L’OPH de la Collectivité de Corse (anciennement OPH 2B) vient de vivre des moments tragiques et de véritables scènes de guerre. Ils touchent qui plus est un public en difficultés, au coeur des quartiers sud de Bastia et d’une précarité grandissante en Corse. Et c’est dans cette misere que l’injustice d’une situation extrême vient en plus frapper.
Qui pouvait pressentir la folie meurtrière qui s’empare d’un homme, même si on le disait taciturne, antipathique, au point d’avoir une allure qui « fait peur » ? Qui pouvait imaginer la tragédie sur des ressentis ? Nul n’est armé pour anticiper de la sorte.
Le même type de drame se produit hélas régulièrement partout dans le monde, dans des écoles ou des universités, lieux ultra sécurisés où l’on est censé protéger les enfants, dans des rues, dans des églises, et même dans des instances d’élus, comme il y a quelques années au Conseil municipal de Nanterre, tuant et blessant plusieurs élus qui y siégeaient…
Les plus grands experts mondiaux se penchent sur les mécanismes qui conduisent à ces drames sans pouvoir apporter de réponse. Ce 30 janvier 2019, dans une Résidence d’ordinaire tranquille de la Route Impériale, qu’est ce qui a pu enclencher ce déchaînement de violence ? Un regard de travers ? Un mot échangé ? Un souvenir frustré ? Les faits s’enchaînent terriblement pour plonger dans le drame tout un quartier.
Premières agressions au cutter, deux blessés, et c’est l’assurance de connaître à nouveau la prison pour un homme qui y a déjà été incarcéré de longues années pour assassinat. Tout bascule alors, avec une terrifiante évidence, comme cela a déjà été le cas dans de précédents tragédies, hélas, seulement une fois les actes connus : lorsque l’on a des armes en sa possession, le drame est quasi inéluctable.
La suite, on l’a connaît, le forcené n’avait plus rien à perdre, et a déroulé son plan macabre à l’aveugle, se déplaçant dans les étages, tirant sur les portes, terrorisant les locataires, blessant mortellement le gardien qui lui avait rendu bien des services auparavant, et d’autres personnes, dont un policier du commissariat de Bastia et un jeune homme qui luttent encore pour se rétablir. Même l’intervention du RAID n’a rien pu y faire, c’est l’agresseur qui a lui-même retourné son arme contre lui pour mettre fin à cette tragédie, probablement dans un éclair de conscience.
Trois jours plus tard, les plaies non encore refermées, le traumatisme ressurgit avec la découverte d’un corps dans l’un des appartements de l’immeuble.
Mort naturelle? Malaise suite au drame? On l’ignore à l’heure actuelle mais le bilan global de ces derniers jours est épouvantable pour l’Office Public de l’Habitat qui se démène quotidiennement pour répondre aux attentes de son public, et pour des habitants qui ont besoin de tranquillité et de réconfort.
Oui, tout ça est profondément injuste et il sera difficile de s’en relever.
Que faire alors ? Être auprès de la famille de Auguste Bracconi qui a perdu la vie en se rendant sur place pour aider les autres, être auprès des blessés sur leur lit d’hôpital, auprès des locataires traumatisés, auprès des agents de l’OPH profondément choqués. Se serrer les coudes pour entourer les victimes au mieux et faire en sorte, pour eux, pour leur famille, que la vie reprenne le dessus.
F.G.