Ce 24 septembre, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) qui milite pour la reconnaissance des peuples et cultures berbères organisait un rassemblement à Paris pour dénoncer la répression et les détentions arbitraires de Kabyles et Amazighs en Algérie, et demander la libération des prisonniers. 300 détenus d’opinion, majoritairement kabyles, au mépris du droit international et de toutes les conventions des droits de l’Homme. La Fédération Régions & Peuples Solidaires (R&PS) y était représentée par son directeur Pèire Costa pour y défendre ses valeurs de solidarités et d’attachement à la démocratie. François Alfonsi, eurodéputé des peuples et régions en lutte pour leur liberté, a également adressé un message de soutien. Le peuple corse se doit d’être solidaire avec les Amazighs en lutte pour la reconnaissance de leur langue, de leur culture et de leur droit à la vie.
Vingt-cinq détenus kabyles et amazighs observent une grève de la faim depuis le 12 septembre pour protester contre l’injustice et les abus de pouvoir en Algérie. « Nous devons être solidaires avec eux, nous devons partager leurs souffrances, leur révolte et leur détresse. Leur combat pour la justice, la dignité et la liberté est le nôtre » a dit le CMA, organisation démocratique de défense des droits des amazighs, membre de la Fédération R&PS. « Le pouvoir algérien sème la peur, la parole est muselée, nous sommes tous concernés. »
La manifestation a dû se reporter au dernier moment Place de la Bourse suite au refus du gouvernement français d’autoriser le rassemblement devant l’ambassade d’Algérie. Plusieurs centaines de personnes étaient présentes pour dire « Halte à la répression ! Halte au racisme d’État ! Halte à la haine anti-kabyle et anti-amazighe en Algérie. Non à la criminalisation de citoyens engagés et des défenseurs des droits des Kabyles et des Amazighs en Algérie. Solidarité avec les détenus politiques et d’opinion en Algérie ». Parmi eux, des organisations comme le Collectif des femmes kabyles ou encore le MAK, Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie.
Président du Friendship Amazigh au Parlement européen créé lors de son premier mandat et qui regroupe plusieurs eurodéputés, François Alfonsi s’est beaucoup impliqué pour les droits de ces peuples opprimés en Afrique. Membre de l’intergroupe Sahara Occidentale qui compte 70 eurodéputés, il était le 28 mars dernier à Tindouf à l’invitation du Front Polisario pour apporter son soutien au peuple sahraoui* face à l’occupation illégale de leur territoire par le Maroc. Alors qu’ils devraient être défendus, leurs droits sont également niés en Algérie. Son courrier au président de la République algérienne à son retour pour dénoncer notamment la détention arbitraire de Kamira Nait Sid, militante des droits de l’homme, vice-présidente du CMA, n’a pas eu de réponse. C’est dire le mépris avec lequel l’Algérie traite ces peuples, mais aussi les institutions européennes ou l’ONU qui se sont saisies de cette situation.
« Ne pouvant être présent à vos côtés ce jour, je vous adresse mon soutien total en tant que député européen et en tant que Président de la Fédération Régions & Peuples Solidaires. L’arbitraire qui règne en Algérie est inacceptable, a dit François Alfonsi. Depuis plus d’un an, des militants et militantes sont emprisonnés pour leur appartenance au peuple kabyle et pour en avoir défendu les droits. Nous exigeons ensemble leur libération immédiate. »
« L’enlèvement de Kamira Nait Sid par les services de sécurité algériens le 24 août 2021, sa séquestration pendant sept jours et sa mise en détention provisoire depuis le 1er septembre 2021, ont été décidés et appliqués en violation des lois algériennes (Constitution, code pénal et code de procédure pénale) et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Algérie » dénonce le CMA qui a porté plainte contre le gouvernement algérien.
Une répression féroce s’exerce contre la Kabylie où l’on peut être incarcéré pour avoir simplement manifesté ou réclamé des droits. Le code pénal algérien criminalise toute action politique, même pacifique.
Le CMA est né de la volonté des organisations amazighs de se doter d’une structure de coordination et de représentation à l’échelle internationale, indépendante des États et des organisations politiques. Fondé en 1995 il intervient régulièrement pour défendre les Amazighs devant toutes les instances internationales et des Nations Unies. C’est un mouvement démocratique et public.
Amazigh signifie « homme libre » en langue berbère. Les berbères sont un des peuples les plus anciens de l’humanité. Leur présence en Afrique du nord, y compris au Sahara remonte à plus de 10.000 ans. Les Imazighen sont présents en Algérie, au Mali, en Lybie, Mauritanie, Niger, Tunisie, Maroc et jusqu’aux Iles Canaries ou en Egypte… c’est dire si leur oppression résulte d’une colonisation notamment arabe avec les politiques d’islamisation qu’ils ont subies dès le VIIe siècle. Ils se distinguent fortement de la culture arabe et luttent contre leur assimilation. Fiers de leurs origines, de leur langue, de leurs traditions, ils cultivent les relations familiales, aiment la fête, le chant, la danse. C’est un peuple qui se revendique laïc respectueux des religions et respectueux des droits des femmes. Inversement les États essaient d’étouffer leur identité et leur présence a beaucoup reculé avec cette répression dans tous leurs territoires. « L’Afrique du nord est la terre des Amazighs depuis la nuit des temps, a dit Kamira Nait Sid, il faut le dire, le redire et le crier haut et fort sur toutes les tribunes internationales pour que ce message parvienne aux oreilles et aux esprits de la bienpensance mondiale qui ne cessent d’identifier comme arabes et musulmans les habitants des pays nord-africains. L’Afrique du Nord est amazighe et elle le restera malgré les variations de l’histoire passée et présente. »
Sulidarità cù i pòpuli amasiri ! •