Massimu Susini avait 36 ans quand il a été assassiné en se rendant à son établissement, une paillote de bord de mer. Aujourd’hui, l’enquête pour trouver ses meurtriers n’a toujours pas donné de résultats. Cependant, son engagement public contre le trafic de drogue et la mafia vit toujours, par ses proches et de nombreux militants ayant rejoint la cause anti-mafia. Cinq ans après sa mort, la société corse continue à prendre conscience de la gangrène mafieuse sur son territoire.
Massimu Susini est mort au pied de sa paillote 1768, à Cargèse, le 12 septembre 2019. Le jeune homme était connu pour sa droiture, ses convictions fortes pour sa terre de Corse, et surtout, son engagement contre la mafia, particulièrement le trafic de drogue. Quelques jours après la tragédie, sa famille publiait les mots suivants dans une lettre hommage : « Cet homme est un symbole, et les lâches personnes qui ont décidé cet assassinat en ont pleinement conscience. Cette volonté de s’imposer par la force, de marquer les esprits, d’établir un climat de terreur. Tuer un homme, un symbole, pour que le peuple se couche. »
Aujourd’hui, il est devenu le symbole immortel de la lutte contre la mafia en Corse. Le collectif Massimu Susini fondé par son oncle Ghjuvansantu Plasenzotti a été l’un des organismes les plus actifs au niveau local comme national pour dénoncer l’emprise et les dérives criminelles dont la société corse est victime. Avec d’autres associations comme
A maffia nò, a vita iè et les associations de protection de l’environnement telles que U Levante. Ces acteurs de la société civile portent des initiatives et des solutions concrètes pour la lutte contre la criminalité mafieuse. Parmi elles, l’application du Padduc et du droit concernant l’immobilier, la création d’un office de contrôle des marchés publics, ou encore une gestion transparente et stricte du secteur de traitement des déchets… Le temps est désormais à l’action.
Des avancées sont à souligner ces cinq dernières années. Le Sénat a voté pour la confiscation des avoirs criminels. L’Assemblée de Corse s’est réunie après de nombreuses demandes, en session extraordinaire sur la thématique de la mafia. Cependant, en Corse comme en France, le mot « mafia » n’est pas encore rentré dans le vocabulaire des élus. En Corse, on lui préfère le terme « dérive mafieuse ». En France, il n’en est tout simplement pas question, le phénomène de mafia n’est pas reconnu légalement, permettant de mettre confortablement le sujet sous le tapis…
Si, d’aventures, vous croisez au coin d’un mur le visage éternellement souriant de Massimu, gardez à l’esprit qu’il vit toujours dans la Corse qui lutte contre la mafia, et pour sa liberté. •