564 voix pour sur 625 votants*, le rapport Alfonsi pour une stratégie macro-régionale pour la Méditerranée a été adopté à une écrasante majorité ! C’est une excellente nouvelle pour répondre aux enjeux de la Méditerranée et les intégrer aux futures politiques de l’Union européenne. Lors de son premier mandat en 2009-2014, François Alfonsi avait posé les jalons de ce travail qui s’est poursuivi lors de la présente mandature. Une action complémentaire avec l’important travail également mené pour les îles (lire p.6-7) ou même sur le sujet soulevé cette semaine concernant la protection des herbiers de posidonies (lire p.4-5). La machine européenne est lente mais les obstacles sont levés progressivement pour que ces enjeux soient intégrés aux priorités de l’Union, car le bassin méditerranéen est la zone en Europe où les effets du réchauffement climatique seront les plus forts. En matière de stratégies économiques et de géopolitique mondiale, le centre de gravité de l’Europe tend à se déplacer vers l’Est avec notamment les inquiétudes de la guerre en Ukraine. Mais il est aussi en Méditerranée avec toutes ses problématiques. Le rapport Alfonsi fera date pour cela. Désormais le Conseil européen doit inviter la Commission européenne à définir un premier contenu pour cette stratégie en s’appuyant sur le rapport voté au Parlement. Puis à le proposer aux États membres et aux Regions concernées. La Corse, au cœur de cette Méditerranée aujourd’hui à l’honneur, aura un rôle croissant à jouer dans l’avenir. Bravo !
« La mer Méditerranée est une mer européenne pour la moitié de son étendue. L’Europe ne peut rester plus longtemps passive face aux régressions ininterrompues que l’on observe au sein de cet espace écologiquement fragile.
Ces régressions s’accroissent encore du fait du réchauffement climatique auquel la Méditerranée est particulièrement vulnérable. Les climatologues estiment que son impact y sera 20 % plus fort qu’ailleurs en Europe. Cela va rapidement multiplier les problèmes pour les citoyens européens qui y vivent : incendies, tempêtes dévastatrices, raréfaction de la ressource en eau, perte de biodiversité, etc.
D’autre part, les activités humaines y ont un impact croissant, par exemple l’augmentation du trafic maritime international qui y transite, apportant pollutions atmosphériques et rejets en mer ; et aussi l’accroissement des populations riveraines comme celui de la fréquentation touristique.
Aucune efficacité ne sera possible sans faire intervenir la « plus-value européenne ». Aucun acteur ne peut prétendre apporter séparément des solutions à ces problèmes qui doivent être traités collectivement. L’Europe dispose de nombreux atouts qui lui confèrent une responsabilité éminente dans la gestion de cet espace. Elle a la compétence technique appuyée sur de multiples acteurs ; elle a la compétence administrative pour piloter une coopération déjà préfigurée par différents programmes ; elle a l’expérience acquise des stratégies macro-régionales déjà développées par ailleurs. Et elle a, en sus de sa capacité technique et administrative, une capacité financière incomparablement plus forte que celle des autres pays limitrophes, à l’Est comme au Sud.
Si l’Union européenne s’engage, au nom de sa responsabilité sur la partie septentrionale du bassin méditerranéen, elle sera force d’entrainement pour les pays et régions du Sud et de l’Est.
Si elle reste plus longtemps passive, la situation continuera de se dégrader et elle portera alors la responsabilité de ne pas avoir mis en œuvre sa capacité à agir.
Tel est le message envoyé aujourd’hui par le Parlement européen à travers ce rapport qui appelle à la mise en place d’une stratégie macro-régionale pour la Méditerranée. » •
* 14 contre, 47 abstentions, essentiellement extrême droite et eurosceptiques.