Il faut sauver le Sporting Club de Bastia

Chaque année des clubs de football sont relégués en Ligue 2. Cela fait partie du sport. Et ce n’est pas si grave s’ils se donnent les capacités de rebondir. Une remise en cause est alors nécessaire pour relever le défi et construire un projet synonyme de nouvelle accession parmi l’élite. Depuis l’annonce de la relégation du Sporting Club de Bastia, rien n’a vraiment filtré quant à ce nouveau projet pour les bleus. L’inquiétude grandit parmi les supporters, et bien au-delà.

Le sport quelle qu’en soit la discipline, c’est avant tout une passion saine qui conduit à de formidables partages d’émotions, un rôle sociétal indéniable donc, indispensable même, et c’est surtout, en Corse notamment, une aspiration identitaire dans le bon sens du terme, à condition de veiller à une frontière fragile pour que ce point de repère ne devienne pas un exutoire négatif. Il faut pour cela gérer des équilibres, toujours mettre en avant un état d’esprit collectif, soudé, respectueux de l’humain, du groupe que l’on a en charge, des règles et de l’adversaire. C’est alors que l’on vit des moments de communion extraordinaire comme nous en a fait vivre le Sporting Club de Bastia à plusieurs reprises dans son histoire depuis un peu plus d’un siècle.

Mais, encore une fois, l’équilibre est fragile et réclame un vrai projet, une maîtrise permanente, notamment de la partie business qui ne doit jamais prendre le pas sur la partie passion et respect, et pour cela une vraie protection de « l’espace sportif » de la part de l’équipe dirigeante. Cet équilibre a été rompu à plusieurs reprises durant la saison au sein du club et c’est ce qui explique pour une grande part la crise qu’il vit aujourd’hui. Bien sûr, les fautes de gestion, bien sûr des déceptions sur le plan sportif, bien sûr les erreurs d’arbitrage, bien sûr les règlements de compte de la Ligue Professionnelle de Football, bien sûr les écarts de certains supporters… tout cela a pesé lourd dans la saison. Mais ce qui compte le plus, c’est l’état d’esprit à insuffler dans le groupe. C’est la synergie entre joueurs, staff sportif et dirigeants, c’est la capacité qu’a tout le club à diffuser cet état d’esprit au point d’attirer le respect de l’adversaire. Et lorsqu’on parle d’adversaire on doit parler aussi de la LFP malgré ses insupportables positionnements politiciens et tout le poids du business foot. Dans l’histoire, le club a réussi ce mélange subtil et difficile. C’est toujours le fruit d’un contexte favorable, joueurs de talent, dirigeants passionnés, public enthousiaste, mais cela s’identifie le plus souvent à un homme. Il s’est appelé par exemple Pierre Cahuzac (le grand père de Yannick) en 1978, Antoine Redin en 1981 (vainqueur de la coupe de France), ou encore, Freddy Hantz en 2010-2014, qui a réussi le miracle de faire revenir le SCB de la Nationale à la Ligue 1, avec un titre de Champion de Nationale puis de Champion de Ligue 2, en moins de 4 ans !

C’est ce qu’il faut reconstruire au Sporting aujourd’hui : une volonté et un état d’esprit collectifs. À l’heure où l’on parle, on ne peut que constater la cassure de confiance entre le club et son public. S’y ajoute une situation qui alourdit la démobilisation. Les « prêts », qui sont aussi les meilleurs éléments, s’en vont, les joueurs-cadres sont au désespoir, les sponsors sont sans proposition, les finances sont au plus mal.

Même à vendre plusieurs joueurs, le club parviendra-t-il à régler ses dettes ?

Il est aujourd’hui en très grande difficulté.

Et au-delà de son rang sportif, c’est son existence même qui se trouve menacée.

La reconstruction passe par l’investissement d’hommes et de femmes amoureux de l’histoire et de l’image du club, prêts à mettre la main à la poche, et à engager une implication y compris financière du public dans un état d’esprit de « socios ». Pour rendre cela possible, il faut une totale confiance en une équipe dirigeante qui mette en avant l’esprit sportif. Qui est prêt à sauver le Sporting?

Arritti lance l’appel et relaiera toutes les offres, toutes les idées. Il faut faire vite.

Le passage devant la DNCG, le gendarme financier du foot français, est prévu pour le 21 juin.

 

Fabiana Giovannini.

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