Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a publié le 5 avril dernier ses prévisions concernant le recul du trait de côte et les conséquences sur les logements construits à proximité. Les scénarii présentent l’érosion et ses impacts tout d’abord à 2028, à 2050 puis à 2100. Selon Sébastien Dupray, le directeur du Cerema, « 2050, c’est le scénario vraisemblable [et] pour 2100, nous nous sommes en revanche basés sur l’option la plus pessimiste avec une augmentation d’un mètre du niveau de la mer et surtout sans aménagement spécifique des territoires concernés. C’est ce que nous appelons le scénario de l’inaction ».
L’étude intervient au lendemain des déclarations du ministre de la Transition écologique français, Christophe Béchu, selon lesquelles « l’équivalent d’un terrain de football » est grignoté « chaque semaine » par l’océan et la mer », cela concernerait « 20 % du littoral ». Selon le ministre, « l’explosion du coût des catastrophes naturelles va nécessiter que l’on rehausse notre niveau de solidarité, que l’on paie plus cher nos assurances et que l’on s’interroge sur la part prise par les assurances et la part prise par la solidarité nationale ».
Concernant les prévisions de 2050, la Corse figure parmi les territoires les plus menacés avec 1000 habitations touchées. En Haute-Corse, ce serait 405 logements concernés pour un cout de 58 millions d’euros, une situation similaire pour la Corse-du-Sud avec 432 logements pour 130 millions d’euros.
Pour les locaux d’activités, cela représente respectivement 64 pour la Haute-Corse et 105 pour la Corse-du-Sud. Cependant, la situation évolue plus favorablement pour la Corse dans le scénario à 2100 établi à partir d’hypothèses « défavorables » en tenant compte de la « disparition complète des ouvrages de protection » et « une inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral ». Cela concernerait 3000 habitations menacées, une situation qui s’explique par le faible nombre de zones en basse altitude. Ce serait précisément 1926 logements pour 290 millions d’euros de coût en Haute-Corse contre 1175 logements pour 310 millions de cout en Corse-du-Sud.
L’érosion de la côte a déjà un impact sur certaines zones en Corse comme dans la région de la Marana où la Communauté de communes Marana-Golo a dû installer des aménagements pour protéger les plages et habitations pour un coût de 60 000 euros en 2021. Certaines structures ont dû être aménagées sur certaines plages à San Nicolao avec une installations de géotubes par exemple.
En juillet 2023, le gouvernement avait dévoilé une liste de quelques communes faisant face à un important risque d’érosion côtière, tout particulièrement situées de Bastia à Solenzara constituées de côtes sableuses. La côte ouest est moins concernée car constituée de côtes rocheuses et de falaises. •
Pauline Boutet-Santelli.