par François Joseph Negroni
Une heure d’éducation civique par semaine : c’est l’une des annonces d’Emmanuel Macron lors de sa récente conférence de presse à l’Élysée, le 16 janvier dernier. Alors que les contours de ces annonces restent à préciser, une question se pose : quelles opportunités cette réforme offrira-t-elle à la Corse, notamment dans l’adaptation du programme d’éducation civique ? Et plus largement, de quelles marges de manœuvre bénéficiera la future Collectivité autonome de Corse pour faire de l’éducation le cœur battant du processus de développement de ses enfants, afin de leur permettre librement et à l’école de connaître leur histoire, leur culture, de parler leur langue, et bien évidement, comprendre le fonctionnement de leurs institutions. Combien de jeunes aujourd’hui connaissent le fonctionnement de l’Assemblée de Corse, l’existence et le rôle du Cesec, de la Chambre des territoires ou de l’Assemblea di a Giuventù ?
La connaissance des institutions est cruciale dans la construction d’une société émancipée et démocratique. C’est pourquoi la jeunesse corse doit comprendre le monde dans lequel elle vit, se développe, d’autant plus que le futur statut d’autonomie permettra d’adapter et d’adopter des lois. D’une proposition de loi à sa promulgation, en passant par le fonctionnement de l’Assemblée de Corse, ses instances consultatives, le rôle des élus, des conseillers exécutifs et de son président, le rôle des agences et offices, la jeunesse de ce pays doit avoir les cartes en main pour décider librement de son avenir, que nous voulons et devons construire de manière apaisée et démocratique.
L’histoire récente de la France montre comment l’éducation a été utilisée pour tenter de réduire à néant notre culture, notre identité, et bien sûr notre langue. Aujourd’hui, l’éducation doit être une des solutions permettant de retrouver ce que nous sommes, un peuple. Pour cela, il est essentiel de pouvoir adapter les programmes scolaires, sans dénaturer le socle commun que tout élève est en droit de maîtriser, mais en apportant le socle commun que tout Corse doit posséder.
C’est pourquoi la proposition d’Emmanuel Macron doit s’inscrire dans une vision qui dépasse le cadre traditionnel du jacobinisme français, et s’adapter pleinement au futur statut d’autonomie de la Corse.
Cet enjeu dépasse largement le cadre de l’éducation civique ; il s’agit de la reconstruction d’une identité que nous sommes en train de perdre, de l’avenir de notre démocratie et de notre peuple. Alors oui, d’aucuns diront que le Corse s’apprend à la maison, mais, au vu des difficultés que nous rencontrons, bâtir un socle solide à l’école ne saurait être de trop. •