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La France, cette démocratie sans démocrate

par François Joseph Negroni

 

La ministre de la Décentralisation, Catherine Vautrin, a parcouru la Corse en plusieurs jours pour réaffirmer le maintien du processus d’autonomie. Après Bastia jeudi, Aiacciu vendredi, c’est dans l’extrême sud que la ministre a terminé son parcours samedi. Ce lundi, elle a assisté à la prise de fonction du nouveau préfet de Corse, Jérôme Filippini. De surcroît, invitée de Via Stella, elle a déclaré vouloir continuer le processus d’autonomie avec engagement, sans pour autant se mouiller sur les pouvoirs législatifs accordés à l’Assemblée de Corse dans le cadre de cette autonomie. Si cette déclaration est bienvenue, tant l’opacité politique française est forte et que l’avenir même de ce processus était en suspens, elle n’en reste pas moins normale au vu de l’engagement d’Emmanuel Macron en septembre 2023 lors de son discours à l’Assemblée de Corse. Faut-il aujourd’hui se réjouir de voir le maintien d’un processus démocratique, plébiscité par le peuple corse idéologiquement depuis cinquante ans et démocratiquement depuis plus de dix ans ?

Nous vivons, à travers la politique française, dans une démocratie sans démocrates. Ce n’est pas tant l’institution en elle même qu’il faut remettre en cause, mais ceux qui la font marcher. Bien que rares soient les acteurs de la politique voulant renverser les institutions en place, il est évident que plus personne ou presque ne sait ou ne comprend comment la démocratie fonctionne.

Ainsi, comment expliquer que ce régime est le « pire à l’exception de tous les autres » comme disait Churchill, si la voix du peuple n’est jamais écoutée ? Comment accepter, alors que le peuple corse se voit disparaître, que des élus extérieurs à toute question corse, incompétents sur le sujet, décident à notre place de notre avenir ? Comment peut-on accepter que des élus parisiens décident de notre avenir législatif, culturel, linguistique et social ?

La démocratie trouvera son sens dans la politique française quand les Corses auront une voix qui porte pour s’autodéterminer, car eux, et eux seuls, sont maîtres de leur destin. •