I messaghji d'Edmond Simeoni

La non-violence active

Edmond Simeoni, militant de la démocratie
Edmond Simeoni, militant de la démocratie
Edmond Simeoni était un militant de la non-violence. À l’heure où des velléités de reprise de clandestinité se font jour ne pouvant nous entraîner que dans une fuite en avant, dangereuse pour la cause du peuple corse, il est bon de rappeler ce texte rédigé le 23 février 2018. Extraits.

 

« Il est fréquent d’entendre dire : il n’y a pas d’autre riposte à la violence, politique ou d’origine économique, sociale, culturelle – organisée, institutionnelle, impunie – que le recours à la force elle-même ; donc, suivant cette affirmation, il n’y a pas d’autre solution que le recours à la violence de légitime défense qui serait le seul moyen de combattre la violence mère.

Il s’agit d’une fausse logique, et d’une erreur car on peut se battre, sans aucune violence, sur tous les terrains de la démocratie, du civisme, de la citoyenneté, pour contribuer à établir une société apaisée, plus juste, diminuer ainsi les causes de conflit. Et aussi, pour mettre un terme aux injustices, participer à arracher des solutions équitables.

Nous connaissons très bien cette problématique coloniale en Corse, où d’autres nationalistes avaient choisi la voie de l’indépendantisme et de la violence clandestine – ils ont renoncé, de manière responsable à celle-ci définitivement, ce qui nous a permis d’accéder ensemble aux responsabilités politiques et a beaucoup renforcé le camp de l’émancipation de la Corse – ; les nationalistes modérés, ayant abandonné les manifestations violentes après Aléria, préfèrent un statut d’autonomie et ont utilisé tous les moyens du combat démocratique ; ils écartent la violence.

 

Le choix de la non-violence n’est pas un choix de défaitisme, de peur, de renoncement ; il est au contraire un choix adapté de lutte, civique, déterminée. Elle seule peut faire gagner la cause du peuple corse, élargir le consensus insulaire, dans l’île et dans la diaspora, et bénéficier de la sympathie internationale. Outre qu’elle nous libérera, elle nous permet de construire un Pays dévasté par le colonialisme, dans et par la démocratie, le travail, la responsabilisation, la solidarité.

Mon ami François Vaillant (MAN – Mouvement d’Alternative Non Violente), travaille dans ce domaine avec, notamment mon autre ami, Jean-François Bernardini (Umani) qui, avec sa Fondation, a formé plus de trois mille formateurs à la non-violence- dans les écoles, à l’Université, dans les entreprises !!!! En Corse et même sur le continent. Quel challenge, quel exemple, et quelle volonté !!! Il faut rendre cette évolution contagieuse, imparable.

François m’a recommandé vivement deux ouvrages de son ami Jean-Marie Muller : « Stratégie de l’action non-violente » (Seuil), ce livre est ancien mais il demeure d’actualité et central pour élaborer un rapport de forces politique, alliant morale et politique et le « Dictionnaire de la non-violence », éditions du Rocher. Cet ouvrage présente et commente ce qui a rapport à la non-violence, par exemple : agressivité, contrainte, grève de la faim, non-coopération, boycott, etc. Plus de cinquante mots et autant de sésames…

 

Mais surtout François Vaillant me rappelle la belle liste d’actions non violentes recensées par Gene Sharp, c’était un chercheur nord-américain.

(…) Le refus par l’État de tout véritable dialogue, sa création permanente de « lignes rouges », en fait des préalables qui rejettent nos revendications essentielles concernant la langue, l’identité, le futur statut… vont nous obliger non pas à radicaliser nos thèmes, non pas à choisir les voies de la violence, dans une fuite en avant suicidaire ; tout au contraire, il nous faut utiliser les élections, les luttes pacifiques de terrain dans tous les domaines, dans tous les combats contre l’injustice, le non-droit, pour la démocratie et les valeurs de l’humanisme. Il existe d’après Gene Sharp 198 moyens de faire céder l’État pacifiquement, sans oublier l’impérieuse nécessité d’une communication maîtrisée, argumentée et largement diffusée tant en Corse qu’en Europe et au-delà. La panoplie pour contester la politique de l’État est plus que fournie. Il suffira d’y puiser, quand on aura établi la feuille de route. On peut mesurer ce que serait, par exemple, la réalisation à terme d’une grève générale de toute la Corse où l’État serait lui-même très impacté.

(…) L’État n’a pas les moyens de nous interdire quoique ce soit tant que nous restons dans le cadre de la légalité et nul ne peut nier que nous progressons dans tous les domaines. Un jour, pas très lointain à mon avis, le droit et les progrès de la société corse contraindront l’État à rejoindre la réalité du terrain par la mise à jour, indispensable des Institutions de l’Île : une Autonomie de plein exercice. » •