Migrants de l’Ocean Viking

La Corse ne veut pas fermer les yeux face aux drames humains

L’Europe est confrontée à la question de l’immigration, le plus souvent subie et clandestine, avec des conséquences politiques et sociales qui vont crescendo. Ce problème est en grande partie à l’origine du Brexit car il a fourni un argument majeur aux Brexiters. Des années plus tard, Brexit ou pas, les migrations clandestines restent toujours aussi fortes, et aussi dramatiques, aux frontières du Royaume Uni.

En Italie, le populisme a fait sa percée en surfant sur le rejet de l’immigration en 2018, et l’élection de l’extrême droite il y a deux mois avec Giorgia Meloni vient de relancer un climat de crise dans ce pays qui est la première destination de la plupart des vagues migratoires.

Le drame des 234 rescapés sauvés de la noyade en Méditerranée par le bateau des organisations humanitaires Ocean Viking s’inscrit dans la longue actualité concernant l’arrivée de migrants aux frontières de l’Europe.

Ces hommes, femmes, enfants et vieillards sauvés de la noyade en Méditerranée doivent être secourus : le droit international l’impose et un fondamental souci d’humanité en fait obligation. C’est à cette obligation que l’Italie a refusé de se soumettre à propos de l’Ocean Viking, arguant que ses côtes sont les seules côtes européennes qui, du fait de la géographie, y sont soumises. Et de dénoncer la « solidarité européenne » qui est de simple affichage, laissant en fait le pays hôte pratiquement seul face à l’afflux de migrants.

Après plusieurs jours d’attente à bord, durant lesquels la situation sanitaire s’est gravement dégradée, l’Ocean Viking n’avait toujours pas obtenu d’accord pour débarquer les personnes secourues dans un port italien. Le navire a alors fait route vers les côtes françaises, et notamment vers la Corse.

 

La Corse, terre d’accueil et d’hospitalité

Face à de telles urgences, le rôle des politiques est de hiérarchiser les priorités. D’abord, et avant tout, éviter toute perte en vies humaines. C’est le tweet que Gilles Simeoni a publié aussitôt la nouvelle connue, et qui faisait savoir : « la Corse est prête, simple et élémentaire devoir d’humanité ». Le grand quotidien italien la Stampa a signalé cette position courageuse, et il est important, et positif, que la Corse, où les nationalistes sont en situation de responsabilité, soit identifiée aux yeux des opinions européennes comme « una terra d’accoglianza è d’ospitalità ».

Mais la question de l’ouverture des ports relève des compétences régaliennes de l’État, et le gouvernement français a finalement décidé de dérouter l’Ocean Viking vers le port de Toulon. Quand il est passé au large de Bastia, les plus en danger ont été secourus et hospitalisés.

Rien ne laisse penser que les pressions migratoires vont diminuer ces prochaines années. Chacun à son niveau cherchera à faire son possible. Mais c’est une solution politique européenne, fondée sur la solidarité et sur un esprit d’humanité, qui est nécessaire pour affronter ce problème global et durable. •

F.A.