« La solidarité avec les prisonniers politiques et leurs familles est pour moi un devoir majeur. Ils font partie intégrante du problème corse et ils feront nécessairement partie de la solution. Dans cette attente, comme la loi l’impose, ils doivent être rapprochés de leurs familles » disait Edmond Simeoni le 27 février 2010 à Corse Matin.
C’était pour lui une question de pure démocratie et le signe ou non de relations apaisées avec l’État. « Nous voulons continuer à être les extrémistes de la démocratisation… disait-il encore en 1981 à l’occasion des discussions pour un statut institutionnel particulier pour la Corse, à la limite, nous préférerions une démocratisation extrême sans le statut particulier à un statut particulier sans démocratie, parce qu’il serait vide de toute signification, parce qu’il nous entraînerait dans les turpitudes du passé, parce qu’il condamnerait le peuple corse à la soumission ou à la révolte. »
40 ans plus tard, la Corse est toujours en quête de cette démocratie, et n’a toujours pas trouvé cet apaisement qui lui permettrait de bâtir son avenir dans un climat enfin normalisé. On le voit encore aujourd’hui, la façon dont l’État traite la question des prisonniers politiques reste le symbole épineux des relations entre la Corse et Paris.
Le 19 janvier 2016, il se désolait encore sur sa page Facebook de cette intransigeance parisienne, mais affichait tout l’espoir d’une lutte juste.
« Les nationalistes corses ont été reçus avec civilité mais la cascade, rituelle, des refus aux légitimes revendications des élus nationalistes corses, porteurs en l’occurrence du message fort et démocratique du peuple corse, n’a pas varié d’un iota ; il faut reconnaître à la France une belle constance en la matière. « Il n’ y a pas de peuple corse » ; « il n’y a pas de nation corse » ; « il n’y a pas de prisonniers politiques corses » ; « en France, il n’y a qu’une langue, le français » ; « on ne révise pas la Constitution française ».
Il est vrai que depuis l’affirmation historique et péremptoire qu’il n’y avait pas de guerre d’Algérie mais des opérations de police en Algérie – 500.000 algériens tués contre 50.000 militaires français pour une guerre de huit ans –, sous les yeux de la planète entière et se concluant par l’indépendance de l’Algérie, on savait que les Français ne craignaient pas d’être taxés d’imbéciles et qu’ils préféraient le dogme « Unité nationale » à la vérité et au Droit… à l’autodétermination.
Donc la surprise en Corse n’est que mitigée devant la fermeture intransigeante de Paris.
Nous avions pensé que quarante ans de luttes dures, d’attentats des polices parallèles, de justices d’exception, de milliers d’années de prison distribuées, que trois statuts et bientôt quatre portaient une signature politique de la « question corse » et nous ne pensions pas être dans l’erreur. Il ne faut pas fermer la porte au dialogue, se radicaliser mais il faut construire le chemin de l’émancipation nationale en interpellant l’opinion publique et la conscience internationales et conforter le socle économique, social et culturel du peuple corse ; la liberté, imprescriptible, nous attend. Je n’en ai jamais douté y compris aux heures les plus sombres de note histoire contemporaine. Forza è curaggiu. » •