L’Associu Sporting Bastia 92 a tout juste un an. Il est composé d’anciens joueurs du Sporting Club de Bastia de l’époque, mais pas seulement. Des journalistes, des joueurs d’autres clubs, des soutiens de toutes sortes peuvent y adhérer. Ce samedi 29 avril, Sporting Bastia 92 tenait une conférence de presse emmené par son président Ismaël Triki, pour faire part de sa première manifestation organisée dans le cadre des cérémonies de commémoration de la catastrophe du 5 mai 1992 et du rôle que l’association entend tenir pour perpétuer ce « devoir de mémoire ». Une action renforcée par un partenariat avec l’UNFP, syndicat des footballeurs professionnels.
Le devoir de mémoire est un engagement que se donnent des États, des peuples, des sociétés, pour se souvenir d’un événement tragique de leur histoire, en tirer les enseignements moraux et politiques au sens noble du terme. Les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale et de la shoah, mais aussi des génocides, comme le génocide arménien, des catastrophes comme Tchernobyl et le sacrifice des hommes qui ont préservé l’humanité d’un désastre encore plus grand, ont concouru à « institutionnaliser » ce devoir de mémoire. Il est synonyme d’hommages, de commémorations, mais il vise à travailler aussi sur les consciences. C’est donc plus que du souvenir, une responsabilité d’œuvrer à bâtir un monde plus juste, de l’élever vers plus d’humanité.
Le sport a connu des catastrophes terribles. Particulièrement le football, à travers les drames de Hillsborough, du Heysel ou de Turin*. Au Royaume Uni, en Belgique, ou en Italie, ces drames sont commémorés chaque année rendant hommage à ceux qui les ont vécus et pour éduquer les jeunes générations.
C’est ce travail auquel œuvre le Collectif des victimes de la catastrophe du 5 mai 92 depuis 31 ans, pour les victimes et le respect qui leur est dû, et pour leurs familles.
L’associu Sporting Bastia 92 s’est créé lui pour faire entendre la voix des joueurs et, aux côtés bien sûr du Collectif des victimes, pour œuvrer davantage à la sensibilisation des plus jeunes, mais aussi à faire l’éloge du sport dans ce qu’il a de plus noble, la communion, la solidarité, la générosité, l’effort collectif, tant auprès des instances sportives, des sportifs eux-mêmes, que du grand public, particulièrement des plus jeunes, avec ce message : il n’est, il ne doit surtout pas être un drame.
Ainsi, Sporting Bastia 92 a organisé des actions de solidarité à Bastia, au profit de l’école de la 2e chance, mais aussi avec le Maroc, pour apporter du soutien à des enfants défavorisés (opération « Des chaussures pour le Maroc », participation à des tournois de football et diverses actions et animations pour sensibiliser au drame de Furiani). Il continuera à aller aux devants d’autres pays, d’autres enfants. Mais aussi de clubs et d’institutions pour témoigner.
L’an dernier, pour les 30 ans de la catastrophe, à l’initiative du Collectif des victimes du 5 mai 92, la quasi-totalité de l’effectif bastiais de l’époque est reconstitué pour un match amical. Un moment fort en émotion, certains ne s’étaient plus revus depuis le drame. C’est alors qu’est née l’idée d’une association permettant de perpétuer le devoir de mémoire, mais aussi de véhiculer une image positive de la Corse et de son football. « On n’en a jamais parlé, mais après une catastrophe pareille cela a été très difficile pour les joueurs. C’était une fête et c’est devenu un drame. Il n’y avait pas de cellule psychologique. On était livré à nous-mêmes. Il a fallu rejouer dans ce stade, reprendre le football. C’était notre métier. Le soutien de nos familles, de nos amis, la foi en ce que l’on fait nous a permis de retrouver de l’énergie pour continuer. Mais on se doit de raconter notre histoire, surtout aux jeunes. Le devoir de mémoire est important pour leur apporter la réflexion et les sensibiliser » témoigne Ismaël Triki.
Cette année, c’est la première fois que Sporting Bastia 92 organisera une manifestation dans le cadre de la semaine de commémoration autour du 5 mai : « Le 6 mai, un tournoi intergénérationnel mettant en scène des enfants, incarnation de l’avenir, et d’anciens footballeurs professionnels sera organisé avec des vétérans de l’ACA, du GFCA, de l’US Corti, nous-autres, une équipe du Sporting et des internationaux de l’équipe de France comme Corentin Martins, Toifilou Maoulida et bien d’autres ». Cela se passera sur les stades d’Erbajolu et de Volpaju de 10h30 à 18h avec pas moins d’une vingtaine d’équipe U11 venus de tous les clubs de l’île. « L’UNFP, syndicat des footballeurs professionnels nous a fait un don très généreux, c’est un partenaire très important pour nos événements » poursuit le président de Sporting Bastia 92 qui souligne la forte implication des journalistes Didier Grassi, Jean Pruneta et Jean Paul Cappuri au sein de l’associu. Investis également (sur notre photo) Mamadou Faye et Pierre Maroselli, anciens joueurs du Sporting, Arnaud Sabonnadiere, ancien joueur de Martigues qui a fait le lien avec l’UNFP, et bien d’autres.
Ce tournoi viendra clôturer le programme des commémorations organisé par le Collectif des victimes, et il permet de conclure sur une touche sportive. Sporting Bastia 92 prendra des initiatives tout au long de l’année. Saluons cet investissement qui œuvre à réhabiliter le sport et le football corses. Forza à tutti ! n
Fabiana Giovannini.