U Fundatore

Le jacobinisme continue de sévir

Max Simeoni
Max Simeoni
De la véritable nature de l’État français… Max Simeoni savait en faire la démonstration. Il connaissait que trop bien le fonctionnement et les visées de ce jacobinisme pervers destructeur des identités, comme il connaissait les faiblesses du mouvement nationaliste qui le rendent vulnérable à cette menace… Cet article a été rédigé le 10 avril 2018.

 

Le jacobinisme continue de sévir

par Max Simeoni

 

Ce lundi de Pâques, « ma » mirendella, va se passer à remâcher les rapports des présidents de la Collectivité de Corse avec le gouvernement et ceux internes des organisations natios. De la semaine avant Pâques, on retiendra la cacciata du directeur des services fiscaux et l’annonce d’un comité de sages, « I Guardiani di a memoria ».

L’épisode du directeur des impôts a eu l’honneur de la pleine page 2 de Corse-Matin. Les faits ont été révélés par FO et confirmés par l’inter-syndicale.

Le directeur présentait le personnel au secrétaire d’État auprès du ministre des Finances, Olivier Dussopt, en faisant le tour des bureaux. Beaucoup n’ayant pas un patronyme finissant par un -i, il demandait s’ils étaient Corses et, sur la fin de la tournée, le voilà déclarant tout de go au secrétaire d’État : « Soyez assuré, monsieur le ministre, que dans le cadre du contrôle fiscal, nous ne ciblons que les Corses, pas les étrangers, ni les continentaux ». L’administration fiscale qui tient compte du pédigrée de ses employés, l’égalité devant l’emploi et l’impôt, tel est l’égalitarisme de la République ? Battistini de la CGT Bastia seul à regretter que l’épisode soit récupéré par ceux qui sont à l’origine des plasticages des services fiscaux, rien d’étonnant ?

 

Les propos discriminatoires de son directeur sont une constante de l’administration jacobine.

Étudiant, je les trouvais chez des pinzuti, chez des chansonniers… De retour, une première fois ce fût dans les bureaux de la Somivac dont le président directeur général était Vatin, l’inventeur de la TVA, une pointure comme on dit de nos jours. Lors d’une discussion à bâtons rompus dans leur immeuble tout neuf à Lupinu entre collègues emplis de la mission selon le Plan d’action régional de 1958 de Guy Mollet d’avoir à développer l’agriculture en Corse, un de la direction à l’esprit pionnier lâche : « Il y a beaucoup à faire dans ce pays, dommage qu’il y ait les Corses… » des indiens attardés, irrécupérables pour tout dire. Il a été abusé par le fait que parmi tous les noms sans -i un ou deux étaient Corses.

Le député et le sénateur insulaires faisaient partie du conseil d’administration et ils ont demandé une raréfaction de la TVA pour l’équipement en matériel ce qui facilitait l’action de la Somivac qui avait besoin de matériel lourd (camions, bulldozers…) pour défricher le maquis dense de la plaine orientale et faire des lots à distribuer aux agriculteurs. Arrivé à ce stade le gouvernement demande à la Somivac de les distribuer à 90 % à des pieds noirs venant en Corse. Michel Rocard l’a affirmé devant l’Assemblée nationale en concluant que cela poussait à la guerre civile. La suite est parlante.

La mise en valeur fait pousser des vignes à perte de vue sans respecter les quotas restrictifs des surfaces de plantations, de véritables latifundia surgissent avec des caves « modernes » pleines de tonnes de sucre qui débitent une vinasse chimique avec la complicité des pouvoirs publics, les indemnités de rapatriement, les moratoires, l’activisme plus ou moins « intéressé » de quelques maires et in fine le choc d’Aleria le 22 août 1975 qui a fait dire « que plus rien ne sera comme avant ». Mentionnons les propos d’un procureur en plein tribunal à Fréjus, si ma mémoire est bonne : « Les Corses ont un chromosome du crime. »

 

Mais rien n’a changé sur le fond. Le jacobinisme continue de sévir et les natios sont passés de l’opposition à la gouvernance d’un statut de gestion nouveau en gestation, celui de l’Assemblée unique sans connaître les compétences et les moyens octroyés par le président de la République française. Les votes locaux sur la langue, sur la reconnaissance du peuple corse, sur un statut d’autonomie sont obsolètes selon le pouvoir centralisé. De même en ce qui concerne le Padduc qui, n’étant qu’un rétréci réduit au minimum pour un consensus insulaire pour faire des propositions au gouvernement, devient une preuve par son rejet que l’État français est jacobin génétiquement et incorrigible.

Tous les éléments anti natios, avoués ou non, sont à la manœuvre, encouragés par Jupiter qui n’est pas girondin en Corse quand il monte le scénario des vingt ans de l’anniversaire de l’assassinat du préfet Érignac avec Chevènement en le félicitant, alors que le préfet Bonnet qu’il nomma cherchait à amorcer un affrontement entre Corses.

Paradoxalement on fait supporter aux natios, majoritaires depuis peu, tout le poids d’une situation volontairement détériorée par plus de deux siècles de tutelle des jacobins parisiens et des clanistes locaux à leurs ordres.

 

L’enjeu est devenu grave. Il y va de la crédibilité du sursaut des natios au nom d’un peuple corse menacé de disparition alors que tous les processus d’un déclin ne font que croître : démographie vieillissante, flux d’émigrés incontrôlable par rapport à la capacité d’accueil, spéculation immobilière, affairisme mafieux, vie chère, pauvreté et précarité galopantes, tissu économique faible dépendant par trop de primes, de subventions, véritables addictions pour une survie immédiate mais peu productive et non structurante. Le tourisme moteur du développement économique ne fait qu’accélérer le déclin de notre peuple. S’il n’est pas contrôlé et orienté pour lui, tous les flux qu’il va générer se feront au profit d’intérêts extérieurs avec quelques bénéficiaires Corses en position d’intermédiaires.

Déjà à la fin de la dernière guerre, on a pu voir une entreprise bastiaise et une ajaccienne faire rapidement fortune avec la distribution locale des monopoles de la farine au nord et de l’essence au sud. Une constante du régime jacobin.

 

L’autre actualité de la semaine est I Guardiani di a memoria lesquels se veulent une sorte de Conseil des sages. Ils sont affligés et préoccupés par la situation interne des rapports entre partis autonomistes précisément entre Inseme et PNC. Ils leur apparaissent dérisoires.

Et cela pourrait devenir funeste si les engagements publics pris en octobre lors d’un Congrès pour la fusion avortaient pour en rester à un équilibre d’alliance électorale pour un partage de postes.

I Guardiani ont annoncé une conférence de presse avant la fin de semaine pour expliquer et faire des propositions afin de sortir d’un jeu à qui perd gagne.

Ils ont été retardés par le mauvais temps qui les a empêchés de se réunir.

L’affari sarèbbenu in francese ? •