Lingua è Scola Corsa

Nant’à u caminu di u riacquistu !

I zitelli di Scola Corsa di Bastia è Biguglia anu apertu u cuncertu.
Ghjiseppu Turchini, président de Scola Corsa, avec le soutien de François Alfonsi, député européen, invitaient à une conférence-débat et une soirée au profit des écoles ce vendredi 21 avril au centre l’Alb’Oru à Bastia. Venus tout spécialement de leurs régions respectives, Paul Molac, député breton qui siège au sein du groupe Liot, auteur de la loi Molac pour la défense et la promotion des langues régionales et président de l’Office public de la langue bretonne ; Jean-Louis Blenet, président de l’ISLRF (Institut supérieur des langues de la république française), qui est l’institut de formation commun à toutes les écoles associatives immersives du réseau Eskolim dont il est membre fondateur, et vice-président de la fédération des Calendretas, écoles immersives en langue occitane ; enfin, Peio Jorajuria, président de Seaska, la fédération des écoles immersives en langue basque ikastolas, qui dès le lendemain de ce rendez-vous en Corse, battait le pavé avec nos amis basques à Bayonne lors d’une grande manifestation qui a rassemblé plus de 3000 personnes pour la défense de la langue basque et sa place dans l’éducation nationale ! Le public a répondu nombreux à l’invitation de Scola Corsa, le théâtre l’Alb’Oru était plein et le débat qui l’a précédé, instructif et passionnant pour les maîtresses, parents, militants qui avaient fait le déplacement pour soutenir nos écoles immersives en langue corse. Longa vita !

 

 

D’emblée, mesurons le chemin parcouru… Quasiment 60 ans de militantisme au sens noble du terme en faveur de la langue corse, sur tous les terrains, in carrughju, mais aussi et surtout au sein de l’Éducation nationale avec de nombreux militants et militantes qui ont beaucoup donné pour que cette machine infernale de l’État ouvre quelques portes. Notre ami Jean Louis Blenet le dira durant le débat « on a tellement attendu nos amis corses qu’on n’y croyait plus ! » C’est dire si l’apport des Corses au réseau Eskolim compte et donne un souffle supplémentaire important à tous ces militants qui nous ont précédé en Bretagne, en Pays basque, en Catalogne, en Alsace, en Occitanie !

Au total, plus de 14.000 enfants aujourd’hui scolarisés dans toutes ces régions, des enfants qui ont fait tout leur cursus scolaire en Bretagne et en Pays basque où il existe déjà des lycées, qui sont devenus de parfaits locuteurs dans leur langue, au point de renforcer le réseau des enseignants-aides maternelles-animateurs de ces écoles, mais aussi de répandre leur langue dans toute la société. Jean-Louis Blenet a rappelé l’implication de Jean-Baptiste Stromboni, dans les années 70, il croyait déjà à l’immersion avec Scola Corsa di Corti. De son côté, Charles Castellani et son investissement acharné pour donner des cours de langue corse aux adultes et mener tous les combats, notamment institutionnel, par rapport à l’introduction de la langue corse dans la loi Deixonne (gagné en 1974, 23 ans après la promulgation de la loi !) mais aussi pour conscientiser à l’intérêt du bilinguisme et de la coofficialité.

 

En 2020, les actuels animateurs de Scola Corsa reprennent le flambeau, convaincus à l’invitation de François Alfonsi, venu louer le travail très structurant mené notamment en Pays basque, de faire renaître cette association Scola Corsa qui est aussi un slogan : l’école corse ! Notre école pour notre langue ! Sous l’impulsion de Joseph Turchini et de toutes ses équipes, il a fallu convaincre des maîtresses de faire le pari de la mise en disponibilité de leur poste au sein de l’Éducation nationale, en même temps que des communes pour qu’elles soutiennent économiquement et matériellement l’implantation d’une école sur leur territoire, des parents enfin et surtout, pour qu’ils deviennent les pionniers de la démarche en confiant leurs enfants et en s’impliquant activement dans la vie et l’animation de leurs écoles ! Tout ça avec un inlassable travail de sensibilisation auprès de soutiens, donateurs particuliers et entreprises, prêts à porter le projet dans l’attente d’une mise sous contrat des écoles avec l’Éducation nationale pour la prise en charge des salaires des enseignants. Car ces écoles, rappelons-le, sont gratuites pour les parents ! Sans oublier le soutien politique et financier indispensable de la Collectivité de Corse et de son président, Gilles Simeoni, d’ailleurs présent et enthousiaste à l’occasion de la soirée de vendredi !

Iè, hè digià una bella strada chì s’apre davant’à noi ! È di vede tutti sti chjuchi cantichjà nant’à a scena di l’Alb’Oru vènari sera… era magnìficu ! Une première et bien belle récompense de tout le travail quotidien mené par Scola Corsa avec son président, son Conseil d’administration, sa directrice, Anna Catalina Santucci, ses parents, responsables des écoles, au premier rang desquels Pasquale Castellani (président de Scola Corsa di Bastia), Estelle Moscardini (présidente de Scola Corsa di Biguglia), Marcellu Jurascek (président de Scola Corsa di Sàrula Carcupinu), et bien sûr les enseignantes, aides-maternelles, donateurs et soutiens actifs au sein des différents conseils d’administration. Scola Corsa, c’est encore modeste, mais c’est une belle architecture déjà en place qui ne cesse de grandir chaque année !

 

25 enfants lors de la première rentrée, 63 à la rentrée 2022, 100 à 130 à la rentrée 2023, avec en parallèle, 5 emplois créés en 2021, 11 en 2022, le double voire le triple pour la prochaine rentrée ! C’est aussi ça la réalité de Scola Corsa, une vraie dynamique linguistique, mais aussi une dynamique économique et sociale prometteuse bâtie par et pour notre langue !

Vous pouvez faire partie de cette belle aventure, en adhérant à Scola Corsa, en soutenant ses initiatives, ses écoles, en inscrivant vos enfants au sein des écoles Bastia, Biguglia, Sàrula Carcupinu, et dès septembre prochain Corti, et peut-être Sartè, les demandes sont nombreuses dans toutes les communes. L’ouverture du CP et de l’apprentissage à la lecture dès la rentrée 2023 marquera une étape très importante qui fera gagner en crédibilité et en légitimité encore le réseau Scola Corsa. Et la prochaine grande étape sera dans cinq ans, l’ouverture du collège Scola Corsa ! Evviva a nostra lingua ! Evviva u retale Scola Corsa ! •

Fabiana Giovannini.

 


 

Testimoniu

« Le mandat européen, c’est le groupe Verts-ALE. C’est au contact de ce mandat que j’ai eu à connaître et à réaliser l’importance de l’enseignement immersif pour l’avenir de nos langues, que ce soit ici dans le cadre français ou ailleurs dans d’autres cadres étatiques, Pays de Galles pour le Royaume Uni, ou langues basque ou catalane pour l’Espagne, etc. Ce sont des exemples et surtout des références avec des résultats que l’on observe dans plusieurs coins de l’Europe de la capacité qu’a l’enseignement immersif d’assurer la transmission de la langue aux générations futures. Et la transmission c’est le problème numéro 1 pour la Corse, c’est toute l’interrogation qui est posée aux jeunes parents. Le grand mérite de nos amis en Pays basque, Occitanie, Bretagne, et dans les régions où le système immersif s’est implanté, c’est d’avoir su introduire l’enseignement immersif selon ce modèle éducatif qu’ils nous décrivent dans le système législatif français qui est celui, en Europe, qui est le plus hostile. Et de loin ! Quand vous annoncez à des députés européens de tous les partis, de tous les pays, qu’un tribunal a rendu un jugement pour condamner le fait d’avoir parlé corse à l’Assemblée de Corse pendant une délibération, tout le monde saute au plafond, on se demande si l’on est en France ou en Turquie ! Nous avons donc beaucoup travaillé pour que les exemples de ce qui avait été fait ailleurs puissent s’implanter en Corse. Les choses avancent, les retours sont excellents, des parents, des enseignants, et c’est ce qui compte. » •

François Alfonsi, député européen.
François Alfonsi livre la politique linguistique de l’Europe.
Gilles Simeoni confirme le soutien de la CdC à la démarche de Scola Corsa.

 

« Era prima un sognu, un prugettu sunniatu, hè divintatu qualcosa di cuncretu è di putente. Hè impurtante assai di cuntinuà à bàttesi micca solu pè a nostra lingua, ma per tutte e lingue. A lingua corsa ùn hè micca sola, face parte d’un patrimoniu di l’Umanità, è mi dicu quandu vecu sta forza, st’energìa, sta fede è sopratuttu sti ciucci ch’aspèttanu per cantà, mi dicu chì di tutta a manera ùn pudemu più perde, ma vogliu ramentà quantunque chì sè ùn pudemu micca perde, ùn avemu ancu vintu. Vogliu dì dinù chì un mese fà ci hè statu à u tribunale aministrativu di Bastia dopu à quarant’anni d’assemblea di Corsica duve tutti l’eletti da una mandatura à l’altra anu fattu a scelta di parlà corsu di modu naturale, ci hè statu una decisione ch’hè venuta à dicci chì u corsu era interdettu in casa soia, ind’è l’istituzioni di a Corsica, à l’Assemblea, è dunque ind’è a vita pùblica. È què di sicuru hè. qualcosa ch’ùn hè micca accettèvule. Allora avemu da cuntinuà à bàtteci di manera demucràtica incù l’aiutu è l’appoghju di tutte l’altre lingue, di tutti l’altri pòpuli è sò sicuru ch’avemu da vince ! » •

Gilles Simeoni, président de la Collectivité de Corse