Il y a 10 ans ARRITTI consacrait son numéro spécial du mois d’août aux 50 ans du nationalisme corse, avec pour grand témoin Max Simeoni, qui fut l’un des fondateurs du nationalisme corse moderne.
Ce dossier était dédié à la jeunesse corse qui n’a pas connu les événements que nous traitions, sans exhaustivité bien sûr, mais avec pour objectif de « donner à a nostra ghjuventù un éclairage sur ce qu’ont pu être ces 50 années de lutte du peuple corse : très riches en évènements, très lourdes en conséquences, pleines de sacrifices et de souffrances, mais aussi chargées d’enthousiasme et de volonté d’être d’un peuple en marche vers son destin. La suite, c’est à cette jeunesse de l’écrire, mais elle se doit de jeter ce regard vers ce passé pour en tirer les meilleurs enseignements par elle-même. È cusì, a longa catena di u nostru pòpulu firmerà sempre sodda da tramandà à e nove generazioni u soffiu chì ci hà purtatu sin’à quì. Tocc’à tè o ghjuventù à scrive e pròssime pàgine di a nostra stòria. »
Dans ce numéro, Max Simeoni adressait lui aussi un message à notre jeunesse que nous voulons transmettre inlassablement : « J’ai confiance, sinon j’aurais renoncé depuis longtemps, dans notre jeunesse, même si tout a changé. J’ai vécu les derniers moments de l’économie pastorale et de la transhumance, et ceux des premiers néons du tourisme. Les jeunes sont dans la mondialisation numérisée, le tourisme, certaines dérives du libéralisme, ils doivent maîtriser les données. La providence leur a donné un pays magnifique. Vont-ils le laisser à d’autres ? Je ne crois pas ! Ils ont une langue, une culture assez forte pour accueillir généreusement et rester maîtres chez eux. Qu’ils soient Corses, fiers de l’être. Leur île de refuge historique peut être un exemple de société nouvelle, fraternelle, dynamique et ouverte. Leurs ancêtres ont su résister, bien ou mal. Certains ont été à l’avant-garde de la civilisation (Pasquale Paoli). Être soi-même collectivement pour mieux comprendre le monde. Être Corse et fier de l’être. »
Quel plus beau message délivrer aux jeunes corses ? Quel plus beau challenge pour l’avenir ?
Il y a eu la « Génération Aleria », qui a fait renaître la conscience nationale et arraché le premier statut de la Corse en 1982, puis la génération sacrifiée de la répression dure des années 80-90 avec notamment les barbouzes de Francia, les années Pasqua, les folies de la raison d’État qui ont conduit jusqu’à l’affaire Bonnet…
Aujourd’hui la jeunesse a-t-elle conscience qu’elle est la « Generazione Autunumìa » ? Celle qui arrachera le statut, source de tant de luttes menées depuis 60 ans, et celle qui aura l’immense privilège de le mettre en action. Chì magnìfica scumessa ! •