Catalogne, Royaume Uni, Italie : l’actualité de la rentrée met l’Europe sous tension. Le dépassement des obstacles à la démocratie européenne dressés par l’orgueil des Etats-nations est le principal défi lancé aux nouveaux dirigeants de l’Union Européenne.
En soutien aux prisonniers politiques catalans, cinquante deux députés du Parlement français, dont bien sûr nos trois députés corses et l’ensemble des élus de leur groupe Liberté et Territoires, mais aussi le leader de l’UDI, Jean Claude Lagarde, celui de France Insoumise, Jean Luc Mélenchon, les anciennes ministres Sylvia Pinel (PRG) et Marie Georges Buffet (communiste), Régis Juanico député de Génération(s) ont signé un texte dénonçant « une forme de délit d’opinion » et appelant « à l’apaisement des tensions et à la fin des mesures arbitraires qui frappent des élus du suffrage universel ».
Cet appel a été lancé alors que va avoir lieu la manifestation annuelle du peuple catalan, la Diada du 11 septembre. Il donne un peu de baume au cœur à ceux qui soutiennent les Catalans dans leur quête de démocratie et de liberté.
Les 52 députés français sont passés outre le véto imposé par le gouvernement et le Président Macron qui ont fait du soutien sans condition à l’arbitraire exercé par l’Etat espagnol une ligne politique intangible. En fait en tolérant les entorses à la démocratie de la part d’un Etat qui retourne au franquisme, le système français se protège lui-même contre les critiques que sa nature jacobine exacerbée provoque. De la sorte, en « verrouillant » le problème catalan, il « verrouille » le système jacobin, notamment sur la question corse, et il continue à bloquer tout dialogue.
Il faut donc que l’Europe bouge pour relancer le projet européen et surmonter l’orgueil des Etats. C’est une condition pour combattre les courants populistes qui la minent.
Deux autres sujets auront des conséquences considérables : le Brexit et l’évolution de la crise gouvernementale en Italie.
En Italie, Matteo Salvini a cru pouvoir déclencher une crise gouvernementale fatale aux forces démocratiques et pro-européennes. Grâce à son alliance avec le Movimento 5 Stelle, il avait pris pied au sommet de l’Etat italien, et avait vu sa popularité progresser jour après jour, à coup de déclarations tonitruantes. Fort de ses sondages, et de l’affaiblissement de son partenaire Movimento 5 Stelle, il a pensé pouvoir forcer son destin et arriver à un pouvoir sans partage en provoquant des élections anticipées.
Manifestement sa démarche s’est retournée contre lui, telle un boomerang. Une alternative gouvernementale autour du premier ministre sortant Giuseppe Conte, dont la démission s’est accompagnée d’une charge assassine contre Matteo Salvini et la Lega, est en train d’émerger, qui renvoie l’extrême-droite italienne pour de longs mois sur les bancs de l’opposition.
Mais si cette option alternative échouait face à la crise économique et face à la crise de crédibilité que traversent les gouvernements en Italie, il y a fort à parier que le populisme reviendra encore plus fortement sur le devant de la scène. Avec à terme une victime toute désignée : l’Union Européenne.
Au Royaume Uni, l’Europe n’a pas encore dit son dernier mot. Le nouveau Premier Ministre Boris Johnson veut précipiter le chaos par une « sortie sans accord » qui touchera avant tout l’Irlande, qui retrouverait une « frontière dure » sur son territoire, et l’Ecosse, dont le gouvernement nationaliste se bat d’arrache-pied pour faire échouer le Brexit.
Rapidement, de nouvelles élections sont à prévoir car le Parlement actuel devrait refuser de suivre Boris Johnson dans ses options aventureuses. Mais que fera l’électeur ? Aux élections européennes le vote pro-européen s’est renforcé, tout comme le bloc incompressible du Brexit Party qui a retiré aux conservateurs une grande part de leur électorat. Au Royaume Uni, tout peut encore arriver !
François Alfonsi.