Edmond Simeoni prônait l’autoresponsabilisation. Le mouvement nationaliste, repose sur cette responsabilisation et cette volonté de prendre part à la lutte de libération du peuple corse. Son frère, Max Simeoni, ne cesse de le rappeler dans les colonnes d’Arritti, quant à l’organisation même de la lutte : « un peuple ne peut se sauver par procuration. » Dernier extrait que nous souhaitons rappeler dans cette rubrique du discours de Cateraghju, au VIIe congrès de l’ARC, le 19 août 1973, le rôle du peuple corse et des militants qui s’en réclament, qu’Edmond Simeoni résumait il y a près de 50 ans et qui reste toujours d’actualité. En tous points.
« L’ARC n’est pas un mouvement réformiste ; c’est un mouvement révolutionnaire : c’est-à-dire qu’il exige un changement radical pour la Corse. Nul n’a le droit de douter qu’il est déterminé à l’arracher par tous les moyens.
Mais depuis peu tout a changé : l’ARC était un phare, une sentinelle, il précédait le Peuple, mais depuis quelques mois la véritable force, c’est vous, le peuple corse ici présent et ailleurs. L’heure du grand réveil a sonné puisque désormais vous assumez. Nous sommes devenus un modeste instrument à votre service exclusif. Il n’y a pas chez nous de recherche de médailles, de gloire ; il n’y a pas chez nous de droit d’antériorité dans le combat ni d’ambitions personnelles, mais il y a, chez nous, une rage forcenée et lucide de vaincre avec vous, par vous, pour notre peuple.
Il nous faut démultiplier le flot, le rendre invincible pour aller vite à la victoire qui est désormais possible. La force d’un peuple courageux est sans limite.
Comment pouvez-vous agir ?
La liste de nos propositions n’est pas limitative car les armes poussent dans les mains des révolutionnaires.
– vous devez imposer partout le fait corse, l’approche corse de tout problème.
– vous devez transmettre notre message de détresse et d’espoir à vos familles, à vos amis, dans vos montagnes, dans vos plaines, à l’étranger.
– vous ne devez nous ménager ni suggestions, ni critiques.
– vous devez militer à nos côtés en rentrant dans nos structures.
– vous devez exiger de nous des réunions d’information que vous organiserez, des contacts que vous préparerez, des documents que nous élaborerons.
– vous apporterez une contestation lucide et loyale à tous les adversaires du peuple corse.
– vous nous témoignerez, comme vous l’avez déjà si magnifiquement fait, votre solidarité et votre soutien en cas de répression.
– vous, Corses exilés, rentrez en force dans vos Amicales, informez vos frères et apportez le poids décisif de la diaspora dans le combat vital.
– Corses, nous vous en supplions, ne participez plus aux jeux néfastes des clans auxquels vous ne devrez plus désormais apporter votre concours : ils sont les fossoyeurs du peuple corse. Essayez d’ébranler vos maires, vos conseillers généraux pour un changement rapide et salutaire de cap.
– ne laissez passer aucun mauvais coup contre la Corse. Réagissez. Informez-nous.
– Accordez votre soutien sans réserve à toutes les entreprises culturelles, économiques, etc., où dominent le fait corse (Université, langue, entreprises…)
– participez à la défense de notre patrimoine, en militant dans les associations écologiques, en luttant contre la pollution et les tragiques incendies, en essayant de raisonner, mais ce n’est pas facile, les braconniers prédateurs.
– luttez contre le racisme anti-corse par l’affirmation de notre personnalité et non par un contre-racisme odieux et peu conforme à la vocation humaniste de la Corse.
– exigez, faites pression pour obtenir la corsisation des emplois.
– les Corses exilés doivent faire l’impossible pour rentrer en Corse, même au prix de sacrifices ; les fonctionnaires exilés doivent assaillir leurs administrations de demandes répétées et pressantes.
– imposez la corsitude en demandant la corsisation des noms de vos villages par une délibération du Conseil municipal ; chaque Corse doit posséder son drapeau corse et le faire surgir à l’occasion de toutes les manifestations de la vie publique et privée : fêtes, baptêmes, toits des maisons, etc. (l’ARC a vendu des milliers de drapeaux et son secrétariat en vendra encore) ; apposez des macarons corses sur vos voitures, parlate corsu à i vostri figlioli, et inscrivez dès la rentrée prochaine, massivement, vos enfants aux cours de langue corse donnés par Scola Corsa : vous ferez ainsi échec aux manœuvres lamentables du Vice-Recteur Voisin et du Recteur Davril qui, après avoir donné à notre langue un Statut mineur, spéculant sur le faible intérêt qu’elle suscitera pour supprimer les cours de Corses ; baptisez vos maisons de noms corses.
– soutenez l’ARC en adhérant au Mouvement, en lui accordant l’indispensable soutien financier, en achetant nos drapeaux, nos brochures, nos sigles, en participant à nos réunions d’information, en assurant le succès des manifestations où nous sommes présents.
– soutenez ARRITTI qui est notre hebdomadaire, fer de lance indispensable du combat autonomiste. Abonnez-vous, réabonnez-vous. Chaque abonné doit trouver dans son entourage un à deux abonnés nouveaux en plus ; confiez à Arritti votre publicité. » •