AG Femu a Corsica

Mille voix rassemblées pour relancer le processus de dialogue

L’amphi Landry de l’Université de Corse à Corti est le lieu de réunion le plus grand possible en Corse. Il était bondé, les travées remplies de part et d’autre comme en haut de l’hémicycle : c’est dire le succès d’affluence qu’a rencontré l’Assemblée Générale de Femu a Corsica ce dimanche. Ces sept cents militants sont à l’image de la Corse en général : préoccupés mais mobilisés, et prêts à s’engager pour ouvrir enfin la route d’une solution politique à la question corse.

 

 

L’ordonnancement de la réunion a été bien préparé et conclu par le traditionnel discours politique de clôture de Gilles Simeoni. Mais les interventions qui ont précédé ont toutes retenu l’attention des participants très impliqués pour la réussite de cette Assemblée Générale.

Face à une situation qui s’enkyste progressivement, et dont la sortie de crise est suspendue à un calendrier très serré – décisions judiciaires concernant Alessandri et Ferrandi avant fin janvier, puis commémoration Erignac le 6 février – chacun ressent l’importance de se mobiliser pour apporter un sursaut et une énergie nouvelle.

Cette énergie était bien présente dans les rangs de Femu a Corsica ce dimanche, comme un réflexe existentiel dans un contexte défavorable. Chacun a conscience des difficultés, mais nul ne cède au désespoir.

La première préoccupation est de savoir quelle confiance mettre dans l’État. Non pas dans les interlocuteurs directs qui sont engagés et donc comptables des résultats qui seront obtenus, mais dans la machine administrative et politique profonde qui tient les clefs de toute décision. Et de ce côté rien ne bougera si la Corse elle-même est démobilisée. Notre inaction les intéresse et nos frustrations les indiffèrent. La puissance dégagée par la foule rassemblée dans l’amphi Landry était salutaire. Elle seule nous permet d’espérer.

L’autre préoccupation est la pression maximum placée sur les épaules de Gilles Simeoni, depuis sept ans désormais, et plus fortement aujourd’hui que jamais. L’empilement des dossiers très lourds qui sont ceux de la mandature actuelle (continuité territoriale, énergie, langue, etc.) a déjà de quoi épuiser à la tâche. S’y ajoute ce processus de dialogue qu’il lui a fallu assumer seul en mars dernier, et qu’il lui faut continuer de porter à bout de bras.

 

Autre sujet de préoccupation majeur, la montée en puissance d’un phénomène mafieux qui exerce une emprise dangereuse sur toute la société. « Je veux que dans ce pays, quand un chef d’entreprise se lève et travaille, il travaille normalement, quand un homme gagne son salaire à la sueur de son front, il soit respecté. Quand un jeune demande une place, il n’a pas à être à genoux, ni devant un voyou, ni devant un élu. Quand un maire prend une décision sur l’urbanisme, il est protégé et il applique le mandat qui lui a été donné par le peuple. C’est cela la Corse que nous avons mandat de défendre » : le propos de Gilles Simeoni en clôture de son discours situe les enjeux à propos de ces bandes mafieuses, répertoriées ou non par les services de l’État.

Enfin il faut faire face désormais à des actes de déstabilisations, dont l’attentat perpétré à Corti contre le commerce tenu par son fils, après ceux qui ont visé des militants de première ligne de notre mouvement, a signifié une menace directe à son encontre.

La réponse à ces situations délicates ne peut être que collective, et c’est ce sens du collectif que notre AG de dimanche a manifesté et mis sur le terrain.

Elle isole ceux qui colportent les calomnies, qui accusent Gilles Simeoni d’oublier les fondamentaux de la lutte nationale : « Personne ne peut imaginer un instant ou feindre d’imaginer, que nous puissions nous écarter, ne serait-ce que d’un pas, du chemin qui a été tracé par les espoirs, les engagements, les sacrifices de milliers de femmes et d’hommes avant nous ; cette assemblée générale est une assemblée de mémoire, de fidélité, de détermination, de sérénité, mais aussi de combat. »

Sortir de la crise actuelle est possible et c’est pour beaucoup de la responsabilité de l’État. « La paix ne s’obtient que par le dialogue, mais un dialogue orienté vers une solution politique. Pendant sept ans, nos appels au dialogue n’ont rencontré que mépris, manœuvres et refus. Si l’État avait fait le choix du dialogue vrai, de la prise en compte du fait démocratique, du respect de la volonté des Corses et du suffrage universel, nous ne serions pas dans la situation inquiétante et délétère d’aujourd’hui. L’État a créé les conditions de l’affaiblissement de la démocratie en Corse. Le doute, les violences et les dérives trouvent mécaniquement un espace là où la démocratie recule. »

Ce message il fallait le porter haut et fort, et c’est tout l’acquis de cette Assemblée Générale de l’avoir fait s’exprimer par mille voix rassemblées. •