Umagiu à Màssimu Simeoni

Max Simeoni, u fundatore

Fondateur d’arritti, le 8 décembre 1966, Max Simeoni était aussi le fondateur du nationalisme corse moderne. Edmond Simeoni, disparu il y a 5 ans, disait de son frère aîné : « il m’a tout appris ».

Max était aussi parmi les fondateurs de l’Alliance Libre Européenne (en anglais EFA Party) au début des années 80, qui regroupe aujourd’hui 46 partis nationalistes en Europe dont plusieurs aux responsabilités. Il était co-fondateur de la Fondation Maurits Coppieters, rattachée à l’ALE, et co-fondateur de la Fédération Régions & Peuples Solidaires, dans la foulée de sa candidature à l’élection présidentielle de 1994. C’était un défenseur infatigable des luttes de peuples et nations sans État, même les plus petits, les plus oubliés, car il était profondément humaniste et savait que pour construire un monde meilleur, c’est au plus près des luttes, qu’il faut se trouver. D’une détermination à toute épreuve, Il était prêt à tous les combats, tous les risques, comme en 1976, un an après les évènements d’Aleria, où pour secouer encore le joug jacobin qu’il n’a jamais cessé de dénoncer, il a fait sauter à visage découvert la cave du colon Cohen-Skalli car les trafics dénoncés à Aleria se poursuivaient. Il a tenu un an le maquis. Reparu au départ du préfet Riolacci (qui avaient mis en place les réseaux barbouzes), après quelques mois de prison, l’État ne l’a pas poursuivi car cela aurait mis l’accent sur les dérives du Gouvernement. Dérives qu’il a continué à dénoncer inlassablement, notamment pour combattre l’action des barbouzes de Francia, quelques années plus tard encore à travers l’affaire Bastelica-Fesch.

Co-fondateur de l’APC (Associu di i Patriotti Corsi), de l’ARC, puis de l’UPC, il a cofondé aussi le PNC avant de s’en détacher à la création de Femu a Corsica, mais toujours en gardant sa libre pensée, à travers notamment les éditoriaux d’Arritti. De tout temps, il n’a cessé de plaider pour un mouvement fort dans ses pratiques démocratiques et sa capacité à associer le peuple corse aux décisions. Il a maintenu même dans les pires moments un dialogue indispensable avec l’ensemble de la famille nationaliste pour agir sur ses évolutions positives et tenter de prévenir l’affrontement entre Corses. Il a toujours été disponible au dialogue y compris avec l’État, pour faire passer les messages indispensables. Il a notamment participé activement au processus qui a conduit au statut Joxe, en faisant partie de « la bande des quatre » (avec Laurent Croce, Henri Antona et José Rossi), élus associés par le ministre pour mettre au point le statut, hors de l’influence négative des clans. C’est lui qui arrachera dans ce processus la reconnaissance du peuple corse. Elle sera votée par l’Assemblée nationale dans la loi Joxe, mais malheureusement censurée par le Conseil constitutionnel, malgré la tentative de Mitterrand qui introduisit l’ajout « composante du peuple français »…

Il a tant apporté au nationalisme corse et européen, qu’il est difficile de faire la synthèse d’une vie si forte d’engagement à travers ce numéro spécial. La Corse peut s’énorgueillir d’avoir eu parmi ses fils, deux frères (sans oublier le cadet Roland toujours à leurs côtés) qui sont des pères fondateurs et ont énormément compté. Si Edmond c’était le charisme et l’énergie bouillonnante, Max était le penseur, le stratège, le visionnaire. Il avait beaucoup lu des luttes de libération nationale et beaucoup étudié l’histoire des peuples, et par son intelligence d’analyse des situations, il avait cette obsession de chercher à comprendre les mécanismes, à les démonter, pour en tirer les meilleures leçons et méthodiquement réfléchir à comment sensibiliser toujours mieux, à toucher le plus grand nombre par des pratiques démocratiques qu’il rêvait d’installer durablement. Il savait que pour bâtir le développement, une nation, il fallait un peuple conscient qu’il est un peuple, et prêt à s’investir quotidiennement pour son avenir. Et qu’il fallait pour cela un parti uniquement voué à cette mission.

Ce combat reste encore à gagner. Inspirons-nous des enseignements qu’il a pu laisser durant toute une vie d’engagement et de passion pour la Corse et pour son peuple. •

Arritti