C2ARI

Cullettivu Corsu per l’Adduzione senza Razzìsimu Istituziunale

Le petit Antone lors d'une commémoration en l’honneur de Pasquale Paoli il y a trois ans. Magnifique symbole.

Ce 31 mars 2017, s’est créé le «Collectif Corse pour l’Adoption sans Racisme Institutionnel » à l’appel d’une vingtaine de personnalités qui ont été rejointes en quelques jours par plus de 200 autres signataires. Le Collectif demande la modification de documents ministériels d’adoption qui relèvent de la discrimination raciale. Un courrier (ici) a été adressé au Président de la République pour qu’il intervienne en ce sens. L’appel est largement ouvert. Il s’agit d’un combat humaniste pour l’enfance. Explications.

Être parent : la plus belle mission du monde ! Offrir à un enfant toutes ses chances dans la vie, l’accompagner jusqu’à l’âge adulte pour qu’il trouve sa place dans la longue chaîne de l’humanité. Que vous soyez parents biologiques ou par l’adoption, le rôle est le même, l’amour que l’on a à offrir est le même. Faut-il alors que l’on s’embarrasse des clichés de la société ? Le Collectif CARI s’offusque que la France se distingue d’une bien étrange façon au moment de l’adoption d’un enfant.

Les formalités à remplir sont teintes de considérations indécentes, permettant de faire une distinction raciale sur le choix de l’enfant. Qu’ils soient parents ou non, d’enfants adoptés ou non, les membres de ce Collectif estiment que ces restes d’un passé qui rappelle l’histoire coloniale de la France sont scandaleux et doivent être bannis. Et le fait qu’une telle initiative naisse en Corse n’est pas anodin. «Depuis toujours, la Corse s’est illustrée dans l’Histoire lors qu’il s’est agi de faire progresser le principe des Droits de l’Homme : évoquons le droit à la liberté de conscience en 1736 ou encore le droit de vote des femmes en 1755 pour ne citer qu’eux. Durant la seconde guerre mondiale, la Corse s’est encore singularisée quant à la protection de Juifs au point qu’il ait été question d’inscrire l’île au Mémorial des Justes parmi les Nations. Cet épisode qui s’inscrit dans notre Histoire nous impose d’en être dignes. Ainsi est il encore aujourd’hui de notre devoir de dénoncer et de nous battre contre tout ce qui participe du racisme » expliquent les 22 premiers signataires de l’appel du Collectif CARI, rejoint par des dizaines d’autres.

Agnès Desideri est maman d’un petit Antone, originaire d’Afrique. Il est venu illuminer sa vie et celle de sa petite famille (Agnès est maman biologique de deux autres enfants). C’est notamment par elle que l’on découvre des propos indignes dans des documents institutionnels et particulièrement dans des documents de services administratifs dont la fonction est la protection de l’enfance.

Ainsi, on peut lire sur les Référentiels ministériels d’information préalable à l’agrément en vue de l’adoption : si les candidats ne se sentent pas prêts à accueillir un enfant de couleur, il peut être fait recours aux termes « ouvert à l’accueil d’un enfant qui leur ressemble » (sic).

« Encore au XXIe siècle l’administration française considèrerait-elle comme recevable l’idée qu’il peut être donné le choix de l’apparence « raciale » de l’enfant que des candidats espèrent au prétexte que ce processus conditionnerait son bien-être et son éducation? Comme si le racisme pouvait conditionner quoi que ce soit de positif ! »

Ces dispositions trouvent hélas écho dans les demandes d’adoption, puisqu’il est alors courant de lire sur des dossiers de postulants à l’adoption que ceux-ci n’acceptent pas « d’enfant noir » et/ou « d’origine africaine » et/ou « d’origine maghrébine » en parfaite contradiction avec les lois, conventions ou traités internationaux. « En tant que membres de la société corse, que nous soyons, entre autres, ancien pupille de l’État, adopté, parent adoptant, ex- Présidente et Vice-Présidente de conseils de famille départementaux, membre de commission départementale d’agrément, élu ou simple citoyen, nous nous indignons de cet état de fait. Il n’y a aucune raison de tolérer toute expression du racisme qui participe de fait à sa propagation sournoise, nauséabonde et dangereuse» dénonce encore le Collectif CARI, qui demande que « conformément au principe d’égalité sans distinction de races supposées, il ne soit plus jamais question de suggérer, de quelque manière que ce soit, un choix de couleur de peau ou d’origine ethnique dans le processus qui mène à l’adoption d’un enfant ».

Vous aussi, signez la pétition pour demander l’abolition de ces dispositions indignes.

Fabiana Giovannini.