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« L’Unione », un mot ou un état d’esprit ?

Max Simeoni
Max Simeoni
Par ces temps incertains où l’on vient alors à se rappeler des fondamentaux de la lutte, jusqu’à reparler d’union, voire d’aggiornamento… il nous semble intéressant de replonger dans la lecture de cet éditorial que Max Simeoni écrivait le 13 janvier 2004.

 

« L’Unione », un mot ou un état d’esprit ?

par Max Simeoni

 

 

Si « l’Unione » n’est qu’une simple alliance électorale, disons-le. Il n’y a pas de honte à avoir. Mais on ne doit pas tricher avec les électeurs à qui on demande de faire confiance. C’est primordial. D’ailleurs la plupart le sentiront et sanctionneront. C’est illusoire.

« L’Unione » ne peut pas être le paquet cadeau qui cache la médiocrité de la marchandise. Elle ne peut pas être une fraude, un marché de dupes, une usurpation de termes.

 

L’Union des nationalistes est une tout autre affaire. Elle est la pratique d’un état d’esprit qui est imposé par l’idée que l’on a de l’état actuel de la cause nationale.

Elle peut être fusion des sigles mais pas des sensibilités, ni des différences d’appréciation tactiques ou stratégiques. Elle tend à recréer l’espace nationaliste qui permet les débats sincères et transparents, et où pourront être traitées les contradictions au mieux de l’intérêt de la cause commune.

L’expérience des divisions stériles et des affrontements suicidaires justifie et consolide cette option.

L’union est l’espoir d’augmenter la force du nationalisme, en le rendant plus cohérent et plus pertinent. Plus fraternel aussi. Ce nationalisme, le nôtre d’aujourd’hui, n’en est qu’à ses premiers pas. Bien d’autres générations devront lutter et travailler pour dégager le peuple corse de l’ornière et lui donner les moyens de la maîtrise de son destin.

L’ampleur et la qualité de la participation au jeu institutionnel par les élections ne sera que le résultat du travail qui sera fait au sein du Peuple Corse par les nationalistes. Belles attitudes, beaux discours médiatisés aussi brillants soient-ils ne seront jamais décisifs. Seuls les comportements dans la vie du Peuple entraîneront la confiance puis l’adhésion et mobiliseront ses forces anesthésiées par le colonialisme et la société de consommation débridée.

En vertu du principe de réalité, cela veut dire que le comportement des nationalistes entre eux doit avoir pour le Peuple valeur d’exemple. Ils doivent donner l’image d’un réel respect réciproque capable de solidarité au-delà des divergences du moment et d’ériger un exemple de démocratie et de responsabilité civique dans toute l’espace nationaliste.

 

« L’Union », oui, est un état d’esprit. Et seuls ceux qui l’ont sont capables « d’Union ». C’est collectivement, avec cet état d’esprit, que les qualités de chacun pourront servir la cause, comme les défauts seront gommés, du moins atténués.

L’esprit des « rapports de forces », celui que l’on préconise au nom du réalisme politique, n’est admissible qu’à l’encontre des ennemis irréductibles. Il est le fruit du cynisme quand tout oppose. Il ne peut pas être structurant. Il ne peut pas être la semence d’aujourd’hui pour la récolte de demain. Il est de plus tristement illusoire. Cet esprit-là a conduit aux drames et à l’impuissance. Toute cette énergie au service de la construction de « l’Union » aurait été autrement efficace.

Ni les explications verbeuses ni la langue de bois ne gagneront la confiance du Peuple sans laquelle aucune cause ne peut déboucher. Chacun est convaincu qu’on ne pourra rien lui imposer. Il est le seul garant de la pérennité et de la fiabilité des options qu’on lui propose. Il faut le gagner, par la patience, le travail et la transparence démocratique. Il comprendra, soutiendra nos efforts car ça sera sa victoire au bout de nos peines.

On me dira : « tu moralises… tu fais ton cinéma… la réalité est mêlée… les intérêts sont opposés… tu idéalises ce peuple qui n’est guère meilleur… »

Oui, certes, en partie. Mais si on dit que le peuple corse est aliéné, colonisé, qu’il doit s’émanciper, qu’il faut enfin instaurer la démocratie… cela implique que l’on doit éviter le cynisme, les rapports de forces internes et de se livrer à une masturbation électoraliste tels des singes en zoo.

 

Comment se passer d’une bonne dose d’idéalisme pour lever les yeux en gardant les pieds sur terre ? Comment supporter une compétition inefficace qui divise ou des rassemblements mal collés ? Comment se satisfaire à être les premiers dans un jeu de nains querelleurs alors que l’on doit s’attaquer aux nouveaux chantiers herculéens de l’Histoire du Peuple Corse ? •