par François Joseph Negroni
Le projet d’écriture constitutionnelle tel que voté par l’Assemblée de Corse porte son lot de craintes et d’espoirs. Craintes de voir le projet dénaturé au Parlement français emportant avec lui le pouvoir législatif, le transfert de compétences, bref, l’autonomie. Espoirs de voir une réelle autonomie pour construire la Corse de demain, si le Parlement respecte la démocratie et le fait majoritaire.
En effet, le projet d’écriture constitutionnelle en l’état ouvre de nombreuses perspectives concernant la loi organique.
Sur la base de la « communauté ayant développé un lien singulier à sa terre », un statut de résident pourra être introduit conditionnant l’accès à la propriété foncière et immobilière. Sur la base de la « communauté linguistique », un statut de la langue pourra être mentionné, qui sécurise l’enseignement immersif du corse, qui généralise son enseignement et qui permettra de reconstruire in fine une société réellement bilingue. La loi organique devra inclure ensuite un pouvoir législatif et réglementaire de plein droit et de plein exercice, contrôlé respectivement par le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État, mais également le transfert d’une partie de la ressource et de la compétence fiscales. Enfin, le projet devra inclure immédiatement des compétences indispensables au développement de la Corse : langue et culture Corses, foncier et immobilier, aménagement du territoire, urbanisme, fiscalité du patrimoine, éducation, développement économique et social.
Si la démocratie est respectée, si le travail des élus de la Corse n’est pas bafoué, nous aurons un premier outil. Et nous pourrons commencer à construire notre pays. Beaucoup se sont levés il y a soixante années en partant de rien, pour l’autonomie. Soyons conscients que les générations futures auront une base, une autonomie certes à construire, à façonner, à développer, mais une autonomie. •