Mégabassine de Sainte-Soline, abérration écologique

Serge, entre la vie et la mort

Piscines gigantesques puisant l’eau dans les nappes phréatiques l’hiver, pour alimenter le secteur agricole en période de sècheresse, les mégabassines posent plusieurs problèmes : celui de la confiscation de l’eau, qui est un bien public, au profit d’une agriculture qui n’est pas raisonnée et ne s’adapte pas aux bouleversements climatiques, pour continuer à alimenter un modèle agro-industriel dévastateur pour l’environnement ; celui de la pression sur les ressources car, si la sècheresse est vraie en été, elle l’est aussi de plus en plus en hiver ; celui aussi de la stupidité parce que une grande partie de ces réserves de plein air va s’évaporer à la saison chaude, ce qui est un gâchis monumental pour une ressource qui se raréfie. Pour les écologistes, il faut repenser le modèle agricole et de gestion de l’eau en privilégiant des solutions plus économes, respectueuses de l’environnement, et concentrer les financements publics au soutien à une agriculture écologique.

Les manifestations se multiplient depuis des années pour combattre ces projets qui avancent à marche forcée.

À Sainte Soline le 25 mars dernier, une manifestation a rassemblé 20 à 30.000 personnes. Elle était annoncée comme une démonstration de désobéissance civile sur le site de la construction d’une mégabassine, c’est-à-dire en plein champs. N’aurait-il pas été plus responsable de la laisser se dérouler paisiblement ? Au lieu de cela, le gouvernement a mobilisé 3200 gardes-mobiles qui ont utilisé en l’espace de 2 heures quelques 5000 engins explosifs pour aller défendre un trou dans la terre ! Nul bâtiment, nul engin exposé dans cette affaire, seulement un trou dans la terre…

Résultat, des centaines de blessés, certains gravement, et deux personnes dans le coma.

L’une d’elle, est un corse, accompagnateur en montagne, Serge Duteuil-Graziani, dont la famille est honorablement connue dans l’île.

L’annonce de cette mobilisation policière a conduit certains manifestants à se préparer et riposter par jets de coktails molotov. Plusieurs associations membres des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières, qui s’étaient aussi mobilisés à l’annonce de cette confrontation inévitable, ont pu témoigner des violences policières durant plusieurs minutes avant que les manifestants les plus déterminés ne ripostent à leur tour (lire ci-contre).

On a donc assisté à des scènes de guerre. Fait aggravant, comme le dénonce notamment la Ligue des droits de l’Homme, les forces de l’ordre ont interdit aux secours de se rendre auprès des blessés, y compris des blessés en « urgence absolue ».

Un rapport complet sera produit ultérieurement par la LDH.

France Insoumise a demandé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.

À Bastia, Aiacciu, comme devant de nombreuses préfectures en France, des rassemblements ont eu lieu ce 31 mars pour protester contre les violences policières (lire ci-contre) et apporter soutien aux blessés et à leur famille. Serge est actuellement hospitalisé dans le coma, son pronostic vital est engagé, touché à la tête par une grenade GM2L qui a endommagé son cerveau, mais aussi d’autres organes touchés par l’onde de choc. Ses parents ont porté « plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité ». Ils dénoncent les articles parus dans la presse « inexacts ou mensongers ».

Pour en finir avec les violences policières, signez la pétition. •

F.G.
https://chng.it/qPtDBZGSMf