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Comment protéger le logement du phénomène spéculatif ?

par François Joseph Negroni

 

La tension foncière et immobilière atteint en Corse un paroxysme qui semble s’étendre à l’infini, tant la situation se dégrade et le retour en arrière devient de plus en plus difficile. La solution la plus évidente réside dans le statut d’autonomie et la possibilité de créer un véritable statut de résident, mettant un frein significatif à la logique spéculative, et notamment la logique du AirBnb. En effet, la plateforme s’est rapidement présentée comme modèle d’une « économie de partage ». C’était un leurre, et l’économie occidentale a mordu à l’hameçon. Les plus beaux logements, les mieux placés, sont ainsi soustraits aux Corses pour être loués trois à quatre fois plus chers que dans le marché locatif de longue durée, ce qui n’a fait qu’encourager la surenchère des prix. Beaucoup d’investisseurs ont acquis des dizaines de logements dans ce but, qu’ils louent toute l’année. On est très loin de « l’économie de partage », on devrait plutôt parler d’un pillage. Comment se combat est mené ailleurs dans le monde ? Profitons de ce court format pour citer trois exemples qui peuvent servir de base de réflexion.

 

Le premier exemple est celui de la ville de Vienne. L’offre de logement est particulière en ce que les habitants sont à 76 % locataires. Cependant, leur statut est très stable grâce à la mise en place de baux illimités, transmissible aux héritiers, et avec une part du revenu consacrée au logement qui est assez faible, et aucune location touristique n’est autorisée dans les logements municipaux, coopératifs ou privés à loyer plafonné. Le second exemple provient des États-Unis et du modèle des Community Land Trust, qui est une société à but non lucratif, propriétaire du terrain et qui vend les bâtiments aux occupants pour en faire leur résidence principale, avec l’engagement de ne revendre qu’à des personnes agrées de ce trust, et à un prix contrôlé. Les propriétaires récupèrent donc leur épargne et peuvent se reloger plus tard dans le marché privé. Cette dissociation foncier-bâti et les loyers calculés sans marge (-30 % à 50 % par rapport au privé), font économiser beaucoup d’argent aux habitants. Enfin, le troisième exemple concerne les coopératives d’habitants à Genève et Zurich, qui proposent une nouvelle forme de propriété. C’est la coopérative qui emprunte, réalise l’immeuble et le loue à prix coutant à ses locataires-coopérateurs, s’autorisant même à baisser les loyers lorsque les emprunts sont remboursés.

Nous le voyons, ce phénomène spéculatif présent fortement en Corse, limitant l’accès à la propriété notamment de notre jeunesse, doit être l’occasion d’innover, de s’appuyer sur ce qui se fait de mieux ailleurs, pour appliquer chez nous des lois pleinement adaptées permettant de construire la Corse de demain. Parlà corsu, travaglià è campà in Corsica. Eccu ciò chè no vulemu pè a nostra ghjuventù ! •