Structures d’hébergement dédiés à la protection de l’enfance, les pouponnières ciblent les tous petits de 0 à 3 ans en situation de détresse sociale. Toutes les régions doivent en disposer, évidemment en bonnes conditions. En Corse, ce devoir a été longtemps négligé et les enfants qui doivent être retiré momentanément ou durablement sur décision de justice à la garde de leurs parents se trouvaient de fait en situation de maltraitance. • La pouponnière de Bastia est un scandale qui dure depuis plus de 20 ans. Régulièrement dénoncé par les personnels eux-mêmes en souffrance, c’était devenue une urgence sociale que même les nationalistes n’ont pu prioriser immédiatement. Il a fallu près de 10 ans pour reprendre le dossier et offrir – enfin – un établissement d’accueil digne de ce nom. Era ora !
Anciennement installée à la Citadelle, la pouponnière A Ciucciarella était vétuste (années 70), insalubre, subissant infiltrations et autres conditions allergènes (cas de bronchiolites) ou de nuisibles, en sur occupation et séjours abusivement prolongés fautes de solution… un scandale pour une ville comme Bastia et sa région, plusieurs fois dénoncé par les personnels et les associations d’aide à l’enfance, dont Arritti s’était fait le relais*. Sa gestion dépend de l’Union des Mutuelles de Corse Santé depuis les années 80, mais la structure relève de la Collectivité de Corse qui hérite du problème du conseil général de Haute-Corse et ce n’est qu’en 2018 que la CdC reprend le dossier de reconstruction imaginé Montée des Philippines en 2006 par l’ancienne majorité de gauche. Après moults péripéties et difficultés, le chantier a donc pu être mené à son terme : la toute nouvelle pouponnière, la seule de Corse, a ouvert il y a quelques mois et a été inauguré ce 18 septembre en présence du maire de Bastia et de la conseillère exécutive en charge de la santé et du social, Bianca Fazi, de la présidente de l’UMCS Sophie Finidori, et du président de la CAF, Jacques Yves Bonavita.
Le nouvel établissement, entièrement financé par la CdC (1,4 M€), et meublé par la CAF, rejoint d’autres structures d’accueil pour les enfants mineurs (de 3 à 18 ans) placés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), le tout pour 46 places. La pouponnière Bella Vista dispose de 14 places en internat et accueil de jour, et accueille actuellement 12 bambins. Sur deux étages un pour les enfants, l’autre pour les rencontres avec les parents, ces locaux entièrement neufs, plus spacieux, disposant d’un jardin, d’une terrasse, et d’espaces pour les personnels, vont permettre un meilleur accueil qui appellera on l’espère une prise en charge renforcée dans une île où le dossier de la protection de l’enfance soulève régulièrement des critiques de la part des associations. La Corse en effet ne déroge pas à la situation en France où le service de l’ASE reste un grand chantier social à opérer pour combattre les maltraitances et offrir un véritable avenir à ces enfants désavantagés par la vie. C’est que la prise en charge sociale a beaucoup régressé en France, la précarité avance et nombre de familles se trouvent en grande difficultés. Les enfants en sont les premières victimes. Ils doivent être une priorité des politiques publiques. •
Arritti.
* https://arritti.corsica/suciale/sos-pouponniere-de-bastia/