Le rictus jacobin sans le masque girondin

Ce président a utilisé le 20e anniversaire de l’assassinat du Préfet Erignac pour faire passer son refus aux demandes de nos élus. Il leur a donné une fessée pour ainsi dire. Il va falloir serrer les dents. L’État jacobin attaque sur tous les fronts. Il nous faudra convaincre plus de Corses encore pour espérer lui faire lâcher prise.

 

Quel excellent metteur en scène ! Ce président a utilisé le 20e anniversaire de l’assassinat du Préfet Erignac pour faire passer son refus aux demandes de nos élus.

Il leur a donné une fessée pour ainsi dire, ne négligeant non plus, de faire exemple, pour refroidir les velléités des autres régions de l’hexagone.

L’assassinat du préfet a traumatisé toute la Corse, le FLNC l’a considéré comme une dérive « brigadiste », c’est tout dire. Tout le Peuple Corse, les élus de tout bord sont descendus dans la rue pour condamner.

En écoutant le discours de l’Alboru, j’étais en proie à des sentiments divers.

D’un côté, je jubilais d’avoir dit qu’il n’y avait rien à espérer d’un Président jacobin d’une République jacobine, incapable de se réformer si ce n’est contrainte par un rapport de force politique et démocratique.

Dans le même temps, j’étais irrité par autant d’habilité à tout justifier jusqu’à féliciter Chevènement, et donc le Préfet Bonnet, ses gendarmes barbouzes et la traque de la «piste agricole » menée par Marion commissaire de la DNAT (Direction nationale anti terroriste).

Éthique républicaine ?

Démocratique ? À vomir !

 

Le jacobin dit non à la coofficialité quand les experts de l’Unesco exposent qu’une unique langue officielle témoigne d’une volonté politique d’assimilation forcée.

Ces mêmes experts révèlent la disparition, à terme, de la langue exclue du statut officiel.

Des neuf facteurs qu’ils ont dégagés pour évaluer la vitalité et la menace qui pèse sur les langues régionales ou minoritaires dans leur rapport de 2003 par ces experts linguistiques de renommée mondiale, aucun n’est favorable, et notre langue est en voie de disparition…

Le système jacobin nous prive du moyen d’avoir une politique active pour tenter de la sauver.

On vient de me signaler qu’un article, sur le site express.fr, dénonce l’hypocrisie de Macron quand il se dit favorable au bilinguisme.

Le refus du statut de résident procède de la même idéologie : un seul pays, un seul État, une seule langue. C’est la négation de toute diversité, c’est antidémocratique, c’est, on peut le dire sans exagération, totalitaire. C’est jacobin.

Aussi quand il parle de l’identité Corse au sein de la République, il l’avale aux sons des violons.

 

Finalement ces dispositions du Padduc votées par les élus avant l’élection majoritaire des natios à la CTC étaient un minimum pour eux et accepté par tous.

Elles éclairent crûment le refus fondamental du Président jacobin travesti en gentil girondin.

Son projet est clair : anéantir les natios pour leur projet d’autonomie même dans son expression minimale. Redonner de la corde à tout le système politicien local en faillite pour qu’il ne dépende que du pouvoir central jacobin, lui en l’occurrence.

Il joue sur les besoins immédiats des 60 000 pauvres et de la cohorte des précaires.

Il branche les agriculteurs aux abois directement sur l’Élysée, il donne des fonds pour les hôpitaux, il cherche à convaincre PME et TPE de son soutien… Bref il entretient l’illusion que sans un État central fort (jacobin) nous sommes perdus.

Il reprend la stratégie de Riolacci, préfet nommé par Giscard au lendemain d’Aleria, qui voulait nous couper du soutien des agriculteurs et des socioprofessionnels et qui a cherché la caution des clanistes pour monter une organisation barbourzade.

Tous ceux qui ambitionnent une carrière politique seront confortés s’ils vont contre les natios.

Tous ceux qui tentent de remettre en cause l’édifice jacobin sont des ennemis de la République, évidemment puisqu’elle est jacobine.

Et avec l’ennemi c’est la logique de guerre qui s’impose, tous les moyens sont nécessaires, la duperie, l’intox, la manipulation, les infiltrations pour commencer.

J’avais écrit que gagner des élections ne suffisait pas pour faire céder un tel pouvoir institutionnel jacobin mais que la venue du Président nous éclairerait sur la longue route et les efforts qui resteraient à faire. Il nous a aveuglés de clarté.

 

Il met les natios le dos au mur. Ces derniers vont devoir négocier les compétences et les transferts financiers de la nouvelle Assemblée unique pour avoir les moyens d’agir un tant soit peu, pour répondre à un minimum des besoins pressants, et tendre vers des structures qui préparent le destin maîtrisé du Peuple Corse. Un début historique à entreprendre avec une tutelle hostile.

Quant aux moyens fiscaux, c’est déjà du chantage. On pourra lever quelques taxes mais en proportion l’aide de l’État diminuera. Ce Président peut-il comprendre qu’on ne peut accéder à l’autonomie que par étapes négociées avec le soutien de la puissance tutélaire ?

S’il voulait m’écouter je pourrais lui dire que non seulement c’est l’intérêt de notre Peuple mais je le crois fermement celui de la France. Elle peut avoir à payer le refus d’un progrès démocratique qui est le refus d’évoluer dans le sens de l’histoire.

Je ne sais comment mais cela me semble plausible.

Quant à la sérénade sur la Corse en Méditerranée, c’est nouveau et peu crédible. Oui, la Corse est indispensable à la sécurité de la France. Elle ne peut pas accepter la moindre faille sur sa façade sud maritime. C’est évident. On doit lui donner toutes les garanties.

Ce phare de l’île en la mer de la civilisation occidentale m’inquiète car je ne peux m’empêcher de penser au plan d’action régionale de 1957 qui nous a valu un Somivac détournée au détriment des agriculteurs insulaires avec le choc d’Aleria… ou des flonflons médiatiques du schéma de développement touristique avec 250 à 300000 lits à construire en 10 ans suite au rapport de l’Hudson Institute voulu secret et commandité par la Datar, mis en échec une fois dévoilé par l’ARC en 1971.

Avec nos élus, il va falloir serrer les dents. L’État jacobin attaque sur tous les fronts.

Il nous faut convaincre encore plus de Corses pour espérer lui faire lâcher prise.

1 Trackback / Pingback

  1. Stampa Corsa, informations corses – Le rictus jacobin sans le masque girondin

Les commentaires sont fermés.