dinò una sittimana. E chì hà lacatu daretu tamantu dannu. T’eri priparatu tamantu è beddu avvena, à fiancu à i to fidoli è a to cara Madalena. Mà, a to vita tinìa à un filu finu, è strappatu s’hè ! Cusì era u to distinu.
Ghjeu, mi n’invengu di quiddu vènari maladettu, induva à trentatrè anni s’hè divintatu puarettu. Allora chì, fideli à a maglia turchina, vinii di rializà un sonniu di zitiddina.
Indù tù eri, ùn ci sarè più mai, mà indù ghjeu sò sempri, ci serai. Mi firmerà di tè, tutt’a mè vita, a to ghjuventù mai stata finita.
Caru frateddu riposa puri in paci chì fieri di tè sò i purtivichjacci, è tutti i Corsi chì ti pòrtani inn’u so cori, pà essa statu fideli à un solu culori.
È oghji, u pòpulu sanu si ramenta di tè, chì di u ghjocu à pallò, t’hà elettu Rè !
È pà l’eternità, onori tamantonu, sta stàtula raprisentendu a to parsonna. » •
Ghjiseppu Papi.
Per imparanne di più nant’à Claudiu Papi