par Max Simeoni
Oui, c’est la rentrée pour la grande majorité, l’école, les fonctionnaires, les professions libérales hormis ceux qui ont dû consentir à assurer la sécurité (pompiers, policiers, santé, tour de contrôles, secouristes en mer, en montagne, souvent bénévoles, toujours qualifiés…). Pourtant certains problèmes, qui ont pu gâcher des vacanciers ou non, vont, Dieu sait encore combien de temps, dirai-je, ennuyer tout le monde.
La Covid19 et les mutants, il faudra bien vivre avec. Je crains, en toute modestie, que l’ère des virus a débuté et qu’elle est en phase ascendante. Les conditions sont remplies : d’une part, le réservoir animal est présent, et, d’autre part, son débouché humain, la population de la planète est en grande expansion et, de plus, elle bouge énormément. En un mot, elle offre une infinie d’occasions aux virus de s’étendre en mutant. C’est leur loi. Pour vivre en tant qu’espèce, ils ont besoin de trouver un hôte à parasiter. La croissance explosive du bipède Homo sapiens est, pour le Covid19 et les genres virus, un paradis terrestre dont ils ne pourront pas être chassés facilement, ni par les vaccins, il faudrait du temps et sans baisser la garde, ni par un traitement efficace à découvrir, comme il advint pour chacune des maladies bactériennes éradiquées (diphtérie, charbon…) suivies d’une vaccination générale qui maintient le résultat.
La crise sanitaire a entraîné aussitôt une crise économique et sociale de grande ampleur et les mesures prises pour l’endiguer ont été loin d’être acceptées par tous. Le confinement complet, pas possible, mais partiel avec couvre-feu, et variable selon les secteurs d’activités, autant d’équations incertaines à résoudre. On en est là pour la rentrée des tout-petits. Pour l’heure, les services de réanimation sont presque saturés, on a envoyé trois malades en Bretagne. Il faudrait re-confiner, dit le ministre…
Les gouvernants sont en vigilance, embarrassés. Ils doivent agir, non pas pour satisfaire l’ensemble des citoyens, mais pour un moindre mal, mal réparti. Cette période d’élections concentre l’incertitude qui l’accompagne. Seul le stress leur est assuré.
Sur l’île, la transition climatique n’a pas pris de retard, des incendies menaçants, les réserves en eau, le lit des cours d’eau semblent comme vouloir s’assécher… Certes l’été est presque terminé mais l’automne sera-t-il plus arrosé ?
La convivialité, les spectacles, en berne. Une jeunesse en soif de vivre, en troupeau, librement, les ardeurs de l’été, s’insurge contre les atteintes à la liberté et font chorus avec tous ceux qui crient aux atteintes aux droits de l’homme, qui défilent pancartes hautes contre la dictature…
Ce qui est évident, c’est qu’une cause, quelle qu’elle soit, pour être prise en compte, se doit d’être médiatisée un maximum. On est là peut-être aussi dans une ère nouvelle, celle de la médiatisation coûte que coûte. Pour exister, pour influencer (on a de nos jours des « influenceur.e.s »), il faut jongler avec tous les moyens de communication. Les images télé, les sons radios, les conférences de presse conjuguant les deux et les réseaux sociaux. Le numérique en a été le grand multiplicateur. Une présentatrice de météo est un placard de publicité pour sa tenue vestimentaire, pour le coloris de sa coiffure, les bagues, les boucles d’oreilles, les chaussures (on peut cheminer avec elle depuis les nuages à ses pieds). Elle décrochera un second rôle dans un petit film ou un emploi plus stable que le temps qui passe…
La médiatisation a décollé de concert avec les polémiques, habituelles, déchets de notre consommation, et empaquetages de livraison, plastiques, cartons… on tourne en se mordant la queue… tout en créant d’autres empoignades, le syndicat de l’Énergie entre autres. Les têtes de turcs, un Président qui veut étreindre tout et retient mal, du préfet qui s’ajuste trop ou pas assez aux directives, aux élus députés, sénateurs qui ne font que parler (un Parlement ne doit-il pas parler ?), aux maires en Assemblée virtuelle offerte par l’Exécutif de la République, piégés dans la glu des Comcom…
Une polémique qui nous concerne avant tout, celle du tout tourisme « moteur du développement économique » de notre terre. Ma position est ancienne et claire. La vocation touristique de notre île est évidente. Mais un tourisme non maîtrisé est catastrophique. C’est bien celui adopté par l’Etat républicain, comme l’atteste le rapport secret commandité par la Datar à l’Hudson Institut en 1970 et transcrit dans le Schéma d’aménagement de la Corse pour la période de 13 ans, de 1971 à 1984 (voir le premier Autonomia publié en 1974) qui consiste à noyer les derniers autochtones (160.000 hab. en 1962) et disposer d’un territoire voué au tout tourisme au bénéfices des producteurs et de leurs financiers continentaux. Dans sa pratique, suite à cette prise en flagrant délit, un place réduite a été laissée à quelques entrepreneurs locaux.
Je vais résumer, pour finir, l’interview que J.Noël Marcellesi a donné au Corse Matin du 4 août 2021.
Il déclare que malgré un retard, la saison a été bonne et le tourisme s’est imposé comme un secteur clef de l’économie qui ne peut plus être contesté. Le retard a été comblé par un effet d’aubaine des touristes français ne voulant pas prendre de risque de se trouver bloqués à l’étranger. Il ne plaide pas pour son secteur de luxe des Grandes Maisons qu’il préside. Elles sont archiminoritaires, bien plus un peu de concurrence ne peut que stimuler. Il veut qu’on lève l’ambiguïté d’un vieux débat. Il veut un tourisme pour tout le monde, qui profite donc à tous. Je remarque que ce moteur pour tous a, pour l’heure, 60.000 précaires et un grand nombre en voie de précarité. Il faut prendre conscience de la dépendance de la Corse à la fréquentation touristique et avoir une politique pour y faire face.
Un véritable Aggiornamento sur cette question du tourisme doit avoir lieu : une population de 340.000 hab., sans marché interne, une exportation aléatoire… Reste le tourisme, une industrie propre, facile à exporter en augmentant l’offre, la connexion avec les capitales européennes à deux heures d’avion, une offre de transports à un coût raisonnable. Sans compter sur un tourisme d’affaires, les séminaires, on pourrait s’acheminer vers un tourisme des quatre saisons. Toute une politique à concevoir et à concrétiser. Sortir de l’indigence des institutions actuelles (ATC, OT, Adec…) en les fusionnant. Il envie la Corse-du-Sud qui a deux terrains de golf, et imagine un tour de Corse golfique…
À la dernière question du journaliste sur son opposition du début avec le Président de l’Exécutif à propos du Green Pass, il répond qu’il était alors répulsif et qu’il fallait rassurer. Il ne servait alors à rien.
À vous lecteurs de vous faire une opinion, ce débat a peu de chance de se conclure aisément.
Le tourisme représente déjà plus de 20 % du PIB insulaire. Des régions éminemment touristiques, certaines rarement atteignent 6 à 7 %. Combler le vide économique par encore plus de tourisme pour une économie, laquelle ? •