Ce week-end, une manifestation rassemblant plusieurs milliers de personnes a eu lieu pour protester contre la construction de la future A69. Prévue pour 2025, la mise en service prévoit un chantier titanesque pour gagner une vingtaine de minutes, gain estimé en temps pour relier les deux villes de Castres et de Toulouse. Les opposants à ce chantier élèvent leurs voix depuis l’annonce officielle du début des travaux en mars dernier.
Ce projet, déclaré d’utilité publique en 2018, a pour objectif de ramener le temps de trajet entre les deux villes de Castres et Toulouse, à tout juste une heure.
C’est une enquête publique en 2010 (il y a 13 ans !) qui a conclu à la nécessité d’une telle autoroute. On comprend aisément que les réponses d’hier ne sont pas suffisantes face aux questions d’aujourd’hui, en connaissance des enjeux climatiques. Dans une région où les transports en commun, notamment le ferroviaire, sont sous-développés pour couvrir le territoire et le relier aux autres régions, ce futur chantier est largement décrié.
Un projet anachronique vu l’urgence climatique
Tout d’abord par les associations de protection de l’environnement qui font valoir la perte grave causée par le chantier. Artificialisation des sols, abattage d’arbres par milliers, mais également expropriations d’agriculteurs dont les terrains se situent sur le tracé. Ces collectifs soulignent que ce projet a reçu des avis défavorables du Conseil National de la Protection de la Nature et de l’Autorité Environnementale, estimant que l’impact socio-économique de la future autoroute ne compense pas les atteintes causées à l’environnement. Le « tout-voiture » reste encouragé par ce type de projets ne permettant pas de développer les autres alternatives moins polluantes.
D’autres vives critiques s’élèvent pour dénoncer le prix élevé pour les futurs usagers, qui ne pourront pas emprunter les autres itinéraires alternatifs qui seront bientôt privatisés.
Une opposition grondante
Thomas Brail est un des premiers opposants à ce projet, et particulièrement à l’abattage de nombreux arbres. Mobilisé depuis 2019, ce militant a effectué une grève de la faim de plus de 40 jours dans le but de suspendre le projet tant que la justice ne s’est pas prononcée sur les différents recours déposés. En avril, aux côtés des Soulèvements de la Terre, de la confédération paysanne et d’Extinction Rebellion, entre 6000 et 8000 personnes se sont réunies contre le projet. En octobre 2023, 1500 scientifiques du mouvement Scientifiques en Rébellion se positionnent dans une lettre ouverte (L’Obs, octobre) pour son abandon. Des paroles qui n’ont pas été entendues par le gouvernement et particulièrement le ministère des Transports qui défend « jusqu’à son terme » le projet.
Mise en place le week-end du 21-22 octobre, une Zone à Défendre a été installée dans des maisons abandonnées à la Crémade, au commencement du tracé. Appuyée par les milliers de manifestants, cette ZAD n’aura vécu que quelques heures. Elle a été évacuée par la police dans la journée de dimanche 22 octobre. On dénombre une trentaine de blessés, délogés à coup de véhicules blindés et de gaz lacrymogènes…
Les militants n’ont cependant pas renoncé à stopper ce projet destructeur : les nombreuses associations et collectifs prévoient la reconstruction de la ZAD au plus vite et de nouveaux appels à manifester dans les jours qui viennent. •
Léa Ferrandi.
Signez la pétition contre le projet : https://stop-a69.agirpourlenvironnement.org/