Umagiu à Màssimu Simeoni

Màssimu, in ritrattu

Aleria. Depuis son QG à Bravone, Max Simeoni suit les évènements et reste en contact permanent avec son frère, Edmond. Tout de suite après le drame, Edmond en prison, il a en charge de relever le mouvement, de remobiliser les militants inquiets et de préparer le procès où son frère risque la peine de mort…
Il ordonne le déménagement des archives du siège de l’ARC (notre photo) dissout par le Gouvernement (heureusement, Arritti fut protégé de toute dissolution, en déclarant le titre au nom de la mère de Max, Carlita Simeoni).
Le peuple corse, pourtant non préparé à une lutte aussi difficile, ne s’y trompe pas et défend l’action de l’ARC car l’irresponsabilité du ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, aux manettes au Gouvernement déserté par le Président de la République (Valery Giscard d’Estaing) et son Premier ministre (Jacques Chirac) tous deux en vacances… n’échappe à personne. « Le sang ne tache pas les mains du peuple corse, il souille celles des hommes qui ont préparé, organisé et commandé un assaut stupide, inutile et inhumain » dénonce Max Simeoni dans une phrase devenue célèbre.

La création de l’UPC le 15 juillet 1977, devant 6000 militants… Max, au maquis après l’affaire d’Aghjone, y fait une courte apparition, protégé par les militants du Fium’Orbu, ses grands fidèles de toujours (à sa droite Michè Polini). Il est acclamé par la foule et vole – un temps – la vedette à Edmond… les deux piliers du nationalisme corse auront marqué l’Histoire de leur empreinte. « Il y a un peuple corse, il y a une nation corse, qui doivent être reconnus » répétait inlassablement Max Simeoni.

L’affaire du drapeau à Corti est moins connue du plus grand nombre, noyée dans la multitude des actions menées pour la reconnaissance des droits du peuple corse. C’est pourtant une croustillante anecdote que Max s’amusait souvent à nous raconter…
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 1975, il est informé par des militants de l’ARC dissoute que le drapeau corse qui trônait sur la statue de Pasquale Paoli à Corti, a été enlevé par des gendarmes. « À l’heure où n’existaient ni réseaux sociaux, ni téléphones portables, en peu de temps, des centaines de personnes en colère affluent pour exiger la restitution du drapeau » nous confiait-il. La tension est extrême, quelques semaines seulement après les événements d’Aleria. Sept barrages de gendarmerie sont dressés. Les commerces ferment dans la crainte d’échauffourées. Le syndicat Strada Corsa bloque toutes les routes de l’île, l’affaire gagne la Corse entière.
Le maire de Corti, Michel Pierucci, joue les médiateurs avec l’archiprêtre Louis Vincenti. Les gendarmes incriminés prétextent qu’ils voulaient « emporter un souvenir » (sic). Le 20 septembre, ils sont sommés de remettre le drapeau en place et « seront très sévèrement punis » informe leur hiérarchie… Ce qui est fait sous les hourras de la foule… Le calme revient… presque ! Le soir, une charge explose devant la gendarmerie de Fulelli. Max Simeoni commente : « Les attentats au plastic ne sont pas notre fait mais celui d’organisations clandestines. Son combat, le peuple corse le mène à visage découvert. » Une conviction profonde qu’il ne cessera d’asséner, lui qui plaida toute sa vie pour l’arrêt de la clandestinité.
Sur notre photo, on distingue à gauche, le compagnon de tous les combats, le cadet des frères Simeoni, Roland, qui veille à ce que le drapeau soit correctement remis en place par les gendarmes, le sous-préfet de Corti, M. Lafferrière et le conseiller général Jean Colonna.
C’était quand même de sacrés militants dans ces années-là !

Max Simeoni est le premier député européen des peuples et des régions en France. Élu en 1989 sur la liste des Verts conduite par Antoine Waechter, il y sera un inlassable défenseur des minorités et des droits des nations sans État.
Cofondateur de l’Alliance Libre Européenne, il siège dans le premier groupe des députés nationalistes, appelé alors groupe Arc-en-ciel. Ci-contre avec ses collègues et amis, les eurodéputés, basque Karlos Garaitcotxea (EA à sa gauche), ou sarde Mario Melis (Psd’Az 2e en partant de la droite), avec le président du Parlement de Lettonie pour soutenir les Pays Baltes lors d’un voyage à Vilnius. Les eurodéputés et les partis des autres nations sont d’excellents alliés grâce à l’action des frères Simeoni sur la place européenne. Les flamands notamment avec Willy Kuijpers (initiateur de la Charte européenne des langues minoritaires) qui avait dit lors d’un meeting à Aiacciu : « je serais le député de la Corse à Bruxelles ! », ou encore Maurits Coppieters qui donnera son nom à la Fondation de l’ALE, et Jaak Valdemeulebroucke, assis à la droite de Max lors d’une réunion au Parlement européen. Mais on peut citer encore nombre d’européens la galloise Winny Ewing, le galicien Camillo Nogueira, l’écossais Neil MacCormick, et tant d’autres au cours des années de construction sur la scène européenne dont Max Simeoni fut un initiateur. Même chose auprès des Régions et des peuples en France dont il s’était fait le défenseur lors de son mandat puis cofonda en 1994 la Fédération Régions & Peuples Solidaires rassemblant les partis autonomistes dans l’hexagone : photo en campagne, au Pays Basque avec ses amis (à droite sur la photo 1) l’occitan Gustave Alirol qui a présidé durant 20 ans R&PS et Jakes Abeberry, rédacteur en chef du pendant basque d’Arritti, l’hebdomadaire Enbata qui lui a rendu un vibrant hommage cette semaine.

Aghjone, 22 août 1976. Max Simeoni, après avoir donné une conférence de presse solennelle, plastique à visage découvert la cave du colon Cohen-Skalli pour dénoncer le scandale de la vinasse qui se poursuit et endiguer les menées barbouzes du préfet Riolacci. Il prend le maquis (lire par ailleurs dans son interview) et n’en sortira qu’au départ du préfet.
Max combat comme la peste le risque d’affrontements entre Corses qui sont dans les objectifs du gouvernement par l’intermédiaire de ces officines. Élu à l’Assemblée de Corse en 1984, il mènera une action symbolique (notre photo 2) contre le SAC de Pasqua pour dénoncer le danger.
Il tentera aussi de prévenir des dérives du préfet Bonnet, fraîchement débarqué en 1998 après l’assassinat du préfet Erignac, en donnant une conférence de presse à Bastia pour dénoncer les pratiques qu’il avait eu dans son précédent poste en Catalogne Nord. Là encore, il avait vu juste !

Un paciere. L’une de ses obsessions, construire la paix, pour cela il s’est employé à apaiser les tensions, éviter à tout prix l’affrontement, particulièrement entre Corses, encore plus entre nationalistes. Il a toujours, avec tous, été un homme de dialogue. Il est énormément intervenu auprès des différentes tendances de la Lutte de Libération Nationale, avant et après la lutte fratricide. Il est d’ailleurs l’un des signataires des Accords de Migliacciaru. Avec François Alfonsi, il a fait en sorte aussi qu’Arritti joue son rôle sur ce sujet. Ici avec John Hume, prix Nobel de la Paix irlandais en 1998, venu à Bastia à l’invitation de notre hebdomadaire (avec le Père Gaston Pietri sur la photo). Deux ans plus tard, c’est Michel Rocard, ancien Premier ministre, qui venait porter un même message pour construire la paix.

Le Dr Lafay. L’une des grandes blessures de sa vie d’homme, de médecin et de responsable politique, fut celui où, à la sortie d’un débat où il dialoguait sur France 3 Corse avec le Dr Lafay, vétérinaire, qui avait créé une association d’aide aux victimes du terrorisme, ce dernier est assassiné de deux balles dans le corps le 17 juin 1987 à Aiacciu. Max s’emploie immédiatement à le ranimer, en lui faisant du bouche-à-bouche, en donnant des consignes aux pompiers. Mais les blessures sont trop graves et le Dr Lafay décède peu après à l’âge de 49 ans. Le 31 décembre 1982, après la création de son association, il avait déjà reçu trois balles dans l’épaule, attentat revendiqué par le FLNC.
Le meurtre sera également revendiqué par le FLNC. Ce sont des années noires du nationalisme LLN. Le MCA est dissout, il est remplacé par la Cuncolta Naziunalista. Le commissaire Broussard est nommé en Corse.

Arritti, a so òpera ! L’intelligenza è a visione di l’omu l’anu fattu vede ghjustu torna quand’ellu hà creatu Arritti. Vulìa un spaziu di spressione cuntìnua per sparghje l’edee, sveglià a cuscenza, strutturà a lotta… Quasi 60 anni dopu, malgratu e difficultà è e tràppule di u Statu giacubinu, Arritti hè sempre arrittu ! Nant’à e fottò, l’anniversariu di i 30 anni, quellu di i 40 anni, è u nostru fundatore in traccia di scrive u so edituriale… Màssimu, a vostra piuma fermerà sempre nant’à u vostru settimanale !

 

 

 

Max Simeoni suscitait en permanence des actions militantes, comme ici en 1989, où il revendiqua le démontage de panneaux routiers non écrits en corse. Les militants UPC menèrent durant des mois des actions sur le réseau avec le slogan : « paesi corsi, nomi corsi ! » Le résultat de cette « récolte » fut présenté à la presse par Max, protégé par son mandat européen qui lui évitait des poursuites.
Un combat gagné (pas seulement par l’UPC) à rombu di luttà, puisqu’aujourd’hui les panneaux sont bilingues.
Il a toujours été très impliqué et soucieux des luttes quotidiennes, pour la langue, la culture, l’économie, comme la mise en place de la société de capital-risques Femu Quì. Il aimait à citer l’exemple de la coopérative de Mondragon. Ou pour défendre Air Corsica (sur la photo avec son premier président Philippe Ceccaldi, et François Alfonsi qui fut l’un des promoteurs de la compagnie aérienne). Très soucieux de la question de l’eau ou de l’énergie, notamment du développement de la filière bois, de celle des déchets (on se souvient de son action décisive contre l’immonde décharge de Teghjime), de l’obtention d’un statut fiscal, dont il vantait les mérites d’un Poseima (à Madère et aux Açores) revendiquant un Poseicor (pour la Corse). Et tant d’autres luttes qui lui doivent beaucoup.