Diocèse d’Aiacciu

Monseigneur Bustillo nommé Cardinal

Monseigneur Bustillo, évêque de Corse
Surprise ce 9 juillet 2023, pour la Corse, pour l’ensemble du diocèse catholique de Corse, et pour lui-même qui n’était vraisemblablement pas dans la confidence, Monseigneur François Bustillo vient d’être nommé Cardinal par le Pape François parmi les 21 nouveaux Cardinaux !

 

 

Dans la religion catholique, c’est la plus haute distinction après le Pape. Et c’est la première fois qu’un Evêque de Corse, toujours en poste, est nommé Cardinal. La bonne nouvelle, puisque très apprécié dans l’île, c’est qu’il demeurera Evêque d’Aiacciu en sus des charges qui seront les siennes à compter du 30 septembre prochain pour aider le Pape dans sa mission.

C’est le collège des Cardinaux qui élit le nouveau Pape, choisi parmi eux (de moins de 80 ans), durant le Conclave. C’est dire l’importance et si la Corse qui compte désormais deux Cardinaux, Dominique Mamberti et François Bustillo, est honorée !

Actuellement au nombre de 116, les Cardinaux « exprime l’universalité de l’Église qui continue à annoncer l’amour miséricordieux de Dieu à tous les hommes de la Terre » a dit le Pape François ce 9 juillet Place St Pierre de Rome. Plus politiquement, il a un peu plus ouvert le Cardinalat à des personnes proches de sa vision volontiers réformatrice pour « réparer l’Église ».

Basque d’origine, né à Pampelune en Navarre, en 1968, ordonné prêtre le 10 septembre 1994, Monseigneur François-Xavier Bustillo était en place en Corse depuis le 13 juin 2021 après avoir notamment été curé puis vicaire épiscopal à Narbonne, puis gardien du Couvent franciscain Saint-Maximilien de Lourdes.

De formation et conviction franciscaines, il aime le contact et aller au-devant des fidèles. Ce qui fait qu’il est aimé par eux pour sa proximité, son écoute et sa compréhension des problèmes corses. Depuis sa nomination, il a cherché à apaiser par ses prises de parole à chaque moment difficile, comme lors de l’assassinat d’Yvan Colonna, où on l’a vu s’agenouiller devant le parvis de la Cathédrale d’Aiacciu pour se recueillir et prier lorsqu’il était dans le coma. Il avait aussi fait sonner les cloches du diocèse pour appeler à l’unité et à la paix. Il a beaucoup communiqué pour appeler au calme durant les tensions qui ont suivi la mort d’Yvan. Puis encore durant le processus de Beauvau. Il s’adresse souvent à la jeunesse de Corse comme le jour des Rameaux avec sa tribune libre (bilingue ! ) « Lève toi » adressée aux Corses, mais surtout aux jeunes Corses : « Il ne faut pas répéter l’histoire mais la réparer » avait-il dit, appelant à « sauver l’âme de ce peuple ». « Chers jeunes de Corse réparez la confiance, créez un tsunami d’espérance, imaginez une société libérée, pacifiée et réconciliée. Vous méritez d’être écoutés. Vos aspirations légitimes partent de vos idées, tendent vers l’idéal et s’éloignent de l’idéologie. Vous le savez, un peuple divisé s’auto-fragilise. Vous avez la sublime et noble responsabilité de conserver et de transmettre un patrimoine humain, culturel et spirituel unique. Engagez-vous pour que le génie corse soit exploré et exploité. » Un discours politique au sens le plus noble du terme !

Il s’est dit heureux et surpris de cette nomination, soulignant le « lien magnifique entre Rome et la Corse ». « Je reste avec mon peuple, je vais continuer à donner et à aimer ce peuple. J’ai été très ému et très touché par tous les signes d’affection que j’ai reçus de la part des Corses. Dans le milieu politique, économique, culturel, partout dans l’Eglise, croyants ou pas croyants » a-t-il ajouté. « J’aime la Corse. Je porte une alliance, ce n’est pas un bijou, c’est un lien avec un peuple. Quand j’ai dit oui à la Corse, j’ai dit oui d’une manière totale. » Interrogé sur Via Stella qui lui demandait s’il serait ainsi notre voix à Rome, il a répondu sans détour « absolument ».

Et l’île a bien besoin d’ambassadeur de paix.

Merci Monseigneur. •

Fabiana Giovannini.