Le Padduc, Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse, affiche parmi ses objectifs « zéro pesticide » et « zéro OGM». C’est un voeu que vient de transcrire dans les faits la commune de Barrèttali en prenant, le 13 septembre dernier, un arrêté municipal interdisant l’usage des produits phytoharmaceutiques à une distance inférieure à 150 mètres. Bravo !
Cinq cents communes en France ont pris un arrêté « anti-pesticide » à l’instar du maire de Langouët en Bretagne, Daniel Cueff, qui a le premier interdit l’usage de ces produits à moins de 150 mètres des habitations. La commune de Barrèttali est la première de Corse à s’inscrire dans la même démarche. « Il y a des exploitations agri coles à côté des maisons. Il y avait des ruches dans le village et je constate aujourd’hui qu’il n’y en a plus. C’est un constat, l’utilisation de pesticides peut être nuisible pour la santé des abeilles et des habitants » explique le maire de Barrèttali. Un arrêté qui a de forte chance d’être attaqué devant le Tribunal Administratif par l’État qui se fait le défenseur de l’usage des pesticides à proximité des habitations. Un comble !
Mais pour Antony Hottier, il s’agit justement d’interpeller sur ces aberrations et obliger le gouvernement à agir pour protéger la santé des populations, comme celle d’ailleurs des agriculteurs : « Paris, Lille, Grenoble, Lyon ont pris ce même type d’arrêté. Ils vont se retrouver devant le tribunal administratif, et ces arrêtés seront très certainement annulés.
Mais si sur les 35.000 communes, une grande majorité prend ce type d’arrêté, l’État sera obligé de prendre en compte nos demandes. »
Ces maires contestent en effet la distance de 5 à 10 mètres fixée par l’État.
«Ont-il jamais, ces “experts” pris leur petit-déjeuner sur la terrasse d’une habitation cernée de terres agricoles exploitées en chimique ? » interroge de son côté U Levante qui encourage les Corses à participer à la consultation publique menée à ce sujet ( lien ici ). « Si la terre de Corse parlait, elle appellerait l’ensemble des maires de Corse à faire comme Anthony Hottier, maire de Barrèttali, ainsi que l’Exécutif régional qui pourrait lui aussi prendre un arrêté d’interdiction » martèle U Levante. La Collectivité de Corse n’en a hélas pas la compétence. Elle pourrait l’avoir dans le cadre d’une autonomie de plein exercice et de plein droit, et de son pouvoir législatif et réglementaire.
Antony Hottier parle lui en tant que maire, qui se doit de protéger la santé de ses administrés, et en tant que citoyen soucieux de la préservation de notre environnement dans l’espoir de faire progresser la règlementation en matière de police de l’environnement.
« Tout cela se terminera probablement, devant le tribunal administratif par une annulation de l’arrêté, mais je voulais que cette initiative serve d’exemple et réveille les consciences. En tant que maires, nous sommes démunis face à ces situations » dit encore le maire de Barrèttali. Car en Corse aussi, hélas, les abeilles et autres insectes pollinisateurs disparaissent.
F.G.